Une mère de famille québécoise qui a fait de la prison dans une affaire de meurtre d'un de ses enfants s'est vu retirer provisoirement par la justice la garde de son nouveau-né, quelques jours après l'avoir mis au monde, a appris La Presse.

Il y a quelques années, Un enfant de cette mère de famille est mort assassiné. L'enfant avait été martyrisé à plusieurs reprises. Il avait reçu des coups de poing, des coups de pied, des gifles et de multiples humiliations, comme de le forcer à manger en lui enfonçant de la nourriture dans la bouche, jusqu'au jour où les sévices et la violence ont causé sa mort.

La mère de famille a été arrêtée et accusée. Elle a plaidé coupable et a été condamnée à une peine de prison. Son autre enfant en très bas âge lui a alors été retiré, compte tenu des traumatismes découlant du fait qu'il avait été témoin des événements tragiques. Il avait aussi été victime de mauvais traitements physiques et psychologiques. Il vit aujourd'hui dans une famille d'accueil et y restera jusqu'à sa majorité.

Cet enfant est évalué par la DPJ régulièrement. Dès le début, sa famille d'accueil s'est rendu compte qu'il avait souffert: quand le ton montait dans une pièce, il mettait ses mains sur ses oreilles pour ne pas entendre de bruit. L'enfant ayant toujours peur d'être maltraité a aussi pris l'habitude d'étouffer ses pleurs, même quand il a mal.

Impulsive et immature

La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), qui a appris par cette famille d'accueil que la mère de famille a eu un nouveau bébé, a donc plaidé devant la justice que cette mère n'est pas capable de protéger son nouvel enfant. Elle est jugée impulsive et immature. De plus, son conjoint actuel et père du nouveau-né a déjà des enfants d'un autre lit dont un fait actuellement l'objet d'une évaluation de la DPJ relativement à des mauvais traitements. La DPJ a, de plus, fait valoir que cette «famille reconstituée» était le lieu de tensions et de violence.

En accord avec les avocats de toutes les parties, le juge de la Chambre de la jeunesse de la Cour du Québec a donc rapidement acquiescé à la demande de la DPJ et a ordonné de placer provisoirement le bébé en famille d'accueil en attendant une évaluation des capacités parentales et une évaluation psychologique et psychiatrique de la mère et de son conjoint. Si les conclusions de ces évaluations ne garantissent pas la sécurité et le développement normal du nouveau-né, celui-ci sera également placé dans une famille d'accueil.

Le juge a estimé que de laisser actuellement l'enfant à la garde de ses parents «pourrait lui causer un tort sérieux». Il a aussi demandé à La Presse de taire l'identité de la mère de famille et de tout détail qui permettrait d'identifier l'enfant.