Le sénateur démocrate fait l'objet d'un véritable culte dans la communauté noire de Montréal, qui se prend à rêver d'un leader noir pour le Québec ou le Canada.

Jane Nyoike, une commerçante montréalaise originaire du Kenya, affirme que Barack Obama est un don du ciel. «Les mots ne peuvent même pas exprimer le sentiment que je ressens. C'est comme si le messie était né», dit-elle.

Sa seule crainte est que le sénateur de l'Illinois subisse le même sort que Jésus. «J'ai peur qu'il se fasse assassiner, car il est en train d'emprunter le même chemin que Martin Luther King», affirme-t-elle.

Lorsque les membres de la communauté noire de Montréal évoquent son nom, les mots à connotation religieuse fusent.

«C'est un miracle, ce mec», dit Fabienne Colas, comédienne d'origine haïtienne, arrivée à Montréal il y a cinq ans. «Beaucoup de Noirs ont douté de lui car, dans leur tête, il est impossible qu'un Noir devienne président des États-Unis. Ils lui ont dit : "On va donner notre vote à quelqu'un qui a plus de chances de gagner."»

Quand Barack Obama a gagné la primaire de l'Iowa, en janvier, il y a alors eu un véritable raz-de-marée. «Il a permis aux Noirs de rêver, de repousser leurs propres limites», affirme Mme Colas.

Aujourd'hui, la fondatrice du Festival du film haïtien est complètement «gagnée à la cause d'Obama». Pourtant, au début de la campagne, elle avoue qu'elle ne le connaissait pas. « Je soutenais Hillary. J'ai toujours soutenu les Clinton, même pendant le scandale avec Monica Lewinsky», confesse-t-elle.

La victoire de Barack Obama sur Hillary Clinton montre tout simplement le pouvoir de l'éducation, selon Jane Nyoike. «Même lorsque tu es pauvre, tu peux t'en sortir si tu es éduqué», dit-elle.

Et au Canada?

Les États-Unis pourraient élire leur premier président noir. Peut-on envisager un tel scénario au Canada?

«Nous avons le député péquiste Maka Kotto, la ministre Yolande James et le député libéral Emmanuel Dubourg. Il y a des progrès, mais un premier ministre noir, ça va prendre encore quelques années», estime Dan Philip, président de la Ligue des Noirs.

Noel Alexander, président de l'Association jamaïcaine de Montréal, a des propos beaucoup moins nuancés. Selon lui, «le Canada est plus raciste que les États-Unis». «Michaëlle Jean n'a aucun pouvoir, dit-il. Par contre, Condoleezza Rice est l'une des femmes les plus puissantes du monde. En la nommant, George Bush a eu beaucoup de courage. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, on est obligé de le reconnaître.» Fabienne Colas espère de tout coeur que Barack Obama sera élu.

«Quand les démocrates sont au pouvoir, ça va mieux en Haïti. Les républicains s'intéressent moins aux pays du tiers-monde», affirme-t-elle.