Trois semaines avant l'incendie qui a complètement ravagé le manège militaire de Québec, le service du génie de la base de Valcartier s'est fait demander de vérifier les luminaires du local 144 du manège militaire parce que de l'eau s'y était infiltrée.

C'est ce que révèlent des documents que La Presse a obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information. Un document indique par ailleurs que le système d'alarme avait connu des ratés dans les semaines précédant l'incendie, survenu le 4 avril dernier.

Un autre document indique enfin que les autorités avaient reçu le feu vert pour installer un système de gicleurs le 20 novembre 2007, soit quatre mois et demi avant le sinistre.

Spectaculaire, l'incendie a détruit tout le bâtiment, construit en 1885, qui abritait le régiment des Voltigeurs. La façade a miraculeusement tenu debout.

Il y a quelques jours, on a appris que, à la suite du premier appel au service 911, les pompiers de deux casernes avaient été dirigés par erreur rue du Manège... à Beauport. L'erreur a été corrigée une minute plus tard. Selon le chef des pompiers de Québec, Richard Poitras, cette confusion n'a eu aucune incidence sur le résultat final.

Comme des enquêtes sont encore en cours, il est impossible pour le moment d'établir que l'infiltration d'eau dans les luminaires est la cause du sinistre. Par contre, il est évident qu'une telle infiltration doit être prise au sérieux.

«L'eau et l'électricité, ça ne va pas ensemble», dit Sylvain Sévigny, de la section de l'éducation du public du Service de protection contre les incendies de la Ville de Montréal. «On a pu voir des problèmes par le passé. Par exemple, une personne met en marche sa laveuse dans un appartement. À la suite d'un ennui, l'eau s'écoule et s'infiltre dans le plafond, le gypse, les luminaires à l'étage inférieur.»

Pour lui, le danger est évident. Il ajoute d'ailleurs que, en cas d'infiltration, il faut aviser la Régie du bâtiment du Québec afin de s'assurer que les problèmes soient bien réglés.

M. Sévigny a accepté de nous parler de façon générale des problèmes d'infiltration. Il ne commente pas le cas du manège militaire en particulier.

D'autres documents obtenus indiquent que, à la fin du mois de janvier 2008, des problèmes ont été détectés dans le système d'alarme d'incendie du manège militaire.

Ainsi, dans deux autres commandes au service du génie datées du 29 et du 30 janvier, on demande de vérifier le détecteur de fumée de l'une des zones du manège. L'auteur de la commande indique de plus que l'alarme d'incendie se déclenche de façon intermittente.

Le 30 janvier, à 0h26, une autre demande d'intervention est envoyée parce que l'alarme d'incendie s'est déclenchée. Une autre demande est acheminée au service du génie le 21 mars à propos d'une défectuosité similaire dans une autre zone du bâtiment.

Le document le plus explicite concerne l'autorisation donnée par un technicien en prévention des incendies des Forces canadiennes pour l'installation d'un système de gicleurs automatiques au manège.

Dans sa missive, le technicien Marc Lauzé donne son aval au projet à la condition que certains travaux soient réalisés, notamment l'installation d'une tête de gicleur dans la tour arrière gauche de l'édifice et de têtes de gicleurs à chaque palier de l'escalier central ainsi que dans l'escalier de secours. Il demande également que du personnel de la prévention des incendies assiste à divers essais. Au moment de l'incendie, le système n'était toujours pas en fonction.

Joint par La Presse, M. Lauzé s'est refusé à tout commentaire, rappelant simplement qu'une enquête est en cours.

Par ailleurs, hier, les Forces canadiennes se sont dites incapables de répondre aux demandes de précisions de La Presse avant la semaine prochaine.