La construction de quatre immeubles en copropriété au sud du square Saint-Louis, à Montréal, crée des sueurs froides chez les riverains. Plusieurs murs de maisons centenaires se fissurent à vue d'oeil et une maison abritant trois appartements a été évacuée par crainte d'un écroulement.

Tous les jours, c'est le même branle-bas sur l'avenue Laval. Des camions à benne se succèdent à un rythme infernal pour récupérer la terre qu'extraient les pelleteuses du chantier. «Je n'en peux plus. Je mets mon réveil à 6h20, mais je n'en ai même pas besoin car je suis toujours réveillée à 6h15 par le premier camion», a raconté hier à La Presse Han Fournier.

Selon la jeune femme, de 13 à 16 camions effectuent chacun cinq passages par jour pour récupérer les gravats extraits au bout de la rue Henri-Julien, où sont construits 200 appartements de luxe. Soit près de 80 passages dans une rue pourtant interdite aux poids lourds.

Mais plus que le bruit ou la poussière, ce sont les vibrations que cela occasionne, et leurs conséquences, qui inquiètent les résidants. «On peut passer nos mains dedans», a dit Anne Bergeron, en montrant l'une des fissures sur la façade de sa maison. Selon les citoyens rencontrés, le va-et-vient incessant des camions est en train de mettre sérieusement en danger leurs demeures, des maisons victoriennes souvent centenaires.

Insatisfaits des réponses fournies par l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, ils ont décidé de hausser le ton. Hier matin, ils ont bloqué la circulation dans leur rue et ils songent maintenant à un recours devant les tribunaux. «Si ça ne bouge pas du côté de l'arrondissement, je fais venir des ingénieurs, des assureurs et on entame une poursuite contre la Ville», a déclaré Claude Gosselin, leader de la contestation et propriétaire depuis 33 ans.

Tout devrait être réglé d'ici la fin de la semaine, a toutefois assuré hier Michel Prescott, conseiller municipal du district Jeanne-Mance. L'itinéraire des camions devrait être dévié dans la rue Saint-Denis et dans la rue Square-Saint-Louis Sud. «On doit juste attendre que des ingénieurs terminent de se prononcer sur l'aspect sécuritaire de la déviation», a poursuivi M. Prescott.

Au bord de l'écroulement

Reste que si le trajet des poids lourds est dévié, l'impact négatif du chantier sur le voisinage va perdurer. Si trois édifices sont bientôt achevés, il reste tout à faire pour le quatrième. Surtout, l'énorme trou creusé pour les fondations a entraîné la fermeture et l'évacuation le 27 juin de la plus proche maison qui abritait trois logements. Et pour cause: un des murs penche dangereusement vers l'excavation et un glissement de terrain n'est pas exclu. «L'un des couples qui habitait là venait tout juste d'acheter l'appartement», a dit une voisine. «Ça nous rend un peu nerveux», a ajouté une autre.

Seul un des trois propriétaires a été évacué. Il a expliqué être en négociations avec l'entrepreneur, la multinationale Homburg, et, pour cette raison, a refusé d'en dire plus. La Presse n'a pu joindre l'entreprise hier soir.