Certains voyageurs qui s'offrent une formule tout-inclus pour aller se faire dorer au soleil n'osent pas annoncer ouvertement leur projet à leur entourage. Et ceux qui le font sentent parfois le besoin de se justifier en évoquant la fatigue ou un besoin extrême de soleil et de chaleur. D'autres encore évitent d'aborder le sujet par snobisme. Ou ont plutôt l'impression d'aller à l'encontre de leurs principes en encourageant une industrie parfois très exigeante avec les travailleurs locaux et souvent peu soucieuse de l'environnement. Pour ou contre le tout-inclus?

«Le tout-inclus a créé un monstre, affirme sans détour Paul Arseneault, directeur du Réseau de veille de la chaire en tourisme Transat ESG-UQAM. Dans le Sud, la main-d'oeuvre est payée à une fraction des salaires d'ici. Est-ce que c'est éthique? Je ne peux pas répondre. Mais assurément, dans certains pays, le tourisme représente jusqu'à 25% du PIB, souligne-t-il. Dans ce contexte-là, ne pas y aller en vacances n'est peut-être pas la solution. Boycotter le tourisme, c'est en quelque sorte décréter un embargo économique. Et dans ces cas-là, ce n'est pas tant le gouvernement qui en souffre, mais la population en général.»

Est-ce que ce genre de voyage contribue au développement de l'économie locale? Sur un forfait de 2500$ (deux adultes et un enfant), environ 1200$ se retrouvent dans les coffres de la compagnie aérienne, 350$ vont au voyagiste, entre 50$ et 100$ payent la commission de l'agence de voyages et entre 800$ et 900$ atterrissent dans la caisse du centre de villégiature. «Il n'y a personne qui fait beaucoup d'argent avec ça», souligne M. Arseneault.

Luidgi Iannello, vice-président produits pour Vacances Tour Mont-Royal, fait le même constat. La seule façon d'être rentable, c'est de vendre beaucoup de forfaits. Le gagnant, c'est le consommateur.»

Qu'en pensez-vous?

La parole est aux lecteurs. Voici quelques commentaires écrits sur le Blogue-trotter, la semaine dernière:

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«Tout à fait pour! Ce type de voyage répond aux besoins de nombreux voyageurs. Les avantages sont nombreux: faible coût, sécurité des complexes hôteliers, sécurité psychologique par la facilité de la transaction, découverte de la culture locale à son rythme, etc. Toutefois, si on veut davantage de découvertes et d'imprévus, ce n'est pas ce type de voyage qu'il faut choisir. L'été prochain, nous allons en voyage en famille en Europe et nous faisons toutes les démarches par nous-mêmes (avion, hôtels, visites, voitures, etc.) Ça demande des heures et des heures de démarches. Découvertes et immersion garanties! Donc à chacun son choix!»

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«Entre 756$ au Québec pour l'hébergement avec le déjeuner et le souper (taxes incluses) dans une auberge moyenne de Charlevoix et 714$ dans un tout-inclus quatre étoiles à Cayo Guillermo (Cuba) incluant la boisson et la nourriture à volonté, et ce, pour la même date, mon choix est fait. Pour me dépayser, pour le temps plus clément, pour relaxer, j'aime ces voyages tout-inclus. Je voyage quand même au Québec, mais je ne pars jamais une semaine, car c'est trop cher quand on inclut les repas et la boisson.»

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«Personnellement, je suis moralement incapable de fréquenter les tout-inclus. Je ne serais pas capable de profiter pleinement de mes vacances en sachant que mon repos se fait au détriment de la population locale, trop souvent exploitée par les propriétaires occidentaux des chaînes d'hôtels à forfait, ou de l'environnement, parfois négligé pour faire place à des constructions impressionnantes, mais sauvages.»

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«Complètement contre. C'est l'antithèse du voyage, une forme de colonialisme touristique. Il n'y a aucune immersion culturelle, on transpose la culture des voyageurs dans un autre lieu, tout simplement. Mais le pire, c'est que ça détourne les efforts de développement en créant une certaine forme de dépendance économique envers l'extérieur.»