Heureux qui comme Michel Lacroix a fait de beaux voyages et en revient convaincu qu'il doit continuer à voyager! À 72 ans, celui qui a su concilier ses fonctions de prêtre et sa passion pour la planète repartira en juillet, avec son sac à dos, pour un autre tour du monde: au programme, 35 pays et 6 dépendances, qui s'ajouteront aux 144 pays et 35 dépendances déjà visités!

Toujours grand voyageur devant l'Éternel, c'est le cas de le dire, Michel Lacroix a visité en octobre dernier la Micronésie, en Océanie. C'est très loin de North Bay et du Témiscamingue, où il a fait son premier voyage, à 15 ans, en auto-stop, en 1957. «Moi, sur les murs de ma chambre, ce n'était pas des photos de pin-up que j'avais, c'était des cartes de tous les pays.»

Après avoir visité une grande partie du Canada et des États-Unis, il prend l'avion en 1964 pour l'Europe. «Et j'ai pensé mourir, il y avait tellement de turbulences entre Londres et Paris que l'hôtesse de l'air est venue s'asseoir à côté de moi.»

En deux mois, il visite 14 pays, avec sa tente qu'il plante partout. «Je m'arrangeais pour manquer de sel et de sucre pour me forcer à rencontrer mes voisins de camping.» Aujourd'hui, il pratique le couchsurfing.

Deux grands chocs

Au cours des premiers de ses nombreux voyages, il connaît deux chocs qui le transformeront en profondeur. D'abord, au Mexique en 1968, où la misère qui sévit est telle, dans la selva où il vit parmi les Indiens, qu'il rentre au Québec plus tôt que prévu, sa conscience - et sans doute sa foi - complètement en déroute. «C'est là que j'ai décidé, plutôt que de faire une dépression, de m'engager dans la solidarité internationale.»

Le deuxième choc aura lieu en 1969, en Afrique du Nord. «Le monde arabe m'a complètement déstabilisé, je ne comprenais plus rien.» Que fait alors Michel Lacroix? Il entre dans une cabine téléphonique et regarde dans le bottin s'il y a une communauté religieuse située dans la rue où il se trouve. «Il y avait des dominicains. Je suis allé à leur maison et j'y ai rencontré un frère qui m'a fait connaître pendant trois jours la culture arabe. Grâce à lui, je suis parti tout seul visiter le Maroc sur le pouce!»

Il a continué à s'intéresser à cette culture, notamment dans le cadre d'un projet où il a multiplié les contacts pendant plus de neuf mois en Libye, au Yémen du Sud, au Koweït, en Palestine, en Syrie, en Israël... «Ç'a été l'une des plus belles expériences de ma vie. L'hospitalité dans le monde arabe, c'est presque religieux.»

Que ce soit pour ses vacances, pour des projets avec des groupes populaires ou, plus rarement, grâce à des bourses, il va ainsi continuer à parcourir la Terre «pour la connaître de l'intérieur».