Manque de places aménagées, absence de rampe d'appui dans les hôtels, normes non respectées malgré la présence du logo «handicap»: pour une personne handicapée, organiser ses vacances reste un défi malgré des progrès notables pour renforcer l'accessibilité des structures touristiques.

«Nous voulons les mêmes droits que les autres, et le droit aux vacances en fait partie», affirme Joël Solari, handicapé moteur et adjoint au maire de Bordeaux.

Pourtant, pas facile de faire respecter ce droit. «Je dois toujours téléphoner avant pour m'assurer que ce qui est écrit sur le site est bien vrai», dit-il. L'élu a d'ailleurs ouvert son propre camping en Aquitaine, entièrement accessible.

Christian Gatta, dont l'épouse est malvoyante, témoigne aussi de ses difficultés. «Certains établissements affirment être aux normes, mais n'ont pas le minimum pour les malvoyants: des couleurs spécifiques sur les interrupteurs, une taille de police supérieure sur les documents».

Fin 2011, l'Insee comptabilisait 9,6 millions de personnes handicapées en France.

Pour les aider à trouver un lieu de villégiature, l'association Tourisme et handicap a mis en place un label du même nom, servant de garantie en termes d'accessibilité des sites touristiques.

«Il y a 15 ans, quand on a commencé, on avait du mal à ouvrir les portes, aujourd'hui ce sont les professionnels qui viennent vers nous», explique Annette Masson, présidente de l'association.

Mais elle reconnaît que si certains «veulent bien faire», «ils restent très minoritaires».

Ainsi, seuls 5300 sites sont labellisés, soit «10 à 15% de ce qui pourrait l'être». 2400 structures d'hébergements ont obtenu le label, sur un total de 600 000 sur tout le territoire français.

La présidente de Tourisme et handicap déplore que de nombreuses nouvelles structures ouvrent sans être adaptées ou ne fassent pas «d'efforts», y compris parmi les grandes chaînes.

«Il n'y a pas de contrôles, les commissions sécurité et accessibilité des départements n'ont qu'un avis consultatif sur l'ouverture d'une structure» touristique, détaille Mme Masson. Résultat: les minima de la loi du 11 février 2005 ne sont souvent pas respectés.

«Aussi une question d'éthique»

Pourtant, installer une rampe d'accès ou des éclairages à contrastes de couleur est utile bien au-delà des seules personnes handicapées. «Cela fait partie du confort d'usage pour tous», dit Mme Masson, pour qui les personnes âgées, les familles et tous les usagers bénéficient des aménagements. «Il faut une véritable prise de conscience», estime-t-elle.

Mais les choses évoluent. Matthieu Stauff, propriétaire et gérant d'un hôtel dans le Tarn, a bénéficié de subventions de l'État et de l'Europe pour rendre son établissement accessible. «Mais c'est aussi une question éthique, précise-t-il, d'ailleurs certaines de mes plus belles chambres sont adaptées».

Autre difficulté pour les personnes handicapées, les transports.

Actuellement, entre une et quatre places adaptées sont obligatoires dans les trains selon leur longueur. Mais il reste du chemin. «Dans le tout nouveau train Regiolis (destiné au trafic régional, ndlr), on a quatre places accessibles, les toilettes aussi, mais contrairement à l'ensemble des autres places, elles ne sont pas munies de prises électriques, de porte-manteau, de tablettes et de liseuses. Pourquoi?», demande M. Stauff.

Pour les avions, même combat. «L'Association des paralysés de France en est à son 4e procès contre Easyjet, pour refus d'embarquement», souligne-t-il. L'APF accuse la compagnie de discrimination, la compagnie répond qu'il faut un accompagnateur à toute personne handicapée.

Le budget est aussi parfois un frein aux vacances, car l'addition peut rapidement s'alourdir pour les séjours aménagés et dès qu'un accompagnant est requis, malgré l'existence de dispositifs d'aide aux vacances. «Je ne voyage jamais, reconnaît Emmanuelle, tétraplégique de 36 ans, c'est très cher et très compliqué de trouver des accompagnants».

En effet, si la personne n'est pas en mesure de travailler, elle touche uniquement l'allocation aux adultes handicapés. «Et si la famille n'a pas les moyens, difficile de financer un séjour touristique», reconnaît Joël Solari.