Un simple jambon ramené illégalement de l'étranger peut réintroduire sur le sol européen des maladies éradiquées: pour éviter les scénarios catastrophe, douanes et services sanitaires réitèrent les mises en garde avant les grands départs de l'été.

Il est strictement interdit de rapporter dans l'Union européenne un gramme de viande (charcuterie incluse) ou tout produit laitier (lait, fromage, yaourt).

«On peut par exemple trouver du foie gras israélien mal conditionné. Ou, en provenance d'Afrique, de la viande boucanée (fumée) dans laquelle des mouches ont pu pondre et qui arrive dans des bagages de voyageurs pour être ensuite servie dans des restaurants d'Ile-de-France», explique depuis l'aéroport d'Orly Philippe Allonneau, inspecteur des douanes.

«Ce qui nous alerte, c'est souvent la taille du bagage, le type de sac (en jute plastifiée) ou l'odeur pestilentielle», ajoute-t-il.

Comme dimanche, où les douanes ont saisi près de 14 kilos de singe, d'agouti (rongeur), de pangolin ou de thon en état de décomposition avancée.

Les passagers venaient d'Afrique subsaharienne via une escale à Casablanca. Ils risquent une amende de quelques centaines d'euros seulement, car la sanction est fonction du poids de la marchandise, et non du danger qu'elle représente.

«Les singes peuvent transporter le virus Ebola», fièvre hémorragique foudroyante qui tue en République démocratique du Congo notamment, commente Alain Guignard, vétérinaire à la Direction de la protection des populations du Val-de-Marne.

Plus généralement, les viandes ou les fromages au lait cru peuvent être porteurs de maladies éradiquées en Europe comme la fièvre aphteuse ou la peste porcine, s'inquiète Loïc Evain, sous-directeur chargé des affaires sanitaires européennes et internationales à la Direction générale de l'alimentation.

Un ananas avec une nouvelle mouche

Quel est le risque présenté par un voyageur qui rapporterait un jambon porteur de peste porcine? Il rentre en France, pique-nique avec et abandonne un bout de sandwich dans l'herbe; un sanglier le récupère, contracte la peste porcine et la transmet à des porcs d'élevage. Voilà comment la maladie pourrait par un concours de circonstances réapparaître en France, selon lui.

Depuis les révolutions, il y a par exemple une recrudescence de fièvre aphteuse en Égypte et en Libye. Et dans de nombreux pays, on ne sait pas quelles maladies sévissent encore, explique Loïc Evain.

Si elles revenaient sur le sol français, cela aurait de graves conséquences pour les agriculteurs qui se verraient fermer les frontières d'un certain nombre de pays.

En 2012, les douanes ont saisi en France 31 tonnes de marchandises sanitaires non conformes, essentiellement de la viande, souvent en provenance d'Afrique ou d'Asie. Ce chiffre est stable par rapport à 2011, mais les douanes espèrent que les campagnes d'informations auprès du grand public permettront d'enrayer les saisies.

S'agissant des autres denrées (fruits, plantes, poissons, lait infantile), ils sont autorisés, dans de petites quantités et sous conditions.

Mais elles comportent aussi un danger, l'importation de nuisibles comme les mouches des fruits. Raison pour laquelle les semences sont tout bonnement interdites: elles peuvent contenir un nouveau nuisible qui coloniserait les cultures.

C'est via l'aéroport de Roissy qu'est arrivée en France en 2002 la chrysomèle du maïs, raconte Loïc Evain. Au moment où les agriculteurs tentent de baisser leur consommation d'insecticides, il vaudrait mieux éviter de rapporter ce genre de «cadeau» de l'étranger.