Anniversaire de mariage ou de naissance, renouvellement de voeux, baptême ou célébrations en tout genre, une nouvelle tendance s'installe au Québec: les réunions dans les petites auberges, incluant le repas gastronomique en soirée. L'idée: se retrouver ensemble, plus longtemps que dans un restaurant, sans connaître les soucis d'une réception à la maison.

Odile Malépart, copropriétaire de l'auberge À la croisée des chemins, à Tremblant, constate que cette tendance est fortement à la hausse. «Les Québécois semblent de moins en moins enclins à recevoir, soit parce qu'ils n'aiment pas faire la cuisine, soit parce qu'ils n'ont tout simplement pas les couverts et la grande table nécessaire pour le faire», remarque-t-elle.

 

Copropriétaire du gîte Aux Douces Heures, à Dunham, Françoise Del-Vals constate aussi une forte augmentation de la demande pour les réservations de groupe. «Il y a quatre ans, je faisais trois à quatre fêtes de ce genre par année. Aujourd'hui, j'en fais facilement une vingtaine», affirme cette Provençale établie au Québec depuis quatre ans.

Outre les réunions familiales, qui constituent le gros de cette clientèle, les anniversaires de naissance entre amis se multiplient. «Je reçois de plus en plus de vieux copains qui veulent se retrouver pour célébrer leur quarantième ou cinquantième anniversaire. J'ai déjà reçu des amis qui ont profité de leurs retrouvailles pour reformer le groupe de musique de leur jeunesse», se souvient Mme Malépart, qui a ouvert son auberge il y a neuf ans.

Comment les gens sélectionnent-ils leur auberge? Ils fonctionneraient par coup de coeur, dit-on. «Nos clients tombent amoureux de notre gîte et ils veulent y passer du temps en bonne compagnie. Ils savent qu'après le souper, ils pourront prolonger la soirée en se promenant dans les jardins et en relaxant sur la terrasse», explique Monique Lortie, copropriétaire du gîte Les Jardins de l'achillée millefeuille, à La Conception, dans les Laurentides, qui offre de la nourriture bio.

Les clients retrouvent ainsi une atmosphère plus conviviale, plus intime et moins commerciale que ce que leur offre un restaurant. «Louer une auberge en groupe, c'est retrouver la chaleur et l'intimité d'une maison, sans les désavantages - lire faire la vaisselle et préparer le repas», dit Johanne Pépin, copropriétaire du gîte L'Été indien, à Brébeuf. Autre avantage: il n'y a pas d'épicerie ni de comptabilité à faire pour diviser les factures, contrairement à ce qui arrive lorsqu'on réserve un chalet en groupe. Chacun paie sa part, un point c'est tout.

Atmosphère spéciale

Quand un groupe occupe la totalité de l'auberge, une autre dynamique s'installe. Les familles prennent alors la question de l'intimité à la légère, remarquent les propriétaires de gîte. «En groupe, les gens ne ferment plus automatiquement leurs portes de chambre», a déjà constaté Mme Pépin.

Que ce soit en famille ou entre amis, les bébés débarquent en grand nombre dans les petits hébergements, chose plutôt rare en temps normal. «Les jeunes parents se sentent alors plus à l'aise. Il m'arrive fréquemment, dans ce genre d'occasion, d'accueillir deux ou même trois bébés», dit Mme Pépin.

Dans l'intimité d'un gîte ou d'une auberge, les traits de famille sont facilement remarquables. Les petites tensions, si elles existent, sont palpables. Et d'autres petites mauvaises habitudes, acquises il y a fort longtemps, refont surface. «Beaucoup de familles ont tendance, après un repas, à ramasser la vaisselle sale pour la déposer devant leur mère!», constate Mme Pépin, qui s'occupe pourtant du service. Pauvre maman! N'a-t-elle pas droit à des vacances elle aussi?