Les passagers qui montent à bord des avions traînent parfois un lourd bagage émotif. Pleurs à l'embarquement, peur bleue de l'avion, couples qui reviennent d'un voyage en pleine crise... Le chef de cabine Julio Meneses en a vu de toutes les couleurs. C'est toutefois une simple lettre qui l'a le plus marqué.

En route vers Paris, en juin dernier, tout l'équipage d'un vol d'Air Transat avait remarqué une passagère peu bavarde. Quelque chose n'allait pas et l'équipage s'était passé le mot. « Son visage était fermé, elle ne souriait pas, se souvient Julio. Elle ne disait pas s'il vous plaît ou merci, elle semblait très mécontente. »

En fin de vol, lorsque la femme a sorti un papier et un crayon, les agents de bord ont vu venir la lettre de plainte. À Paris, elle a remis le papier à un agent. « C'est pour vous. »

Quelques mois plus tard, dans l'avion qui vole vers Punta Cana, Julio Meneses est visiblement ému lorsqu'il sort la lettre de son bagage de cabine. « J'ai 56 ans et j'ai 5 enfants qui m'ont donné 15 petits-enfants, bientôt 16, peut-on lire. Mes enfants et amis m'ont payé ce voyage parce que c'était mon rêve et que le médecin m'a annoncé la semaine dernière qu'il ne me restait que quelques mois. Je vous remercie de votre gentillesse et d'avoir rendu mon voyage encore plus agréable. »

« C'est mon trésor, dit Julio en rangeant précieusement la lettre dans sa valise. Ça montre qu'on ne doit pas se fier aux apparences et qu'on ne sait jamais ce que vivent les passagers. »