Au sixième jour de grève à Air France, samedi, le mouvement ne s'essoufflait pas, avec plus de la moitié des avions toujours bloqués sur la terre ferme, et les pilotes pourraient encore durcir le ton en prolongeant le conflit jusqu'à la fin de la semaine prochaine.

Selon la direction, 45% des vols doivent être assurés dans la journée avec un taux de grévistes toujours estimé à 60%, des chiffres qui n'évoluent pas, alors que la grève est déjà la plus longue depuis 1998, lorsque la mobilisation avait duré dix jours.

Le préavis du SNPL AF Alpa (majoritaire chez les pilotes avec environ 70% des voix) court en principe jusqu'à lundi. Mais le syndicat en a déposé un nouveau jusqu'au 26 et doit annoncer dans la journée si ses adhérents décident de s'y conformer. Jean-Louis Barber, président du syndicat, a indiqué vendredi à l'AFP que plus de 70% des pilotes avaient participé à une consultation sur ce point, assurant que leur détermination «est intacte».

Air France a «déploré» dès vendredi soir ce nouveau préavis du premier syndicat de pilotes, le PDG de la compagnie Frédéric Gagey regrettant que les «propositions concrètes» faites aux pilotes «n'aient trouvé aucune réponse raisonnable à ce jour».

De son côté, le deuxième syndicat de pilotes à Air France (Spaf) a déjà décidé vendredi d'étendre de deux jours son préavis de grève reconductible, également prévu jusqu'à lundi initialement.

- Dialogue de sourds -

Le conflit se cristallise autour de la low cost du groupe, Transavia, dont Air France-KLM veut développer la flotte pour faire face à la concurrence.

«Les pilotes sont tous favorables au développement de Transavia France, mais pas n'importe comment et pas en délocalisant nos emplois», a assuré vendredi M. Barber.

Les projets d'Air France suscitent en effet chez les pilotes des craintes de «dumping social» et de «délocalisations» au détriment des emplois français.

Après avoir proposé mardi de limiter temporairement l'extension de Transavia à 30 avions en France jusqu'en 2019, Air France a mis sur la table mercredi une deuxième offre: conclure avec les syndicats un accord délimitant les activités de Transavia.

Une proposition «largement insuffisante», pour M. Barber et «pas acceptable» pour le Spaf.

Faute d'avancer dans les discussions, le ton est monté dans la semaine.

«J'en viens à me demander s'il y a vraiment (chez les syndicats) une volonté de négocier», a observé jeudi le PDG d'Air France KLM, Alexandre de Juniac, en rappelant que la grève coûte chaque jour «10 à 15 millions d'euros» à la compagnie qui «sort à peine la tête de l'eau».

Le PDG a repoussé la demande des syndicats d'un contrat de pilote unique pour les gros avions de toutes les compagnies du groupe et les discussions ont pris des airs de dialogue de sourds.

La direction «reste dans ses provocations et sans véritables propositions qui fonctionnent», a dénoncé de son côté vendredi M. Barber pour le SNPL, le porte-parole du Spaf déplorant pour sa part l'absence de «propositions sérieuses».

Le président du premier syndicat de pilotes a par ailleurs assuré que les autres catégories de personnel (hôtesses et stewards et personnels au sol) «commencent à comprendre où cette direction veut en venir avec son projet de délocalisation», n'excluant pas l'hypothèse qu'ils se joignent au mouvement des pilotes.