Après avoir payé les taxes et les autres frais liés à l'achat d'un billet d'avion, plusieurs voyageurs refusent de payer pour une assurance annulation. Or, sans cette couverture, si un imprévu survient, le transporteur peut refuser de leur venir en aide. L'assurance annulation, une nécessité?        

Jiad Joseph Ghoussoub et sa conjointe devaient s'envoler pour l'Europe dimanche dernier, sur les ailes d'Air Transat. La Turquie et la Grèce les attendaient. Deux semaines avant le grand départ, la copine de M. Ghoussoub s'est cassé la clavicule. Opérée d'urgence, elle a ensuite reçu un avis formel de son chirurgien: repos complet pendant trois mois. Et interdiction de voyager.

Devant l'obligation de repousser son projet, le couple a demandé au transporteur s'il pouvait changer les dates du voyage, obtenir un remboursement - soit 2200$ - ou un crédit. En vain. Le couple a perdu son argent. Pourquoi? Il n'avait pas souscrit à une assurance annulation.

«Ça coûte souvent assez cher, explique M. Ghoussoub pour justifier sa décision de ne pas recourir à ce genre de couverture. J'avais l'impression que lorsqu'il s'agissait d'une situation d'urgence, le transporteur nous accommodait avec ou sans assurance.» Et visiblement, il n'est pas le seul à le penser... à tort.

Au Québec et en Ontario, environ une personne sur deux prévoit souscrire à une assurance voyage pour son prochain périple, révèle une étude menée récemment par Desjardins Sécurité financière. La proportion diminue chez les jeunes âgés 18 à 24 ans, où 42,1% d'entre eux affirment adhérer à ce genre de couverture lorsqu'ils voyagent.

Des passagers qui pourraient avoir de mauvaises surprises. Air Transat avait le droit de refuser d'acquiescer aux demandes de M. Ghoussoub et de sa conjointe, car la seule obligation du transporteur est «d'amener les passagers d'un point A à un point B, selon les paramètres du contrat», rappelle Jean Jacques Préaux, porte-parole de l'Office de la protection du consommateur (OPC).

«Pour les vols transatlantiques, 45 jours ou moins avant la date de départ, le siège est 100% non remboursable et il est de la responsabilité du client de se munir d'une assurance annulation», précise pour sa part Valérie Martin, porte-parole d'Air Transat.

C'est vrai pour la plupart des compagnies aériennes, «la très grande majorité des billets sont non remboursables et non transférables, tient à rappeler François Morel, conseiller en développement des affaires chez Desjardins. C'est très imprudent de ne pas être assuré.»

Par contre, lorsqu'un voyageur est couvert, l'assureur rembourse le prix du billet d'avion, les sommes payées à l'avance pour l'hébergement ou une location de voiture si le client doit annuler ses vacances pour cause de maladie, d'accident ou encore si la destination devient un lieu dangereux à visiter, en raison d'un coup d'État par exemple. «En cas d'annulation avant le départ, le montant d'assurance est celui choisi par le voyageur lors de la souscription, selon les sommes engagées dans le projet de voyage, explique Nathalie Bouchard, porte-parole pour la société d'assurances Croix Bleue. Le coût d'un voyage en Chine, réservé dans une agence de voyages, payé 5000$ et non remboursable sera couvert par Croix Bleue en vertu de cette garantie.»

Dans ce contexte, les voyageurs devraient-ils toujours être couverts par une assurance annulation? «On ne peut pas dire aux gens de prendre ou de ne pas prendre ce genre d'assurance, répond M. Préaux. C'est une décision personnelle. Certains ont l'impression qu'ils paieraient pour quelque chose dont ils n'ont pas besoin.... Mais le jour où il arrive quelque chose, on est content de l'avoir.»