Alors qu'un comité consultatif gouvernemental se penche sur la problématique de «l'hébergement illégal», la populaire plateforme Airbnb se paie un lobbyiste pour entamer des démarches auprès de divers ministères et organismes afin d'apporter des modifications à la loi québécoise sur l'hébergement touristique.

Le lobbyiste-conseil Martin Geoffroy aura le mandat de «faire des interventions auprès des titulaires de charge publique» afin de modifier la Loi sur les établissements d'hébergement touristique pour «la rendre conforme aux activités des hôtes de la plateforme communautaire», peut-on lire dans l'inscription ajoutée vendredi au Registre des lobbyistes.

Il est notamment proposé de changer la définition d'établissement d'hébergement touristique afin d'y inclure la mention «logements partagés», ce qui permettrait de réparer «le vide juridique quant à cette définition», précise-t-on dans cette même inscription.

La démarche témoigne «de l'ouverture d'Airbnb à discuter et à travailler avec les joueurs de l'industrie et avec les autorités municipales ou gouvernementales pour trouver une solution aux problématiques qu'il peut y avoir», a exposé M. Geoffroy en entrevue téléphonique, vendredi après-midi.

L'ancien ministre péquiste du Tourisme, Pascal Bérubé, a annoncé en janvier dernier la création d'un comité consultatif sur «l'hébergement illégal» réunissant les différents partenaires liés au secteur de l'industrie touristique.

La Loi sur les établissements d'hébergement touristique prévoit que «toute personne qui exploite un établissement d'hébergement touristique doit détenir une attestation de classification de cet établissement».

Les contrevenants s'exposent à des amendes variant entre 750 $ à 2250 $ par jour et, en cas de récidive, d'amendes oscillant entre 2250 $ et 6750 $.

Ce ne sont pas les petits joueurs qui sont dans la mire des acteurs de l'industrie touristique, insiste la présidente et directrice générale de l'Association hôtellerie Québec, Danielle Chayer.

«Une personne qui en reçoit une autre contre rémunération une semaine par année, on n'est pas contre ça. On a plus de difficulté avec ceux qui en ont fait un commerce. Il y a des gens qui s'affichent et qui ont deux immeubles qu'ils remplissent comme ça. Donc ça, c'est vraiment déloyal», a-t-elle expliqué vendredi en entrevue téléphonique.

Le ministère du Tourisme s'est montré peu loquace en ce qui concerne le dossier.

«Dans le cadre des travaux du comité consultatif sur l'hébergement illégal, Tourisme Québec a eu des échanges avec des représentants d'Airbnb. Tourisme Québec n'émettra aucun autre commentaire à ce sujet tant que les travaux de réflexion ne seront pas terminés», a écrit dans un courriel Guy Simard, conseiller en communication au ministère.

«Quant à l'embauche d'un lobbyiste par Airbnb, Tourisme Québec n'émettra aucun commentaire à ce sujet», a-t-il ajouté.

Le site Airbnb permet à des citoyens de partout dans le monde de louer leur demeure ou leur chambre. Les hôteliers du Québec et des États-Unis, entre autres, l'ont pris en grippe puisqu'ils jugent que cela les prive de revenus touristiques.

Le site Internet de la plateforme fondée en août 2008 à San Francisco, en Californie, affiche quelque 600 000 logements dans plus de 34 000 villes réparties dans environ 190 pays.