Peu importe la destination, rares sont les voyages qui n'incluent pas au moins le nom d'un musée dans la liste des attraits à visiter. On en ressort souvent charmé, mais aussi parfois déçu ou ennuyé : des experts nous livrent leurs secrets pour tirer le meilleur d'une visite dans un musée.

TÔT

On l'a tous fait : se ruer dans un musée trois jours avant la fin d'une exposition et pester, sur place, qu'il y a trop de monde. « C'est classique, il y a toujours beaucoup plus d'achalandage le dernier week-end », constate Anne Grace, conservatrice des expositions au Musée des beaux-arts de Montréal. Pour la même raison, on arrivera tôt dans la journée et on achètera les billets sur l'internet pour éviter de commencer (désagréablement) la visite en attendant une heure devant la billetterie.

CARTE POSTALE

Si plusieurs parents fuient les boutiques de souvenirs pour éviter les conflits, à l'inverse, France Gagnon, chargée de projet à la Direction de la programmation des Musées de la civilisation, à Québec, y amène toujours ses enfants. En leur dictant bien les consignes avant d'entrer : ils auront le droit de choisir une carte postale - une - représentant une oeuvre chérie pendant la visite. « Ce n'est pas cher, et cela permet à l'enfant de ramener un souvenir, de faire vivre l'exposition à la maison ensuite », explique-t-elle, preuve à l'appui : son fils garde précieusement depuis 10 ans, sur son bureau, une reproduction du genre. De la même manière, elle suggère de laisser aux enfants le plaisir de prendre des photos pendant l'exposition (lorsque c'est permis) pour qu'ils puissent les présenter à leurs grands-parents, amis, etc. plus tard et prolonger l'expérience.

ACTION

Le musée doit être intégré dans une séquence d'activités qui se complètent, remarque Jean-Marie Lafortune, professeur en muséologie du département de communication sociale et publique de l'UQAM : après une activité plus sportive, avant une autre plus ludique, un repas, alouette. « Pourquoi ne pas aller au musée à vélo ? On peut faire des arrêts pertinents sur le trajet et on fait une activité plus sportive avant une autre qui est plus calme », propose-t-il. Dans la même lignée, si on veut voir plusieurs musées dans un même voyage, on se limitera à un par jour, idéalement.

DURÉE

Pas facile d'établir une durée idéale pour visiter un musée, mais les experts consultés s'entendent pour dire qu'il vaut mieux arrêter plus tôt que tard, avant l'écoeurantite aiguë qui pourrait décourager - surtout - les enfants et les adolescents de revenir. Le temps de visite moyen au Musée de la civilisation de Québec est de deux heures. « Je pense que c'est le point de bascule à partir duquel les gens estiment soit qu'ils ont vu ce qui les intéressait, soit qu'ils préfèrent revenir pour voir la suite parce qu'ils commencent à être fatigués », remarque France Gagnon. Jean-Marie Lafortune recommande de ne jamais dépasser la demi-journée. Si on veut rester plus longtemps, on prévoit une pause pour se reposer, un café au parc, une promenade, alouette.

ZOOM

N'essayez même pas : il est impensable de tout voir dans une seule visite, même si c'est tentant de vouloir rentabiliser un billet qui aura coûté plus de 20 $. D'où l'importance de bien planifier sa visite et de cibler les oeuvres que l'on pense apprécier le plus. Jean-Marie Lafortune a travaillé à un projet-pilote au Musée du Louvre visant à former les gardes de sécurité pour orienter les visiteurs dans la file d'attente. « Ils peuvent leur dire, en fonction de leurs intérêts : entrez dans la première salle, telle oeuvre est à 400 m, puis allez dans telle autre aile. L'idée, c'est que les gens sortent satisfaits, pas qu'ils aient tout vu. »

PAPILLONNER

Trois secondes, c'est le temps que l'on consacre en moyenne à chaque oeuvre au cours d'une visite au musée, observe Nathalie Mantha, gestionnaire des programmes jeunesse et scolaire du Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa. « C'est trop peu », lâche-t-elle, mais il ne faut pas non plus s'obliger à tout lire, tout examiner, tout scruter. Elle-même confie qu'elle papillonne, saute d'une oeuvre à l'autre sans toujours suivre le fil construit par le conservateur, au gré de ses envies et de son énergie. « Il faut se laisser porter, un peu comme un enfant, regarder une oeuvre de loin, de proche, de profil, sous divers angles et se laisser toucher par l'oeuvre. » « Il ne faut pas chercher à tout comprendre. Il n'y a pas de signification pour tout », renchérit Anne Grace.