Présentement en tournée à travers le Québec, l'auteur-compositeur-interprète Yann Perreau partagera ses expériences et ses découvertes sur Cyberpresse tout au long de l'été.

Nous sommes atterris le samedi 11 juillet en début d'après-midi à l'aéroport du Havre-aux-Maisons, sous un soleil sans tache. M. Leblanc nous attendait avec les clés de sa Malibu en main. «Tu me la ramèneras icitte quand vous repartirez pour Montréal. Laisse les clés dans switch pis barre pas les portes.» Le message était clair : casse-toi pas l'bicycle mon homme, profitez de vos vacances! Aussitôt embarqués dans la minoune de location, nous savions, ma blonde et moi, que le choix d'arriver une semaine avant mes deux concerts était une idée de génie. Les fenêtres baissées, le country dans l'prélart, les lunettes fumées, yaaahoooo!

Nous filions vers Les Pas Perdus, question de joindre mon ami Bob, un des propriétaires du commerce. Lui et son petit Léo allaient nous conduire à notre gîte; jolie maison prêtée par un dénommé Tony, pote de Bob, que je ne connais pas, mais pour qui j'ai désormais un inconditionnel respect.

La piaule en question est située au Havre-Aubert (Bassin) en haut d'une colline, au milieu d'un champ bordé de mille millions de fleurs sauvages avec vue sur la mer. Ze spot!

Nous allions profiter du reste de la journée pour lézarder sur la plage et nous tremper dans l'eau froide, mais combien revigorante de la mer. Bob et sa charmante Badou nous invitaient en soirée pour la première grande bouffe de nos vacances : saumon et légumes en papillote, à pleurer de joie. Et ça ne faisait que commencer. Les épicuriens que nous sommes allaient y goûter tout au long du voyage!

Le lendemain, nous faisions le plein de produits du terroir. D'abord à la fromagerie : Pied de Vent et Tomme des Demoiselles, puis au fumoir d'antan: hareng boucané mariné, moules au hareng fumé, pâté de corail de pétoncles, pétoncles fumés, saumon fumé, et finalement aux marchés du village : Bagosse (alcool de fraises et framboises), Chouchen (cidre de pommes), crevettes, chair de crabe, pattes de homard et pain à la bière.

Parlant de bière, nous avons découvert L'Abri de la Tempête, à ma jeune connaissance, une des meilleures microbrasseries. (Avis aux amateurs de bonnes chères; certains produits, ci haut mentionnés, sont disponibles dans un marché près de chez-vous.)

Pays riche et lointain

Chacune des journées passées portait sa couleur, battait son souffle. Nous sommes allés visiter la boutique des Artisans du Sable et avons évidemment dégusté les cuisines savoureuses des différents cafés et restaurants qu'il nous a été possible de fréquenter. Le Café de la Grave (pour sa crème de palourdes, son piano et son jeu de Scrabble), Le Bistro du Bout du Monde (pour son loup marin et sa cave à vins), Les Pas Perdus (pour son hamburger de requin) et La Factrie (la cafétéria du pêcheur où ma blonde a ingurgité un homard gros comme une poule).

Côté sport, le jogging nous aura permis de continuer d'entrer dans nos habits. Aussi, avons-nous appris à manipuler le kite, ne reste plus qu'à monter sur le surf! Next time.

À rouler des centaines de kilomètres pour mieux saisir l'étendue des Îles, nous oublions par moments que nous étions au Québec. On se serait cru parfois en Écosse ou dans les Keys floridiens, quelques degrés en moins!

La visite de l'Île d'Entrée, où vivent une centaine d'anglophones d'origines écossaises et irlandaises, fut étonnante. Étrange à quel point on a l'impression de mal connaître son pays quand on apprend, tout d'un coup, qu'il y existe de telles communautés. Une excursion nautique de 17 kilomètres, en mer houleuse, qui en vaut vraiment la chandelle. Comme services sur Entry Island, il y a : une église anglicane, un bureau de poste, un dépanneur, un casse-croûte, un musée, une école et un petit port.

L'attrait touristique, hormis l'île elle-même, c'est le Big Hill et son sommet d'où l'on peut admirer toute la beauté de cette région maritime. La vie passe tranquillement, silencieuse... Même les vaches, en liberté, broutent sur un rythme alangui, presque immobile, léchées par l'air salin.

Grosse Île harmony

C'est à Grosse Île, l'autre communauté anglophone de l'Archipel, que j'ai attrapé mon coup de coeur. Byron Clark, réparateur et vendeur d'Harmoniums, allait fermer boutique lorsque nous stationnions la Malibu devant sa porte.

M. Clark nous a gentiment laissé entrer dans sa shop. Je me suis dirigé vers un des harmoniums et jouai «Le plus beau rêve» à ma douce. Vive impulsion! Assez pour demander le prix au vieil homme et, aussitôt, accepter son offre. Mon nouvel instrument prendra la voie des eaux la semaine prochaine.

Et les concerts, alors?!

Les membres de mon band sont arrivés pour les spectacles du week-end. La salle des Pas Perdus affichait complet les deux soirs. Avec le bon vent des jours précédents, j'avais hâte de fouler les planches. Les deux shows se sont terminés sur un grand flot d'énergie. Merci à ceux et celles qui se sont déplacés pour partager la vague.

Ah! Les Îles-de-la-Madeleine; grappe de havres paisibles et magiques. Comme disent les Madelinots : «Icitte, on n'a pas l'heure, mais on a toute notre temps!».

C'était mon troisième passage sur l'Archipel fantastique; à défaut d'avoir rencontré M. Roarke ou Tatoo, j'ai des amis chers là-bas et, chaque fois, ça me fout les blues de m'en séparer; ce n'est qu'un Au revoir mes frères!

Les clés sont dans switch, M. Leblanc...