Sept fédérations d'hôtellerie d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de France, réunies à Paris, ont dénoncé vendredi «l'industrialisation» de la location d'hébergements de type Airbnb et demandent à l'Europe une «plus grande équité».

«À Berlin on comptait 11 701 offres Airbnb en février 2014, 13 800 en juillet 2015 et 15 300 en octobre 2015; à Barcelone, on est passé de 12 000 offres de logements sur cette plateforme en septembre, à 14 539 annonces aujourd'hui, idem pour Rome qui comptait 45 offres en 2009 et en compte 18 400 aujourd'hui... C'est le même constat partout, on passe d'un modèle convivial à une réelle industrialisation», a déploré Laurent Duc, de l'Union française des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie (Umih), lors d'un point presse.

«Il s'agit d'offres, très souvent de multipropriétaires, proches de nos métiers, nous hôteliers. Mais il y a un réel déséquilibre des charges, des obligations diverses, c'est pourquoi nous demandons à nos gouvernements et à l'Europe une plus grande équité, une réelle transparence», explique de son côté Jacques Barré, président du groupement français des chaînes hôtelières (GNC).

Mais ces fédérations le répètent: elles «ne sont pas contre l'économie de partage, et souhaitent «juste que les règles du jeu soient les mêmes pour tous».

«En Espagne par exemple, si vous voulez ouvrir un hôtel, il faut remplir 244 lois, ce qui est coûteux et se répercute sur le client», lance Didac Garcia Carreté, directeur de la confédération espagnole des hôtels et hébergements touristiques (CEHAT).

Ainsi, dans le «but de protéger hôteliers et consommateurs», elles demandent entre autres «la mise en place d'une procédure d'enregistrement et de permis systématiques pour toute offre de location; le respect de la réglementation fiscale dans tous ces pays; le contrôle de l'expansion de ces offres ou encore de vérifier l'identité des visiteurs conformément aux obligations de l'accord Schengen», ont lancé les sept organisations.

Selon Didac Garcia Carreté, «à Barcelone, où l'offre d'Airbnb est officiellement proche de 15 000, c'est en réalité 150 000 annonces d'hébergements qui sont proposées».

L'aspect «sécurité» inquiète aussi. «À Londres, 76% des incendies ont lieu dans des maisons. Il existe des réglementations, mais qu'en est-il pour l'économie partagée?», s'interroge Jane Seymour, conseiller juridique de l'association britannique hospitalité (BHA), qui assure «qu'il n'y a aucune surveillance».

Airbnb a publié mercredi un code de bonne conduite à l'intention de ses hôtes et promis de s'assurer que ses hôtes respectent les règles fiscales locales et n'aggravent pas les tensions existantes sur le marché immobilier.