Blessure, tempête, bris d'équipement: même la plus petite des randonnées pédestres peut virer au cauchemar. Conseils d'experts pour ne jamais être pris au dépourvu.

Indiana Jones existe, il est né au Québec et est professeur émérite à l'Université du Québec à Chicoutimi. Enfin presque: André-François Bourbeau est passé maître dans l'art de partir à l'aventure, repoussant sans cesse les limites de la débrouillardise. À 7 ans, déjà, il écoulait des journées seul dans la forêt de l'Ontario, chassant parfois lui-même ses repas: des cuisses de grenouilles qu'il faisait griller sur le feu. En 1988, à 30 ans, il a établi le record Guinness du plus long séjour de survie en forêt en autonomie (31 jours), exploit répété un quart de siècle plus tard, duquel il a tiré le titre Le surviethon, 25 ans plus tard, détaillant 115 techniques et méthodes pratico-pratiques pour surmonter n'importe quelle épreuve ou presque, avec trois fois rien.

Même s'il n'y a pas deux excursions pareilles, sa règle d'or pour préparer sa trousse de survie idéale est la même: il faut prévoir le pire. «Faites-vous des scénarios et assurez-vous d'avoir une solution pour vous en sortir», dit André-François Bourbeau. Vous partez en motoneige en hiver? Que se passera-t-il si vous tombez en panne au milieu du chemin? Si la réponse est que vous risquez de mourir de froid, alors transportez un sac de couchage chaud. Pensez à tout ce qui peut arriver si:

• votre principal moteur vous lâche;

• vous prenez du retard;

• vous êtes blessé légèrement;

• vous êtes blessé gravement.

Prévenez toujours quelqu'un de l'endroit où vous allez et du moment où vous prévoyez en revenir.

Voici quelques essentiels à transporter dans son sac à dos:

A. En tout temps, même lors d'une courte randonnée d'un jour:

1. Un briquet, parce que le plus grand danger au Québec est le froid. En faisant un feu, on peut non seulement signaler sa présence, mais aussi faire fondre de la neige pour éviter la déshydratation, l'hiver, s'éclairer le soir, etc.

2. Un couteau, dont les usages sont infinis ou presque: il servira même à couper l'écorce des arbres pour allumer le feu.

3. Un moyen de communication: si on part dans une région desservie par un réseau cellulaire, ce peut être un téléphone sans fil, mais songez à l'achat d'une balise personnelle (commercialisée sous le nom de SPOT, pour «satellite personal tracker») si vous allez dans des régions plus reculées, seul de surcroît.

B. Lors d'une longue randonnée, de deux jours ou plus:

4. Du ruban adhésif résistant (de type duct tape ou tuck tape) pour réparer sommairement à peu près n'importe quelle pièce d'équipement, le trou dans les bottes de randonnée comme celui dans la tente. Certains s'en servent même pour prévenir les ampoules et l'appliquent directement sur la peau du pied, où il y a un frottement inconfortable. Pour économiser poids et espace: n'emportez pas un rouleau complet, mais enroulez plutôt quelques mètres de ruban autour du briquet que vous aurez nécessairement avec vous.

5. Un bout de ficelle, pour réparer une attache de sac à dos brisée, entre autres.

6. Une lampe de poche.

7. L'hiver: une gourde en métal ou une boîte de conserve pour être capable de faire chauffer de la neige et se désaltérer.

8. Une paille filtrante ou un traitement chimique (de type Pristine) pour traiter l'eau en forêt, quoique, selon André-François Bourbeau, les risques liés à la consommation d'eau en forêt au Québec sont minimes. «Le danger d'être déshydraté est bien plus important que celui de boire de l'eau dans un ruisseau», dit-il.

9. Du chasse-moustique, car ils peuvent être terriblement voraces dans l'arrière-pays!

10. De la nourriture pour tenir une journée. Un petit sac de noix, par exemple, l'un des aliments ayant la densité calorique la plus élevée. Et pourquoi pas un peu de chocolat aussi? «Amenez des choses que vous aimez», dit André-François Bourbeau. C'est bon pour le moral, et garder le moral, quand on se perd, c'est important!

11. Un parapluie. «C'est l'article le plus sous-estimé, mais quand les gens l'essaient, ils l'adoptent!», assure André-François Bourbeau. Il s'en sert pour s'abriter de la pluie, du vent ou du soleil, comme d'une voile lorsqu'il est en canoë, comme bâton de marche, pour cueillir et transporter des baies, des écorces ou des racines en forêt. «Ça peut vous sauver la vie: c'est un abri portable instantané.»

À mettre dans sa trousse de premiers soins

• Une aiguille. Ça ne pèse rien, ça ne prend pas de place et ça n'a pas son pareil pour enlever les échardes dans les pieds qui pourraient sérieusement ralentir votre rythme de marche.

• Un savon ou des tampons d'alcool ou de proviodine iodée pour désinfecter une éventuelle plaie.

• Un rouleau de gaze pour protéger la plaie.

• Du ruban pour fixer la gaze.

• En option: un tube de crème antibiotique et des comprimés contre la douleur (ibuprofène, acétaminophène, etc.)

À LIRE

André-François Bourbeau livre dans Le surviethon, 25 ans plus tard 115 trucs développés au fil d'une carrière - et d'une vie! - consacrée au développement de trucs de survie en forêt, notamment lors de ses deux expériences périlleuses de 31 jours en milieu sauvage. Quelles sont les meilleures espèces de plantes pour faire de la corde? Allumer un feu? De quoi se nourrir en hiver? À lire pour ne plus jamais être pris au dépourvu.

Photo fournie par l'éditeur