Saïd Namouh, un ressortissant marocain de 35 ans arrêté en septembre 2007 pour une histoire de complot avec des milieux terroristes en Allemagne et en Autriche, soutient que les autorités carcérales l'empêchent de recevoir un imam dans sa prison, à Rivière-des-Prairies.

Namouh aurait eu des liens avec des membres d'Al-Qaeda qui projetaient de commettre des actes terroristes contre l'Allemagne et l'Autriche si ces pays ne retiraient pas leurs troupes d'Afghanistan.

Namouh, qui résidait à Maskinongé au moment de son arrestation, se plaint par ailleurs du fait qu'on ne lui permet pas de consulter la preuve que les services canadiens de renseignement détiennent à son sujet.

Lors d'un point de presse tenu à Trois-Rivières, son avocat, Me René Duval, a expliqué que la preuve tient sur 20 CD. Bien que les détenus aient généralement accès aux ordinateurs, on en prive systématiquement Saïd Namouh, soutient-il. «C'est une violation flagrante des droits de mon client», a insisté Me Duval, qui a promis de saisir le ministre de la Sécurité publique et de la Justice, Jacques Dupuis.

Saïd Namouh est détenu depuis 10 mois. Il n'a pu convaincre un juge de le mettre en liberté, en janvier 2008, lors de l'enquête qui a eu lieu à Montréal. Après avoir passé plusieurs mois au centre de détention de Bordeaux, il a été transféré au Centre correctionnel de Rivière-des-Prairies. Selon Me Duval, les conditions de détention de son client sont difficiles, voire pénibles. «Il se trouve bien malgré lui dans un environnement hostile alors que des membres de gangs de rue, de factions rivales, s'affrontent et font la loi.»

Pour Me Duval, sous l'influence du Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS), les autorités de détention font la vie dure à son client. «Ça fait penser aux États-Unis, dont le comportement avec les détenus de Guantánamo est dénoncé dans le monde entier», précise Me Duval, qui soutient que le Canada n'est plus le pays de toutes les libertés comme il aime bien le laisser entendre.

Pourquoi Me Duval, qui a fait une partie de sa carrière à la Commission canadienne des droits de la personne, ne soumet-il pas à cet organisme le dossier de Saïd Namouh? «Mon client est détenu dans un établissement de compétence provinciale, répond l'avocat. C'est donc la commission québécoise qui devrait être sensibilisée à cette affaire.»

En croisade

Me Duval a choisi la tribune des médias pour dénoncer dans un premier temps les conditions de détention de Saïd Namouh. «C'est une première étape, mais j'entends porter le dossier devant plusieurs instances, a-t-il déclaré avec conviction. Ce n'est pas normal que d'autres individus de confession musulmane puissent recevoir un imam sur demande alors que, pour Saïd Namouh, c'est non.»

Quant à la preuve sur support informatique, Me Duval a mentionné qu'il ne lui servait à rien d'avoir une preuve aussi volumineuse si son client ne pouvait y avoir accès personnellement. «Comment voulez-vous assurer une défense pleine et entière et conseiller adéquatement votre client si lui, le principal concerné, se voit refuser de consulter la preuve retenue contre lui? Je vais m'adresser aux autorités de la prison de Rivière-des-Prairies pour les faire changer d'avis», a souligné l'avocat en ajoutant que, devant une nouvelle réponse négative, il en saisirait le ministre Jacques Dupuis.

Quant au dossier comme tel, une prochaine conférence préparatoire est prévue pour le 18 août.