Me voilà dans le stationnement de l'aéroport d'Orlando, en Floride, en train de remplir les documents pour louer un véhicule.

Vous allez prendre l'assurance responsabilité civile, me dit la préposée, comme si c'était une évidence.

- Non merci, je n'en ai pas besoin.

- Mais qu'allez-vous faire si vous avez un accident?

- En cas d'accident, je suis couvert par la garantie de ma carte de crédit.

Ma réponse ne convainc par la dame qui me regarde derrière ses grandes lunettes.

- Mais vous n'êtes pas suffisamment protégé si vous causez des dommages à un autre véhicule ou si vous blessez ses passagers, me dit-elle.

- Oui, je suis protégé. D'ailleurs, chaque fois que j'ai loué une auto aux États-Unis, je n'ai pas pris d'assurance responsabilité.

- Vous auriez dû, ajoute-t-elle. Mais quoi qu'il en soit, c'est à vous de décider. Moi, je devais vous informer.

Elle arrête de parler, me regarde et attend ma réponse.

Devant une telle argumentation, je décide de ne pas prendre de chance. S'il fallait qu'il m'arrive un accident aux États-Unis et que je ne sois pas assuré correctement...

J'ai payé une prime pour être couvert par l'assurance responsabilité civile. Celle qui couvre les dommages aux tiers liés aux blessures et aux collisions.

Est-ce que la préposée avait raison?

Pour en avoir le coeur net, à mon retour, j'ai fait une petite enquête dans le monde, ô combien complexe, de l'assurance automobile.

Conseils à suivre

Deux mois plus tard, après une dizaine d'appels téléphoniques et une série de courriels... je pense avoir (finalement) une réponse: oui, la préposée avait raison.

Pour s'y retrouver, allons à l'essentiel.

Tout d'abord, Robert Lalonde, vice-président Québec, pour Discount Locations d'autos recommande de parler à son courtier d'assurance avant de louer une auto à l'étranger. «Chaque pays, province et État ont souvent leurs propres réglementations», rappelle-t-il.

J'ai donc appelé mon courtier, Christian Guimond, chez Soly, Chabot, Ranger.

«Pour ceux qui veulent éviter les problèmes», il propose de prendre les assurances du locateur d'autos.

«Vous allez payer l'équivalent de 15-20 $ par jour, dit-il, mais tout va s'arranger facilement s'il y a un accident, un vol ou des blessures corporelles.»

Cela dit, Robert Lalonde, de Discount, explique que l'assurance automobile se divise en deux parties.

La première, appelée chapitre A, est la responsabilité civile qui couvre les dommages à une tierce partie, incluant les blessures corporelles. Cette portion n'est habituellement pas garantie par les cartes de crédit.

C'est donc dire que l'on risque très gros si, à la suite d'une bavure, on frappe la voiture d'en face et qu'il y a un mort ou un blessé.

L'autre partie, appelée chapitre B, couvre les dommages liés au véhicule assuré.

«Cette assurance est fournie par la garantie de la carte de crédit», souligne Marie-Claude Lavigne, conseillère aux relations publiques de la Banque Nationale.

Toutefois, précise-t-elle, ce ne sont pas toutes les cartes de crédit qui offrent cette garantie.

Il est donc important de vérifier les restrictions auprès de votre institution (ou dans vos documents) avant de prendre possession du véhicule.

Pour la Banque Nationale, par exemple, il faut avoir payé entièrement la location de l'auto avec la carte Escapade, Or Ovation ou Platine.

Par ailleurs, «les voitures de luxe, très performantes, d'époque, ainsi que les véhicules tout terrain peuvent être exclus», explique un document d'information de l'Autorité des marchés financiers (AMF).

«Enfin, des limites géographiques peuvent être imposées, ajoute l'AMF. Par exemple, le véhicule loué avec une carte de crédit pourrait être assuré seulement en Amérique du Nord.»

Avenant 27

Le courtier Christian Guimond, de Soly, Chabot, Ranger, souligne que les conducteurs qui ont déjà une assurance auto au Québec peuvent prolonger leurs protections pour couvrir la responsabilité pour des dommages à des véhicules qui ne leur appartiennent pas.

Pour ce faire, il faut vérifier avec son courtier si votre police comprend l'avenant 27. C'est habituellement le cas pour les gens qui ont une couverture complète sur leur police (responsabilité civile, collisions, feu, vol, vandalisme, etc.)

«Cet avenant couvre tous les conducteurs inscrits sur la police, explique M. Guimond. Il faut s'assurer que les enfants qui conduisent sont inclus au même titre que les parents.»

L'avenant 27 couvre la responsabilité civile du fait de dommages à des véhicules n'appartenant pas à l'assuré, excluant les véhicules fournis par l'employeur, précise M. Guimond.

En général toutefois l'avenant ne couvre pas les véhicules dépassant une valeur de 50 000 $, bien que cette limite peut être augmentée.

«Par contre, en cas d'accident il y aura un long processus avant de se faire rembourser, dit le courtier. Il faudra faire une déclaration, mettre le montant de l'accident sur notre carte, attendre avant de se faire payer.»

Sans compter, dit-il, que si vous êtes responsable de l'accident, vous serez pénalisé par une hausse du coût de vos assurances lors du prochain renouvellement.

C'est pourquoi, pour éviter les problèmes, il suggère de prendre les assurances du locateur.