Envie d'un Sud différent, pourquoi ne pas essayer l'Afrique? Encore très méconnu, le continent décourage parfois les voyageurs tant il semble difficile à appréhender. Notre collaborateur, installé en Afrique, vous propose un petit guide du voyage autonome dans cette partie du monde.

«Une attitude positive», lancent à l'unisson tous les spécialistes interrogés sur la clé d'un voyage réussi en Afrique. Un séjour sur le continent africain tient souvent davantage de l'aventure que des vacances. Entre les paysages spectaculaires et les rencontres chaleureuses, les routes cahoteuses, les interminables attentes et moments de frustration viendront souvent mettre à l'épreuve votre patience. Un bon état d'esprit vous permettra d'aborder les mésaventures avec légèreté et de profiter au maximum de votre voyage.

En plus de la patience, c'est sur le respect qu'insiste Julien Passerini, directeur des opérations à l'agence Explorateurs Voyages. «Une des raisons pour lesquelles on voyage, c'est de constater les différences, explique-t-il. Au lieu de se choquer de certains comportements, il vaut mieux essayer de les comprendre et de voir comment ils s'intègrent dans la culture.»

L'autre aspect primordial, explique Véronique Pépin, directrice régionale pour l'agence Expéditions Monde, c'est la préparation. «Il faut lire beaucoup, se renseigner auprès d'autres voyageurs, auprès d'une agence de voyages, afin de savoir à quoi s'attendre.»

Les préparatifs

Vaccins et préparatifs santé: pour éviter que votre voyage se transforme en cauchemar (pensez fièvre jaune, malaria... ou diarrhée du voyageur!), une visite à une clinique de voyage s'avère essentielle. Pensez à vous y prendre d'avance puisque certains vaccins exigent des rappels.

Une bonne trousse de premiers soins ainsi qu'une petite pharmacie sont aussi à ne pas oublier. En plus des médicaments de base, Natasha Sniatowsky, infirmière à la Clinique du voyageur du Grand Montréal, conseille d'y ajouter des «sels de réhydratation et de l'Imodium en cas de diarrhée persistante, un gel antibactérien et de l'insecticide avec un pourcentage de Deet d'au moins 30%».

Et surtout, ne partez pas sans une bonne assurance voyage.

Le visa: une majorité de pays africains requièrent des visiteurs qu'ils obtiennent un visa pour entrer dans le pays. Il est souvent possible de l'acheter à l'aéroport d'arrivée (en dollars américains), mais plus rarement à la douane terrestre. Si vous désirez vous le procurer au consulat du pays au Canada, prévoyez quelques jours pour le processus.

L'argent: les guichets automatiques tendent à devenir la norme dans les grandes villes du continent africain, mais ils n'acceptent pas tous les cartes débit, Visa ou MasterCard (oubliez American Express). «Il faut aussi avoir avec soi une bonne réserve de dollars américains, devise acceptée partout, en cas de pépin», ajoute M. Passerini.

L'équipement: «On veut partir le plus léger possible, éviter de traîner sa maison sur son dos, explique Éric Hamel, responsable de la formation pour la chaîne québécoise La Cordée. Favorisez les vêtements polyvalents et qui peuvent être portés sur plusieurs journées sans être lavés.» Ajoutez un drap d'auberge - pour éviter qu'une colonie de puces ne s'installe dans vos bagages, - une lampe de poche ainsi qu'une moustiquaire sont de bonne s idées.

Une fois sur place

Hébergement: l'offre d'hébergement plus raffiné, tels les éco-lodges et hôtels confortables, augmente rapidement sur le continent. Pour les budgets plus serrés, il est encore possible de se loger à très bas prix, mais la qualité des chambres variera énormément. Dans les coins plus reculés, c'est une bonne idée de réserver en avance au téléphone, mais ne payez jamais avant d'avoir visité la chambre, testé la douche, etc.

Le transport: «Si on veut partir seul, il faut avoir du temps! lance dès le départ Julien Passerini. Les lieux intéressants en Afrique sont souvent loin de villes et les transports en commun ne s'y rendent pas tout le temps.» La location d'une voiture avec chauffeur peut donc souvent s'avérer la solution la plus avantageuse.

Pour ceux qui ont davantage de temps, moins de moyens ou tout simplement un plus grand sens de l'aventure, les transports en commun sont la solution. En Afrique, ils sont généralement laissés dans les mains des entrepreneurs locaux, dont les très abordables minibus sillonnent le pays, autant dans les villes qu'entre les régions.

De grands autocars avec sièges assignés font souvent le transport interrégional. Le trajet sera généralement plus cher et plus long, mais aussi plus sûr.

Manger: la nourriture est la meilleure façon de découvrir une culture... et de tomber malade. «Il faut éviter de manger des aliments crus, choisir des fruits avec des pelures épaisses, s'assurer que les viandes soient bien cuites, toujours opter pour de l'eau en bouteille et se laver régulièrement les mains», explique Natasha Sniatowsky.

La photo: la relation avec la photo change énormément d'un pays à l'autre. Dans certains pays ou régions, elle sera bien reçue, même appréciée. Ailleurs, elle sera perçue comme une agression ou un service pour lequel on vous demandera de payer. Une demande qui ne plaît pas à tous, mais que Julien Passerini trouve normale. «Les touristes veulent de belles photos et les gens être payés en retour; c'est un échange de service.» Dans tous les cas, mieux vaut demander la permission avant d'appuyer sur le déclencheur.

Payer: sur les marchés, dans les taxis et dans plusieurs restaurants, les tarifs seront rarement affichés. Pour ne pas vous faire surcharger, prenez l'habitude de vous informer d'avance du prix... et de le négocier. Bien qu'il ne soit pas vrai que tout se négocie, le marchandage demeure au coeur d'une grande partie des transactions.

La sécurité: c'est souvent la plus grande crainte lorsqu'il s'agit de voyager en Afrique, mais à tort, croit la directrice régionale d'Expéditions Monde. «Il faut faire preuve de vigilance, tout simplement. C'est-à-dire éviter de se promener seul la nuit, s'informer sur les quartiers à éviter, se retenir de jouer à l'aventurier du dimanche.»

Au final, n'oubliez pas: l'Afrique est une aventure. Et pour la vivre pleinement, «il faut oser sortir des balises traditionnelles, c'est là que la magie de l'Afrique va s'opérer», dit avec enthousiasme Julien Passerini. Comme on dit en swahili: Hakuna matata (pas de soucis).