L'affaire Manon Hubert, cette Montréalaise qui s'est évaporée dans la nature en abandonnant à leur sort plus de 700 consommateurs en attente de départ, met en relief le risque que l'on court en achetant des voyages à rabais à quelqu'un qui n'est pas affilié à une agence de voyages dûment accréditée par l'Office de la protection du consommateur.

Manon Hubert avait mis en place un système à la Ponzi. Elle prenait des réservations pour des forfaits dans les destinations soleil plusieurs mois avant le départ, donc avant que les grossistes ne commencent à réduire les prix. Mais elle accordait de substantielles réductions, ce qui lui attirait une clientèle qui se faisait de plus en plus nombreuse.

Et elle attendait que les prix baissent pour aller acheter les voyages. Seulement, parfois, les prix pour la propriété qu'elle avait supposément réservée ne baissaient pas. Le système a fini par se gripper. Au début de janvier, à la suite d'une plainte déposée au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), elle a disparu dans la nature, abandonnant à leur sort 756 consommateurs qui lui avaient versé des sommes dont le total s'élevait à 1 289 678 $.

L'office de la protection du consommateur (OPC), qui est chargé de l'application de la Loi sur les agents de voyages, a nommé un «administrateur provisoire» qui s'efforce de débrouiller les écheveaux du dossier. Celui-ci a saisi les différents comptes bancaires de la dame, ce qui a permis de récupérer 400 000 $. Le week-end dernier, il manquait exactement 805 000 $. Et plusieurs centaines de clients ne savaient pas encore s'ils allaient partir ou récupérer leur argent.

C'est que les clients d'une agence de voyages voient normalement leur facture augmenter de 0,35% . Ce petit montant est versé dans un «Fonds d'indemnisation des clients des agents de voyages» (le FICAV), qui est mis à contribution lorsque des agences font faillite ou que leur propriétaire part avec la caisse. Seulement, Manon Hubert retenait les sommes de ses clients et ne contribuait donc pas au FICAV.

«Les consommateurs doivent vérifier si la personne avec laquelle ils traitent est mandatée par une agence détenant un permis de l'OPC en bonne et due forme!», lance Jean Collette, président de l'Association des agents de voyages du Québec. «À quelques différences près, nous vendons tous les produits des voyagistes à peu près aux mêmes prix. Si quelqu'un offre 300 $ de rabais sur un forfait, il y a nécessairement anguille sous roche. Les consommateurs doivent comprendre cela!»

Lui-même propriétaire d'une agence de voyages (Club Voyages Dumoulin), Jean Collette raconte que deux de ses clientes habituelles sont venues le voir, l'été dernier. Intéressées par un forfait au Royal Solaris, un tout inclus de Cancun, elles ont fait valoir que Manon Hubert leur proposait ce produit pour 250 $ de moins que le prix officiel. Il leur a répondu qu'il n'était pas en mesure de rabattre le prix dans de telles proportions et l'affaire en est restée là.

À la mi-janvier, elles l'ont rappelé et lui ont expliqué qu'elles avaient finalement acheté le forfait pour un départ du 22 janvier. Dix jours avant le départ prévu, elles ont tenté de rejoindre Manon Hubert, car elles s'inquiétaient de ne pas encore avoir reçu les documents de voyage. Madame Hubert n'a pas répondu à leur coup de téléphone et n'a pas retourné leurs appels. Elle avait disparu et leur argent aussi.

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