Les États-Unis, imités par la France et le Canada, ont supprimé dans certains avions les systèmes qui fournissent de l'oxygène en urgence dans les toilettes en cas de dépressurisation, de crainte qu'ils ne servent aux terroristes.

Aux États-Unis, la désactivation de ces générateurs d'oxygène a été notifiée dans le journal officiel («Registre fédéral») le 4 mars et confirmée dans un communiqué de l'administration de l'aviation civile (FAA) paru jeudi.

La FAA a invoqué vouloir «éliminer une vulnérabilité potentielle pour la sûreté et la sécurité». Interrogée par l'AFP vendredi sur la nature de cette «menace potentielle», elle s'est refusée à tout commentaire.

Quelque 6000 avions sont concernés aux États-Unis.

L'Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) a indiqué vendredi à l'AFP que la France avait également demandé aux compagnies de désactiver ces générateurs d'oxygène. La compagnie Air France a confirmé, tandis que la Direction générale de l'aviation civile s'est refusée à tout commentaire.

La mesure a aussi été adoptée récemment par le Canada, a dit à l'AFP un porte-parole du ministère canadien des Transports, Patrick Charette, ajoutant qu'un communiqué devait être publié avant la fin de la journée.

Le Syndicat national français des pilotes de ligne (SNPL) a indiqué que la mesure était prise pour empêcher un terroriste de démonter, à l'abri des regards, un générateur d'oxygène, qui alimente les masques, dans le but de fabriquer une bombe.

L'Agence européenne de la sécurité aérienne a relativisé ce risque. «Ce n'est pas exactement un risque de bombe, mais le procédé chimique des générateurs d'oxygène entraîne un risque d'augmentation important des températures et donc effectivement il y a une possibilité d'y mettre le feu», a indiqué à l'AFP son porte-parole, Dominique Fouda.

Ces générateurs ont été impliqués dans deux accidents d'avion aux États-Unis. En 1986, un avion vide garé à l'aéroport de Chicago O'Hare avait été détruit par un incendie causé par un de ces générateurs. Et en 1996, un avion de la compagnie ValuJet s'était écrasé, tuant ses 110 passagers, peu après avoir décollé de l'aéroport de Miami. L'enquête avait déterminé que l'incendie avait été provoqué par des générateurs périmés placés dans la soute sans précautions suffisantes.

Le risque est désormais que les passagers se trouvant dans les toilettes au moment d'une dépressurisation de la cabine ne s'évanouissent.

La FAA a estimé que d'une part une dépressurisation était un événement «extrêmement rare» et que d'autre part les équipages étaient entraînés à faire face à ce type de situation. Les pilotes abaissent l'altitude pour augmenter la concentration en oxygène et le personnel de cabine guide les passagers vers les masques, «y compris ceux dans les toilettes», a-t-elle rappelé.

Pour une association américaine de défense des droits des passagers, FlyerRights, ce risque est inacceptable. «En clair, la FAA fait le calcul qu'il n'y aura pas de dépressurisation», a affirmé à l'AFP sa porte-parole Kate Hanni.

Le SNPL prend le risque très au sérieux aussi. «Dès la semaine prochaine, nous donnons comme consigne aux pilotes de ne pas dépasser les 25 000 pieds, à moins que des mesures palliatives soient mises en oeuvre», a affirmé son porte-parole Louis Jobard.

Selon FlyerRights, à cette altitude (7600 mètres environ), un homme perd connaissance au bout de trois à six minutes.

Tous les avions ne sont pas concernés par la mesure, a précisé Air France. La compagnie a expliqué avoir désactivé le système sur tous ses Airbus A320, mais sur trois A340 seulement, tandis que les A380 sont équipés de générateurs qui ne posent pas de problèmes.