Les attentats perpétrés vendredi dernier à Paris ont semé l'émoi dans le monde entier, en plus de soulever des doutes dans la tête des nombreux voyageurs qui comptent s'y rendre bientôt.

Le gouvernement canadien n'a émis aucun avertissement pour l'ensemble de la France, mais recommande aux voyageurs de « faire preuve d'une grande prudence en raison de la menace terroriste présentement élevée ». Malgré les événements, beaucoup de voyageurs québécois ont décidé de ne pas reporter leur voyage dans la ville la plus visitée du globe.

C'est le cas de Patrice Valade, de Longueuil. Il a décidé de partir à Paris en couple, comme prévu, le 15 décembre pour, dit-il, voir des amis, boire des cafés aux terrasses, visiter des marchés publics. « Ça ne m'a jamais effleuré l'esprit d'annuler, mais j'ai eu un doute lorsque j'ai entendu que les frontières étaient fermées. Est-ce qu'on allait pouvoir rentrer ? »

L'annonce de la fermeture des frontières par le président français François Hollande le soir des attentats était en effet inquiétante. Les frontières n'ont pas été fermées : les avions ont continué d'atterrir, les trains, de circuler. Mais la France a annoncé un renforcement des contrôles à ses frontières, tant pour ceux qui entrent au pays que pour ceux qui en sortent.

Ce contrôle accru « implique des temps d'attente plus longs aux aéroports », indique à La Presse Véronique Potelet Anty, de l'Office du tourisme et des congrès de Paris. De son côté, Air France recommande à ses passagers d'arriver plus tôt à l'aéroport et de s'assurer d'avoir en main une pièce d'identité valide. Des délais sont aussi à prévoir à la gare du Nord, d'où partent de nombreux trains internationaux.

« Les gens doivent comprendre qu'il faudra un peu plus de temps pour passer les douanes. Toutes ces mesures sont prises pour bien protéger les Français et les touristes, estime Armelle Tardif-Joubert, directrice d'Atout France au Canada. Il faudra prendre notre mal en patience. »

À Montréal-Trudeau, toutefois, les procédures d'enregistrement, de fouilles ou de douanes ne changent pas. « À moins d'un avis contraire de Transport Canada, les opérations aéroportuaires ne sont pas touchées [par les événements du 13 novembre] », explique Stéphanie Lepage, directrice adjointe, relations publiques et publicités chez Aéroports de Montréal (ADMTL). Bref, les délais pour passer les différents contrôles restent grosso modo les mêmes.

Mme Lepage ajoute qu'ADMTL « n'a constaté aucun retard pour les vols en direction ou en provenance de Paris ».

DES CONTRÔLES EN EUROPE

Les voyages à l'intérieur de l'Europe, depuis ou vers la France, seront aussi sujets à plus de contrôles, peu importe qu'ils se fassent par voies terrestres ou aériennes. Les touristes qui se déplacent en Europe sont habitués à des déplacements archi simples depuis l'instauration de l'espace Schengen. Cet accord permet la libre circulation entre 26 États membres de l'Europe continentale : le voyageur doit remplir les formalités douanières à son point d'arrivée en Europe et peut ensuite circuler - en voiture, en train, en avion, à vélo... - sans visa ni arrêt aux douanes.

Les attentats du 13 novembre ont changé la donne. Jusqu'au 13 décembre, les contrôles sont temporairement rétablis aux frontières entre la France et les autres pays membres Schengen. « Contrairement à des rumeurs, les visas Schengen sont toujours valables », précise toutefois Véronique Potelet Anty. Les voyageurs qui ont besoin d'un visa pour entrer dans l'espace Schengen n'ont donc pas besoin d'obtenir un visa différent auprès de chacun des pays membres qu'ils souhaitent visiter. La demande doit encore et toujours se faire auprès du consulat du pays qui constitue la destination principale.

Le passeport pourrait toutefois être exigé à certains postes frontaliers où l'on passait librement il n'y a pas si longtemps. « Les Canadiens souhaitant entrer en France en arrivant d'un autre État Schengen pourraient devoir présenter un document de voyage valide pendant au moins trois mois après la date prévue de leur départ du pays », peut-on lire sur le site du ministère canadien des Affaires étrangères.

Ceux qui laissent le passeport au fond des valises (ou dans le coffre-fort de l'hôtel) devront donc changer leurs habitudes.

« L'idéal serait de toujours avoir son passeport sur soi. C'est le moyen d'identification par excellence », souligne Patrick Giguère, directeur de l'agence Voyages Constellation.

Vendredi, les trains nationaux et internationaux fonctionnaient normalement, tout comme le métro parisien, où seule la station Oberkampf (située à quelques rues du Bataclan) a été fermée par les policiers. Les rames y passaient sans s'arrêter.

Selon Armelle Tardif-Joubert, les sites touristiques parisiens sont prêts à accueillir de nouveau les touristes. Mais il y a un bémol. Des lieux touristiques ouverts au public aujourd'hui peuvent être fermés sans préavis demain pour des raisons de sécurité. On l'a vu plus tôt cette semaine, avec la réouverture en dents de scie de la tour Eiffel. Ouverte lundi, fermée mardi, rouverte mercredi...

Comment s'y retrouver ? L'Office du tourisme et des congrès de Paris met chaque jour en ligne une liste de lieux touristiques ouverts ou fermés. Depuis mercredi, tous les musées et sites culturels sont ouverts, à l'exception de l'Arc de triomphe et des tours guidés. Les grands magasins, comme les Galeries Lafayette ou Printemps Hausmann, ont aussi repris leur horaire habituel, tout comme les croisières sur la Seine.