La grève des personnels du contrôle aérien contre une réforme de la navigation, suivie de manière disparate selon les régions, a entraîné lundi la fermeture de plusieurs aéroports ainsi que des retards parfois conséquents et l'annulation de dizaines de vols.

> Sur le web: pour connaître la situation aux aéroports de Paris

La CGT, la CFDT et l'Unsa ont appelé les personnels de la navigation aérienne, dont les aiguilleurs du ciel, à protester lundi et mardi contre la suppression des postes et l'importante restructuration du service en province.

Le conflit a conduit à la fermeture des aéroports de Pau, en raison de l'absence du chef de la tour de contrôle, Béziers (Hérault), Rouen, Avignon, Le Bourget (Seine-Saint-Denis) où les services des contrôles aériens sont fermés, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

Des retards de plusieurs heures ont été enregistrés dans la matinée en région, alors que des dizaines de vols avaient été annulés dès ce week-end en prévision de la grève. La DGAC, autorité de tutelle des contrôleurs dépendant du ministère des Transports, avait en effet demandé dès vendredi aux compagnies aériennes de supprimer 20% de leurs vols lundi et mardi au départ ou à l'arrivée d'Orly.

Sur cette plate-forme, où 22% des vols ont finalement été annulés, il fallait compter en moyenne 1 heure de retard sur les vols au départ et à l'arrivée, selon une source aéroportuaire. La situation restait toutefois calme, sans file d'attente, le mouvement de grève ayant été «largement anticipé» par l'aviation civile et les compagnies, selon cette source.

Au départ de Roissy, Air France indiquait à la mi-journée avoir maintenu l'intégralité de son programme, avec cependant quelques retards, alors qu'ailleurs, des dizaines de vols ont été annulés: plus d'un tiers des 90 vols d'Air France à Nice, 36 à Lyon Saint-Exupéry et 28 à Toulouse.

La réquisition de contrôleurs aériens, permise par le service minimum applicable dans 17 des plus importants aéroports, a permis toutefois d'assurer un minimum de vols.

Au niveau national, le taux de grévistes chez les contrôleurs était de 18,5% dans la matinée pour le premier tour de service, selon la DGAC (50% à Orly, 50% à Toulouse et 35% à Marseille). La CGT évoquait elle un taux de grévistes avoisinant les 90% à Toulouse, 80% à Marseille et 50% à Nantes.

La grève touche essentiellement la direction des services de la navigation aérienne (DSNA). Ce pôle, l'un des trois de la DGAC, est chargé de fournir les services de la circulation aérienne, de communication, de navigation et de surveillance ainsi que les services d'information aéronautique.

Les syndicats estiment que près de la moitié des 30 services de contrôle d'approche sont menacés et par ricochet des dizaines d'emplois. Les approches sont l'un des trois niveaux de contrôle aérien, avec les tours de contrôle en France (plus de 80), et les cinq centres régionaux de contrôle en vol en métropole.

«Les usagers de l'espace aérien français ne sont pas que les compagnies aériennes, il y a une multitude d'usagers (l'aviation de loisir, l'aviation sportive, etc...), (...) On ne peut donc pas centraliser à outrance les approches et appliquer de manière mécanique la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques), autrement le service ne sera pas bon», a souligné Philippe Lohat, délégué central CGT.

Le SPAC-CFDT souhaite l'arrêt de l'application «aveugle» de la RGPP. «Notre souci c'est de maintenir l'outil de travail en état de fonctionner. Mais il faut pour cela discuter et faire un état des lieux complet de la DGAC, qui ne va pas bien, la situation est critique», dit Jean-Christophe Saluste, secrétaire national du syndicat.

De son côté, la DGAC justifie sa volonté de restructurer ses services, notamment par l'évolution des besoins, une coordination européenne accrue et la modernisation des technologies.