Les autochtones du Canada commencent tout juste à retrouver les acquis disparus à la suite de l'établissement de colonies européennes il y a 400 ans, a déclaré mardi le chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Phil Fontaine.

Après les excuses présentées le mois dernier par le gouvernement fédéral pour les sévices subis dans les pensionnats autochtones, il est maintenant temps d'engager un processus de discussion nationale qui permettra de réconcilier les autochtones avec le reste du Canada, a dit M. Fontaine lors d'un discours prononcé à l'ouverture de l'assemblée annuelle de l'APN à Québec.

Le chef national de l'APN a affirmé qu'il souhaitait obtenir l'appui des premiers ministres des provinces et territoires membres du Conseil de la fédération afin de réclamer qu'Ottawa organise une rencontre afin d'élaborer un plan d'action.

«Nous devons maintenant nous engager dans une discussion nationale qui déterminera ce que sera cette relation, ce que sera la réconciliation et comment elle peut se réaliser, a dit M. Fontaine. La définition de la réconciliation ne se fera pas en une journée ou en quelques jours.»

M. Fontaine a indiqué que ce processus vise aussi à redéfinir les relations entre les Premières Nations et le gouvernement afin d'établir des objectifs communs.

Investir dans l'éducation des enfants ainsi que dans l'enseignement des langues et cultures autochtones lui apparaît d'une importance incontestable.

«La formation de familles et communautés solides ainsi qu'une culture vigoureuse vont contribuer à la force du Canada, a dit M. Fontaine devant des chefs autochtones de tout le pays. La réconciliation devrait à tout le moins inclure des engagements envers ces éléments.»

En juin, le premier ministre Stephen Harper a présenté les excuses officielles du gouvernement du Canada aux anciens élèves des pensionnats autochtones, des institutions d'enseignement subventionnées par le fédéral et conçues pour les assimiler.

Ces établissements, qui étaient la plupart du temps administrés par des communautés religieuses, ont été le théâtre de violences et de sévices sexuels, en plus de jouer un rôle important dans la dislocation des communautés autochtones de tout le pays.

Cette reconnaissance que les politiques d'assimilation étaient mauvaises rejoint l'essence même des revendications autochtones concernant notamment l'autonomie gouvernementale, législative, les réclamations territoriales et le droit de conclure des traités, a affirmé M. Fontaine.

«Ces éléments essentiels à la survie ont été amoindris systématiquement au profit de l'assimilation au cours des 400 dernières années», a-t-il dit, après avoir évoqué le 400e anniversaire de la ville de Québec, célébré cette année.

Selon M. Fontaine, les autochtones commencent tout juste à retrouver leur identité et leur place dans la réalité canadienne en tant que premiers occupants du territoire.

«Ce que nous avons perdu durant les trois premiers siècles qui ont suivi 1604 (sic), nous commençons tout juste à le retrouver», a-t-il dit.

Les dirigeants de l'APN et les premiers ministres des provinces et des territoires, qui participeront au Conseil de la fédération cette semaine, à Québec, doivent se rencontrer mercredi.

Mardi, le premier ministre Jean Charest a affirmé que les récentes excuses du gouvernement fédéral donnaient le signal d'un nouveau départ dans les relations avec les autochtones.

Lors d'un discours devant les représentants de l'APN, il a affirmé que les attentes des jeunes autochtones étaient élevées et que leur forte représentation dans la démographie de leurs communautés était en soi un appel au changement.

M. Charest a indiqué que la rencontre de cette semaine avec les représentants autochtones allait porter sur les enjeux de l'éducation, des écarts économiques et de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, à laquelle s'oppose le gouvernement fédéral.

«Demain (mercredi), lors de nos discussions, ce sera l'occasion de se poser une grande question», a-t-il dit.

M. Charest a affirmé que l'autonomie et la responsabilisation des communautés sont au centre de tout ce que le gouvernement québécois souhaitait entreprendre avec les autochtones à l'avenir.

«Il en va de la santé de chacune des communautés», a-t-il dit.

Lors d'un point de presse qui a suivi son discours, M. Fontaine a affirmé qu'il espérait obtenir mercredi l'appui du Conseil de la fédération pour presser Ottawa d'agir envers les demandes des autochtones relatives à l'éducation et à l'écart des conditions de vie par rapport au reste de la population.

«Un des résultats (de cette rencontre) pourrait être un appel commun du Conseil de la fédération et des chefs autochtones au premier ministre (Stephen Harper) pour l'organisation d'une rencontre», a-t-il dit.

D'autre part, M. Fontaine n'a pas voulu dire s'il comptait se présenter pour solliciter un nouveau mandat à la tête de l'APN, lors d'une élection prévue l'an prochain.

«Mon intention est de me concentrer sur l'année qui vient, nous avons un ordre du jour très chargé et je n'ai pas encore eu le temps de penser à juillet 2009», a-t-il dit.