Camper jusqu'à la mi-octobre au Québec sans se geler les orteils,est-ce possible? Bien sûr. Et pas besoin de se munir d'un sac de couchage «garanti jusqu'à -35°C». Il suffit de troquer sa tente pour un VR le temps d'une fin de semaine automnale.

Conduire un mastodonte aussi gros qu'un autobus. Faire son entrée dans un terrain de camping en ayant peur de tout accrocher sur son passage. Brancher l'électricité, l'eau et les toilettes. Non, merci.

Par contre, arriver sur place avec une seule petite voiture et poser ses valises dans un véhicule récréatif (VR) déjà installé, avec vaisselle et parfois même literie, voilà une option séduisante. Surtout si l'on souhaite profiter du camping jusqu'au week-end de l'Action de grâce. Exit la conduite stressante, la montagne de bagages et la peur des intempéries. Bienvenue dans un VR tout inclus.

Ce concept est offert dans quelque 110 terrains de camping au Québec.

Le Camping de Compton, où nous nous sommes rendus, en fait partie. Dans ce terrain des Cantons-de-l'Est, situé tout près du village de Compton, le prix journalier d'une location de roulotte varie de 100 à 150$ (taxes en sus), en fonction de la taille du VR. Chaque véhicule est équipé de vaisselle, de casseroles et même d'un écran de télévision. «On appelle ça un bikini-brosse à dents!», lance en riant Aimé Mélix, copropriétaire de l'endroit.

À noter que la liste de l'équipement inclus dans la location varie d'un terrain à l'autre. Mieux vaut s'informer avant de préparer sa valise.

Info: www.campingcompton.com

Un vrai lit sous les étoiles

La vie en VR est-elle faite pour tous? Notre journaliste a tenté l'expérience

Nous étions de nouveaux venus au «village». Plus précisément au Camping de Compton. Comme campeurs «itinérants» - nom donné à ceux qui s'installent sur place le temps de quelques jours -, nous avons vite été repérés. Dès notre arrivée à l'emplacement numéro 240, notre voisin, Robert, nous attendait à côté de notre VR de 36 pi.

Heureusement qu'ils étaient là, André, un technicien pour qui les véhicules récréatifs n'ont plus de secret, et lui. La mise à niveau, les fils à brancher pour l'eau et l'électricité, et surtout... les toilettes, tout cela peut effrayer un néophyte en matière de VR.

Mais en un quart d'heure, André a fait de ce monstre récréatif une maison presque luxueuse munie de deux salles de bains, d'autant de chambres à coucher, d'une cuisine tout équipée, d'un téléviseur à écran plat pour les jours de pluie, d'un système d'air conditionné et... d'une cuisine extérieure permettant de préparer les repas dehors pendant que le reste de la famille se prélasse sur sa chaise, un verre de vin à la main. Et parlant de verres de vin, comble de bonheur, nous n'avons pas eu à apporter les nôtres, pas plus que la vaisselle. Un vrai service tout inclus. Nous n'avions qu'à penser à notre menu.

Chaque nouveau recoin du VR que je découvrais me réconciliait un peu plus avec la vie dans un géant du genre, pour lequel j'entretenais jusque-là les plus grands préjugés.

Je m'attendais effectivement à arriver dans un endroit peuplé essentiellement de retraités et... de chaises pliantes, où les activités s'adressaient davantage aux gens du troisième âge qu'à la jeune famille que nous formons. J'ai plutôt découvert un repaire d'amoureux du plein air où l'on prend plaisir le matin à siroter son café dehors avec les premiers rayons du soleil.

Expérience familiale

L'endroit est également parfait pour les enfants: parc, carré de sable, jeux d'eau, piscines et surtout une ribambelle d'enfants qui déambulent sur leur vélo.

Vive les voisins!

Quelle surprise nous attendait en rentrant à la maison après avoir joué une partie de la soirée? Un petit feu de camp autour duquel avaient été disposées quatre chaises de plastique blanches. «Quel service ils donnent ici!», a lancé mon beau-père, convaincu que ce feu était l'oeuvre des employés de l'endroit. Erreur, cette petite attention venait de nul autre que notre sympathique voisin. Merci, Robert!

Il est d'ailleurs réapparu un peu plus tard en soirée pour nous prévenir qu'avec la pluie qui commençait à tomber, il était mieux de fermer notre auvent, de peur que le vent ne l'endommage. Encore merci, Robert...

Une fois à l'intérieur, je me suis surprise à apprécier l'énorme roulotte en entendant la pluie frapper intensément les fenêtres et le toit. Le lendemain matin, nous étions au sec... ce qui n'était certainement pas le cas des campeurs dormant dans une petite tente de toile.

Lendemain de veille

Le réveil ne se fait toutefois pas sans heurts. Aussi grand que puisse être le VR, on se sent vite à l'étroit. Ayant besoin d'espace - et, disons-le, d'un peu de tranquillité -, j'ai eu tôt fait de mettre le reste de la bande dehors, histoire de préparer tranquillement le café, le pain grillé et les fruits. Et attention de ne rien oublier sur le feu. Nous l'avons appris à nos dépens. Lorsque le détecteur de fumée s'est mis en marche, les autres campeurs nous ont jeté des regards curieux...

Notre manque d'expérience avec les VR nous a ainsi rattrapés à quelques occasions au fil de la fin de semaine.

Des lumières laissées allumées, de nombreuses difficultés pour verrouiller et déverrouiller la porte, sans parler de nos chaises pliantes en tissu qui ont goûté à la pluie deux nuits de suite.

Le plus drôle, c'est que l'on agrandissait ou rapetissait des pièces par erreur. La cuisine et les chambres à coucher prennent en effet de l'expansion une fois le véhicule installé. Pour ce faire, il suffit d'appuyer sur un interrupteur très semblable à celui d'un luminaire. Résultat: la cuisine a changé régulièrement de dimension.

J'ai quitté Compton avec une tout autre vision du camping en VR. Et même si je me plais à dormir dans ma petite tente, j'envisage certainement un autre séjour automnal dans un véhicule récréatif... tout inclus.

Surtout si je recroise sur ma route un voisin aussi dévoué que Robert...

Les frais de ce reportage ont été payé par Liberté en VR

https://gorving.ca/fr

Photo Nathaëlle Morissette, La Presse

Photo Nathaëlle Morissette, La Presse