Le premier ministre russe Dmitri Medvedev a prévenu que la Russie répondrait à l'introduction de nouvelles sanctions en interdisant aux compagnies aériennes occidentales le survol de son territoire pour les liaisons entre l'Europe et l'Asie, au risque de lourds surcoûts.

«En cas de sanctions liées au secteur énergétique ou prévoyant de nouvelles restrictions pour notre secteur financier, il nous faudra répondre de manière asymétrique», a mis en garde le chef du gouvernement dans un entretien publié lundi sur le site du journal russe Vedomosti.

Alors que l'UE doit adopter formellement de nouvelles sanctions contre la Russie, il a cité «par exemple des limitations dans le secteur aérien».

«Nous partons du principe que nous entretenons des relations amicales avec nos partenaires et c'est pourquoi le ciel au-dessus de la Russie est ouvert pour le survol», a expliqué M. Medvedev.

«Mais si on nous impose des restrictions, nous devons répondre. Si les transporteurs occidentaux volent en dehors de notre espace aérien, cela peut provoquer la faillite de nombreuses compagnies déjà à la limite de la survie», a-t-il ajouté.

La Russie avait déjà prévenu début août qu'elle envisageait une d'interdire aux compagnies occidentales le survol de son territoire qui constitue le chemin le plus court pour les liaisons entre l'Europe et l'Asie. Une telle mesure serait douloureuse pour les compagnies qui verraient leurs factures de kérosène gonfler de plusieurs dizaines de milliers d'euros par vol entre l'Asie et l'Europe.

Mais une interdiction aurait aussi des conséquences pour la compagnie publique russe Aeroflot, qui reçoit des indemnités pour ces vols en transit estimées par les experts à plus de 200 millions de dollars par an, alors qu'elle vient de tomber dans le rouge au premier semestre à cause de la crise actuelle et de ses conséquences sur le trafic.

L'action Aeroflot abandonnait 1,23% à la Bourse de Moscou vers 07h30.

«Les sanctions n'aident pas à rétablir la paix en Ukraine», a souligné M. Medvedev, jugeant qu'elles ne s'expliquaient que par «la volonté d'utiliser la force dans les relations internationales».

Dmitri Medvedev a estimé que les sanctions étaient toujours «à double tranchant» et que «celui qui introduit des sanctions le premier se condamne lui-même à des contraintes», rappelant que la Russie «n'avait pas commencé» et s'était «longtemps montrée patiente».

Après l'introduction de sanctions économiques sans précédent contre la Russie pendant l'été, Moscou a déjà décrété un embargo sur la plupart des produits alimentaires européens et américains.

Cette mesure, qui prive notamment le secteur agroalimentaire européen d'un gros débouché, a déjà provoqué une poussée des prix notamment de la viande et du poisson en Russie.