Peu touchées par les ouragans de septembre, Martinique et Guadeloupe ne seront pas pénalisées pour la haute saison touristique qui s'ouvre aux Antilles, contrairement aux îles de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, dévastées par Irma, qui mettront plus de temps à se relever.

L'ensemble de la zone caraïbe avait été affectée par un repli des réservations en septembre et octobre, les potentiels vacanciers ayant été refroidis par les images diffusées en boucle des ravages provoqués par Irma et Maria dans certaines îles.

Mais en novembre, «l'effet ouragans est vraiment passé pour la Guadeloupe et la Martinique qui devraient faire une bonne saison. Par contre, ce n'est pas le cas pour Saint-Barthélemy et Saint-Martin, qui représentent cependant un plus petit volume» dans le flux touristique vers les Antilles françaises, résume à l'AFP Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage, qui rassemble les agences de voyage.

«Nous sommes revenus à un niveau normal. Nous étions sur une tendance haussière par rapport à la saison passée et nous le sommes redevenus», confirme Willy Rosier, directeur général de l'Office du tourisme de Guadeloupe, où près de 600 000 visiteurs se sont rendus l'an dernier, et qui avec la Martinique - près de 900 000 visiteurs - constituent deux destinations phares des vacanciers français pour le soleil d'hiver.

«Il ne faut pas faire d'amalgame. Martinique et Guadeloupe sont de très belles destinations peu touchées par l'ouragan Irma. Nous enregistrons d'ailleurs une progression des ventes de l'ordre de 19% pour la Guadeloupe et de 10% pour la Martinique par rapport à l'hiver dernier», renchérit Pascal de Izaguirre, PDG de TUI France, qui regroupe notamment les marques Marmara, Nouvelles Frontières, Lookea, Passion des Iles.

Mais la situation est beaucoup plus complexe à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, gravement touchées par Irma, et encore privées d'une partie de la desserte aérienne qui acheminait les touristes: Air France a ainsi annoncé la semaine dernière qu'elle n'assurerait pas de vols directs avant le premier trimestre 2018 entre Paris et Saint-Martin - île qui sert aussi de «hub» pour Saint-Barth.

Désensabler les hôtels

La compagnie Air Caraïbes a quant à elle déjà repris ses vols vers l'aéroport international de Saint-Martin Juliana, dans la partie néerlandaise de l'île, et fait état de «taux de remplissage supérieurs à 85%».

Cependant, avec un bâti endommagé à 95% par l'ouragan, Saint-Martin a quasiment fait une croix sur sa saison touristique.

«Quelques hôtels fonctionnent, notamment ceux qui vivent des réquisitions (pour les militaires, etc.). Certains ont la volonté d'ouvrir en février ou mars, pour la fin de saison, mais plus difficilement à Noël. Tous ont surtout dans l'idée de rouvrir pour la saison 2017-2018», souligne Philippe Gustin, délégué interministériel à la reconstruction de Saint-Barth et Saint-Martin.

«Irma a marqué une rupture nette dans la trajectoire des recherches» pour des voyages aux Antilles sur Google France: si «Guadeloupe, Martinique et République Dominicaine ont fini par retrouver des niveaux proches de ceux de 2016, Saint-Barthélemy et Saint-Martin sont beaucoup plus profondément touchés, avec -60%» dans les requêtes, résume Carolie Bouffault, directrice du département Voyage chez Google France qui a analysé l'évolution des recherches d'internautes entre août et octobre.

Surtout connue comme lieu de villégiature des célébrités, Saint-Barthélemy a également essuyé l'ouragan Irma à son plus fort, mais «ses normes de construction plus sévères» ont permis une moindre dévastation matérielle que Saint-Martin, selon Nils Dufau, président du Comité du tourisme de l'île.

«La saison touristique va être compliquée mais on va vite redémarrer. En décembre, environ 25% des hôtels seront ouverts, ce qui est une belle amorce, et en mars un ou deux établissements cinq étoiles rouvriront également. Et à l'été, 80% des hôtels seront ouverts», a-t-il précisé à l'AFP, soulignant que «les établissements les plus luxueux ont été le plus touchés car ils sont situés en bord de mer, il a notamment fallu les désensabler».