Au moment où j'écris ces lignes, j'aurais dû être en train de récupérer dans un hôtel de Johannesburg, après un long vol au dessus de l'Atlantique Sud. Mais je suis tout bonnement installé devant mon ordinateur. À Montréal.

La semaine dernière, j'ai pris un avion de United Airlines pour Washington où je devais embarquer à bord du vol de South African Airways (SAA) vers Johannesburg. Lorsque j'ai présenté mon passeport au comptoir d'enregistrement de SAA, la préposée l'a longuement feuilleté, avant de me dire qu'elle ne pouvait pas me laisser monter à bord de l'avion. Motif invoqué: toutes les pages réservées à l'apposition des visas et des tampons d'entrée étaient estampillées. Il restait bien quelques espaces libres, çà et là, mais la jeune femme m'a appris que l'Afrique du Sud exigeait une pleine page vierge pour apposer son permis d'entrée dans le pays.

Appelée en renfort, sa superviseure m'a répété qu'il s'agissait d'une exigence incontournable. Elle m'a montré un avis émis par l'ambassade d'Afrique du Sud à Washington stipulant qu'en effet, les voyageurs qui ne disposaient pas d'une pleine page vierge réservée aux visas et tampons dans leur passeport seraient refoulés dès leur arrivée. Elle m'a conseillé d'appeler l'ambassade du Canada et de demander qu'on ajoute de nouvelles pages à mon passeport. En faisant vite, j'aurais peut-être eu le temps de revenir à temps pour prendre le vol. J'ai appelé l'ambassade où la préposée aux services consulaires m'a annoncé qu'on ne greffait plus de pages supplémentaires dans les passeports canadiens, depuis quelques années. Elle m'a dit qu'il fallait que je demande un nouveau passeport, soit à l'ambassade de Washington, ce qui aurait pris entre 48 et 72 heures, soit à Montréal où j'aurais pu obtenir un passeport en 24 heures, sur présentation de mes documents de voyage.

Dans un cas comme dans l'autre, les contraintes d'horaires auraient différé mon arrivée en Afrique du Sud de trois jours, ce qui ne m'aurait pas permis d'assister aux événements auxquels j'avais été invité (mais ceci est une autre histoire). J'ai donc décidé d'annuler mon voyage et je suis rentré à Montréal en fin d'après-midi.

En consultant le site Voyage.gc.ca, mis en ligne par le ministère canadien des Affaires étrangères, je me suis aperçu que, dans les pages consacrées à l'Afrique du Sud, il est bien indiqué que «l'entrée sera refusée aux Canadiens qui présentent un passeport dont toutes les pages sont remplies (au moins deux pages doivent être vierges pour y placer le visa ou le permis de séjour temporaire sud-africain requis.)»

Je n'avais jamais lu jusqu'au bout tous les conseils et recommandations donnés sur ce site dont je recommande pourtant régulièrement la consultation aux lecteurs du «Courrier du voyageur». Je savais qu'il fallait se garder des pages libres pour permettre aux autorités des pays exigeant un visa d'y apposer leurs tampons, mais comme l'Afrique du Sud n'impose pas l'obligation du visa aux ressortissants canadiens...

Une porte-parole de Passeport Canada m'a appris que la procédure consistant à ajouter des pages à un passeport trop utilisé avait été abolie le 4 janvier 2005. «Un requérant dont toutes les pages sont remplies doit présenter une nouvelle demande de passeport», m'a-t-elle expliqué. J'ai donc présenté une demande de renouvellement. J'avais un passeport de 24 pages. Cette fois, je m'en suis fait préparer un nouveau de 48 pages, qui ne coûte que 5$ de plus (92$ au lieu de 87$ pour le document de 24 pages).

En guise d'expérience touristique, j'aurai visité l'aéroport Dulles de Washington, qui est à peu près désert en milieu de journée. Et en attendant l'ouverture du comptoir de SAA, j'ai mangé un hamburger-frites au Harris Tap Bar, un troquet voisin du comptoir d'enregistrement Air France. Les frites n'étaient pas bonnes.