Le monde du tourisme peut remercier les aînés. Peu importe la crise, ils partent en vacances. Et sous tous les formats: en locations en France, dans des hôtels-clubs de Tunisie ou d'Espagne, en arpentant l'Asie, seuls ou en circuit organisé...

Selon une étude d'Eurostat, les plus de 65 ans pèsent de plus en plus lourd dans l'économie du tourisme de l'Union européenne, ils représentaient 20% des dépenses en 2011 contre 15% en 2006.

De plus en plus nombreux, ils constituent un réservoir considérable de développement pour un secteur qui subit depuis trois ans la baisse du pouvoir d'achat de nombreux actifs, crise oblige.

En retraite depuis un an, Jean-Paul et Monique ont réservé cinq semaines en Polynésie, départ en septembre. « On avait fait le Vietnam en 2009 », expliquent-ils à l'AFP au Salon des aînés, qui s'est ouvert jeudi à Paris.

En février, ils ont passé quatre jours à Vienne. En mars, une semaine aux sports d'hiver. Ce couple aisé de 63 et 60 ans dit consacrer environ 15% de ses revenus aux voyages.

À mesure que le marché des aînés grossit, les offres visant la « silver économie » se multiplient.

Et pour cause: les aînés voyagent souvent plus loin et plus longtemps. Quant aux baby-boomers en retraite, ils ont généralement plus de moyens que leurs parents autrefois. Ceux qui le peuvent optent volontiers pour des voyages sophistiqués, avec circuits et culture, donc coûteux. Ce qui fait d'eux une clientèle recherchée.

Les aînés, 2e clientèle après les jeunes mariés

Chez Galeries Lafayette Voyages, à Paris, les aînés représentent plus d'un tiers des ventes, c'est la deuxième clientèle après les jeunes mariés, explique Clémentine Piscione, l'une des responsables de l'agence Haussmann. « Leur budget est plus élevé que la moyenne. Quand ils font un voyage, ils le font bien », dit-elle.

Mais la communication ciblée est difficile à promouvoir, les séniors appréciant rarement qu'on les étiquette comme tels. Sauf peut-être sur un salon dédié...

Sur le stand de Gamma Travel, de grandes pancartes vantent des offres « long séjour » sous le soleil de Tunisie, à Djerba, Monastir, Hammamet... Le voyagiste réalise 30% de son chiffre d'affaires grâce à des forfaits tout inclus de trois à douze semaines ciblant les séniors.

« On en a vendu 1220 cet hiver », explique Denise, la commerciale. « Certains clients partent début novembre et rentrent en France pour Noël. On peut séjourner à deux à Djerba pendant trois mois pour 4810 euros », relève-t-elle. « Le calcul est vite fait, surtout qu'ils économisent le chauffage chez eux pendant ce temps-là... »

Le printemps arabe a certes fait sérieusement flancher la destination Tunisie, y compris l'offre pour aînés long séjour, souligne le directeur Mourad Kallal. « Mais on vend, avec un panier moyen de 1000 euros en moyenne cet hiver. Et notez que 80% des femmes viennent seules. Elles rencontrent des gens sur place », dit M. Kallal.

Au chômage depuis six mois, Patrick Verdier, 58 ans, ancien responsable de la maintenance dans une résidence médicalisée, espère pouvoir préserver ses vacances malgré ses difficultés. Avec sa femme Annie, aide-soignante de 56 ans, il aime randonner et le couple a l'habitude de louer, toujours en France.

« Partir c'est s'échapper, ça fait du bien. À deux on gagne 3000 euros par mois et 10% de nos revenus sont pour les vacances. Malgré le chômage, on va essayer de maintenir nos deux séjours par an, même s'il faut réduire le budget », explique-t-il.