Nouveau directeur général, nouvelle structure. La Ville de Montréal procédera en 2019 à une profonde réorganisation. Le plus haut fonctionnaire de la métropole, Serge Lamontagne, dit vouloir mettre l'appareil municipal au diapason des priorités de l'administration Plante : mieux faire en mobilité et améliorer les services aux citoyens. Loin d'être cosmétiques, ces changements annoncent une nouvelle approche dans la façon dont la métropole dessert ses citoyens, observe une spécialiste de la gestion municipale.

Cartes rebrassées

Au retour des Fêtes en janvier, les 28 000 employés de Montréal entreront dans une nouvelle Ville. En rebrassant l'organigramme de la métropole, le nouveau directeur général espère pouvoir mieux atteindre les objectifs fixés par l'administration Plante. « En voyant le fonctionnement de la Ville au cours des trois derniers mois, j'ai voulu mettre les équipes davantage en lien avec les priorités de l'administration, regrouper ensemble des équipes qui étaient dispersées », explique Serge Lamontagne en entrevue avec La Presse. Celui-ci estime que l'exercice s'imposait alors que Montréal doit mettre à jour trois plans importants en 2019 : urbanisme, transports et développement durable. En regroupant des services, la préparation de ces plans dictant le développement de la métropole pour les années à venir pourra se faire en parallèle afin d'assurer plus de cohérence, explique M. Lamontagne.

Expérience client

« C'est un changement majeur : on passe à une approche clientèle », observe Danielle Pilette, professeure à l'UQAM spécialisée en gestion municipale. Elle y voit un virage à l'instar de celui pris par la Société de transport de Montréal (STM) voilà quelques années pour améliorer la satisfaction de ses usagers. « Le directeur général a probablement constaté ce que les élus constatent aussi : un an après l'élection, le citoyen est loin d'être complètement satisfait des changements qui devaient être apportés à la Ville. La gestion des chantiers, par exemple, devait être améliorée, mais, en réalité, la plupart des gens se plaignent autant, sinon davantage. »

Virage mobilité

Priorité de la mairesse Valérie Plante, la « mobilité » fera son apparition dans l'organigramme de la Ville. La direction du développement sera ainsi rebaptisée pour devenir « mobilité et attractivité ». Son mandat sera de faciliter la coordination des projets et de rendre Montréal attrayant. Pour ce faire, le service de la mise en valeur du territoire sera profondément réorganisé pour devenir celui de l'urbanisme et de la mobilité. Il intégrera notamment la direction des transports. Son mandat sera d'échafauder les plans afin d'améliorer les déplacements sur l'île. Le service des infrastructures, de la voirie et des transports change aussi de nom pour devenir le « service des infrastructures du réseau routier ». Son mandat sera de se consacrer à la réfection des rues de la métropole et de réduire l'impact des chantiers. Le service des grands parcs vient se greffer à cette direction. On lui confiera aussi le mandat des sports. À voir les changements apportés à cette direction, Danielle Pilette anticipe que sa responsable, Isabelle Cadrin, aura une « grosse charge de travail ».

Nouvelles responsabilités :

Infrastructures du réseau routier

Urbanisme et mobilité

Grands parcs

Responsabilités retirées :

Environnement

Développement économique

Habitation

Responsabilités maintenues :

Service de l'eau

Améliorer le service aux citoyens

La Ville de Montréal profitera de la réorganisation pour resserrer ses efforts dans les services aux citoyens. « Un virage important est entrepris afin d'améliorer et de moderniser la prestation de services et d'information aux citoyens », a d'ailleurs mentionné Serge Lamontange dans une lettre envoyée aux employés cette semaine. Pour y arriver, le service des communications et celui des technologies de l'information seront regroupés sous une même direction afin de « mieux collaborer ». Le service du 311 - qui permet notamment aux citoyens de se plaindre - relèvera désormais du service des communications. Pour le reste, le directeur Alain Dufort demeurera responsable de la concertation des arrondissements - bref, de s'assurer que les 19 administrations locales se parlent - et, plus spécifiquement, de la direction du centre-ville, soit l'arrondissement de Ville-Marie.

Nouvelles responsabilités :

Expérience citoyenne et communications (regroupement du 311 et des communications)

Technologies de l'information

Responsabilités maintenues :

Arrondissement de Ville-Marie

Concertation des arrondissements

Revoir la qualité de vie

La direction de la qualité de vie garde son nom, mais voit ses responsabilités augmenter. Serge Lamontagne compte sur elle pour faire « un Montréal à échelle humaine, plus solidaire, inclusif et résilient, ancré dans le développement durable ». Dossier cher à la mairesse, l'habitation sera intégrée à cette direction. Ce qui était une simple division gagne du galon et devient un véritable service afin de veiller à la qualité et à la salubrité des logements. « J'ai voulu ainsi rehausser l'importance de l'habitation », explique le directeur général. Le Bureau d'intégration des nouveaux arrivants sera intégré au Service de la diversité sociale, qui ajoutera « inclusion » à sa dénomination. Le Service de l'environnement, qui relevait d'une autre direction, viendra s'ajouter. En plus de veiller à protéger l'environnement sur l'île, il devra veiller à la gestion des matières résiduelles et du contrôle de la qualité des aliments. Enfin, Montréal regroupe les services du développement durable et de la résilience pour en faire le Bureau de la transition écologique. Le Service du développement économique vient se greffer à cette direction. Son mandat est revu pour désormais « contribuer davantage à l'épanouissement des quartiers ».



Nouvelles responsabilités :

Diversité et inclusion sociale (intégration du BINAM à ce service)

Environnement

Habitation

Développement économique

Bureau de la transition écologique (intégration de la résilience et du développement durable à ce service)

Responsabilités maintenues :

Culture

Espace pour la vie

Responsabilités retirées :

Grands parcs

Continuité pour les services institutionnels

Moins connue mais néanmoins névralgique aux opérations de la Ville, la direction des services institutionnels est relativement épargnée par cette réorganisation. Celle-ci regroupe principalement les départements qui ne sont pas en contact direct avec les citoyens, mais qui soutiennent les autres services, comme les approvisionnements - tous les achats -, le matériel roulant - gestion des véhicules - ou la gestion des immeubles. Seul changement, cette direction voit s'ajouter le Bureau des projets, qui relevait auparavant directement du directeur général. Ce département doit voir à la bonne coordination des différents projets menés par la Ville.



Nouvelle responsabilité :

Bureau des projets

Responsabilités maintenues :

Affaires juridiques

Approvisionnements

Évaluation foncière

Greffe

Matériel roulant et ateliers

Service de la gestion et planification immobilière

Le DG allège sa tâche

Avec cette réforme, le directeur général viendra alléger ses propres responsabilités. Alors que son prédécesseur supervisait directement 13 services, il n'en aura plus que 7 sous sa gouverne. Il se défait notamment des communications et des technologies de l'information. Danielle Pilette y voit un signe que le directeur général veut réduire les risques de friction avec les élus. « Il veut réduire son exposition aux conflits avec les élus. Ce qui a coûté cher au DG précédent [Alain Marcoux], c'est qu'il en faisait tellement qu'il était plus exposé à leur déplaire », observe-t-elle.

Responsabilités maintenues:

Ressources humaines

Service de police (SPVM)

Service des incendies (SIM)

Finances

Contrôleur général

Relations gouvernementales

Relations internationales

Performance organisationnelle

Laboratoire d'innovation urbaine (ancien bureau de la ville intelligente)

Responsabilités retirées:

Communications

Technologies de l'information

Expérience client

Bureau des projets

Photo Marco Campanozzi, Archives La Presse

La Ville de Montréal procédera en 2019 à une profonde réorganisation afin de mettre l'appareil municipal au diapason des priorités de l'administration Plante.

Photo André Pichette, Archives La Presse

Le directeur général de la Ville de Montréal Serge Lamontagne