Un homme de 35 ans a été froidement abattu juste devant la porte de sa maison, sous le regard horrifié de sa femme et de sa mère, samedi soir à Montréal.Il s'en est fallu de peu pour que Sumina Biron tombe nez à nez avec l'assassin de son voisin. Elle venait à peine de rentrer chez elle lorsqu'elle a clairement entendu cinq détonations. D'un bond, elle s'est levée de son lit et s'est précipitée sur le balcon. Il était déjà trop tard. " Une femme criait, criait et criait. Je ne comprenais pas ce qui se passait et puis j'ai vu un homme, par terre, qui ne bougeait plus", a-t-elle raconté hier à La Presse, la voix tremblante, visiblement secouée. 

 

Les secours sont arrivés en moins de cinq minutes, alertés par les nombreux appels à l'aide des voisins. Les ambulanciers ont tenté en vain de ranimer la victime. "Sur leur moniteur cardiaque, la ligne (des signes vitaux) est restée plate. Il était sûrement déjà mort à leur arrivée", a rapporté Mme Biron, le doigt pointé vers une large bande de gazon tachée de sang.

Sa mère, aussi témoin de la tragédie, a confié qu'elle n'avait pas fermé l'oeil de la nuit. Sa fenêtre donne à quelques centimètres de l'endroit où les balles ont atteint leur cible. "Qui sait ce qui aurait pu m'arriver si une seule balle avait dévié?"

Il semble que tireur avait choisi sa victime et l'attendait. Des témoins ont relaté que, juste après avoir entendu les coups de feu, ils ont vu un homme s'enfuir à pied et s'engouffrer dans une voiture garée au coin des rues Snowdon et Dufferin. L'assassin court toujours. En fin de soirée hier, les policiers n'avaient interrogé aucun suspect.

Au petit matin hier, le quartier avait retrouvé un semblant de vie tranquille. Rue Snowdon, les femmes en robe d'été marchaient doucement pour se rendre à la messe célébrée à l'église située juste en face de la scène du crime. Quelques regards furtifs en direction du fauteuil roulant de la victime - paraplégique - abandonné devant la maison, trahissaient néanmoins un certain malaise.

Des cris entendus de loin

"Que s'est-il passé? J'ai entendu une femme hurler si fort cette nuit que cela m'a réveillé", a demandé un passant qui habite à deux coins de rue de là. Dans ce quartier paisible aux maisons fleuries, la visite des policiers - et, dans ce cas-ci, de plusieurs voitures de patrouille - avait de quoi créer toute une onde de choc et nourrir bien des discussions. "J'ai emménagé ici hier et je ne m'attendais certainement pas à passer une soirée aussi mouvementée, a lancé hier John, 26 ans. Mais si je commence à avoir peur de vivre ici, je ne pourrai plus vivre nulle part à Montréal."

Les policiers ne croient pas que ce meurtre, le 14e commis cette année à Montréal, soit lié aux gangs de rue. La thèse du règlement de comptes était la plus vraisemblable. La victime était bien connue des services policiers et possédait un casier judiciaire. "Le tireur visait la victime et seulement la victime. Ni sa mère, ni sa femme n'ont été touchées", a d'ailleurs souligné hier le porte-parole Yannick Ouimet. La victime laisserait derrière elle deux jeunes enfants. Sa mère et sa femme ont été traitées pour un violent choc nerveux.