Les récents attentats meurtriers en Turquie, dont le plus récent a eu lieu dimanche à Ankara, pourraient freiner l'ardeur des voyageurs qui songent à visiter le pays au cours de l'été.

« C'est certain que les gens ne nous appellent pas autant que les années précédentes », se désole Grasya Benatar, propriétaire de l'agence de voyages Groupe VIP, qui propose des circuits dans la région. Originaire de ce pays, elle se désole de la situation.

« Pour les Turcs, la vie continue. Mais quand on se concentre sur la situation politique, ça fait peur. Le peuple est inquiet », note-t-elle.

L'an dernier, le pays a accueilli 46 millions de visiteurs, parmi lesquels figuraient 190 000 Canadiens, selon les chiffres du bureau canadien de l'Office de la culture et du tourisme de la Turquie.

Le ministère des Affaires étrangères ne demande pas aux Canadiens d'éviter le pays dans son ensemble, mais il avise de faire preuve d'une « grande prudence » en raison « de la criminalité, du risque d'attentats terroristes et des manifestations qui se produisent couramment à travers le pays ». Il suggère aussi d'éviter tout voyage dans les provinces du Sud-Est, voisines de la Syrie et de l'Irak.

Au Groupe VIP, on a changé les itinéraires proposés aux clients pour s'adapter à la situation. « On évite l'est du pays et les endroits qui ont été ciblés à plusieurs reprises, comme Ankara, explique la propriétaire. Istanbul, la Cappadoce, Antalya et la mer Égée sont des régions considérées comme sécuritaires. »

Le titulaire de la Chaire de tourisme Transat estime pour sa part que la Turquie touristique ne souffrira pas de la situation politique qui prévaut dans la région. « Le risque d'attentat touristique devient ennuyeux s'il y a une certaine redondance. Si on entendait chaque semaine que les touristes sont en danger à Istanbul, ce serait différent. Ce n'est pas le cas », dit Paul Arseneault, qui rappelle que le tourisme est un secteur où le public « oublie rapidement ».

Il faut environ 13 mois à un pays touché par des attentats terroristes pour remettre son industrie touristique sur les rails, a révélé l'an dernier une étude menée par un organisme londonien. Le World Trade and Tourism Concern a étudié le cas de 32 pays touchés par des crises diverses entre 2001 et 2014, pour conclure que c'est d'une épidémie ou d'un désastre environnemental que l'industrie touristique peinait le plus à se relever.

L'attachée culturelle de l'Office de la culture et du tourisme de la Turquie souhaite que les Canadiens ne délaissent pas le pays à la veille de la haute saison touristique. « Plusieurs destinations européennes font face au même problème. Istanbul est une ville où transitent beaucoup de voyageurs et la Turquie prend toutes les mesures de sécurité possibles », insiste Derya S. Acar.