L'image internationale du Canada a subi quelques assauts aujourd'hui au G8 alors que des organisations humanitaires internationales ont reproché au gouvernement Harper de traîner de la patte lorsqu'il s'agit de respecter ses engagements d'aide au développement.

Pendant que les membres du G8 et les pays invités africains discutaient des besoins humanitaires urgents de l'Afrique, lors de cette première journée du sommet, Oxfam et l'organisation humanitaire One ont en effet affirmé que la promesse faite par le Canada en 2005 de doubler son aide à l'Afrique était «minime» en comparaison de ce que font d'autres pays du G8. Le Canada a ainsi été sévèrement blâmé par ces organisations qui l'ont relégué en queue de peloton des donateurs à l'Afrique en compagnie de l'Italie, de la France et du Japon.

Ces organisations humanitaires ont également affirmé que le Canada tentait de diluer le communiqué final du G8 sur le financement des soins de santé en Afrique, plus particulièrement l'accès universel aux traitements contre le sida, un projet que défend énergiquement le président américain George W. Bush. Selon Oxfam et One, Ottawa ne veut pas que le communiqué final affirme que les pays du G8 «vont s'engager» à financer ces soins mais plutôt qu'ils «reconnaissent» que les experts recommandent ce financement.

«Nous voulons un langage fort et des engagements dans ce communiqué sur la santé. Nous sommes inquiets de l'attitude de certains pays et en particulier de celle du Canada», a affirmé le porte-parole d'Oxfam, Max Lawson.

La ministre canadienne de la Coopération internationale, Bev Oda, n'a pas répondu directement aux accusations des organisations humanitaires. Elle a cependant insisté sur le fait que le Canada ne prenait pas d'engagements qu'il ne pouvait tenir et elle a rappelé que le Canada dépensait déjà beaucoup d'argent pour l'Afrique.

«Beaucoup de pays en développement se sont fait promettre beaucoup d'argent et ces pays n'en ont jamais vu la couleur et ils attendent encore qu'on leur livre les services, les médicaments et les vaccins promis, a souligné la ministre Oda aux journalistes canadiens. Notre gouvernement préfère s'assurer, lorsqu'il promet une aide financière, que cette promesse se traduise en véritables services pour les gens, les communautés et les familles.»

Des responsables canadiens ont affirmé hier que le Canada était sur la bonne voie de tenir sa promesse de doubler dès cette année le niveau d'aide qu'il fournissait à l'Afrique en 2003-2004. Cela signifie que l'aide du Canada au continent africain atteindra 2,1 milliards de dollars en 2008-2009. Il faut rappeler cependant que lors du sommet de Gleneagles en 2005, les responsables canadiens projetaient une aide annuelle pour cette même année 2008-2009 de 2,7 milliards.

Le président américain, George W. Bush, s'est présenté au sommet dimanche soir en affirmant qu'il allait faire des promesses passées du G8 sur l'amélioration de la santé en Afrique sa priorité.

Ces promesses consistent notamment à former davantage de médecins et d'infirmières de façon à ce qu'il y ait en Afrique 2,3 travailleurs de la santé pour 1000 habitants. Le G8 a également promis l'accessibilité complète aux traitements contre le sida et contre les maladies tropicales.

Les organisations humanitaires ont estimé que si le Canada ne fait pas davantage à ce chapitre, il devra rendre des comptes en 2010 lorsqu'il sera l'hôte du sommet du G8 à Huntsville en Ontario. C'est en 2010 que plusieurs des engagements du G8 envers l'Afrique doivent être finalisés.