New York Boeing a encore décalé de six mois, jusqu'à l'été, le calendrier de livraison de son nouvel appareil 787, dit Dreamliner, portant à plus de trois ans les retards accumulés par cet avion victime d'un incendie durant un vol d'essai il y a deux mois.

«Cette nouvelle date de livraison du premier 787 Dreamliner tient compte du travail qui reste à accomplir pour effectuer les essais et procéder à la certification», a indiqué Scott Fancher, directeur général de ce programme chez Boeing, en évoquant «une certaine marge dans le calendrier» permettant de faire face à d'éventuels nouveaux problèmes.

Ce délai, le septième depuis le lancement du programme en 2004, avait été largement anticipé. Du coup l'action Boeing était en hausse de 3,18% à 72,30 dollars, l'incertitude ayant été dissipée.

«L'évolution globalement décevante de ce programme a déjà été prise en compte dans (le cours de) l'action», écrivait mardi Howard Rubel, analyste à la banque d'investissement Jefferies.

Plus généralement, «la forte demande dans le secteur des voyages et la nécessité d'augmenter la cadence de production des avions civils sont des facteurs positifs» pour Boeing, ajoutait-il.

Pour Kenneth Herbert, analyste à la maison de courtage Wedbush, Boeing est désormais soumis à une pression maximum pour respecter le nouvel échéancier: «la compagnie comprend que les investisseurs sont de plus en plus impatients, et qu'un nouveau retard aura de toute évidence des ramifications allant au-delà d'un impact sur les résultats financiers», a-t-il indiqué.

Pour l'heure, Boeing indique que le nouveau calendrier n'aura pas d'impact sur les résultats financiers de 2010, qui seront publiés le 26 janvier. «Les prévisions financières et les premières livraisons de 787 envisagées pour l'année 2011» doivent être précisées à cette occasion, a indiqué le groupe.

Alors qu'au lancement de ce programme de biréacteur long courrier, les premières livraisons avaient été prévues pour mai 2008, désormais il faudra que la compagnie japonaise ANA, première cliente, patiente au moins jusqu'au troisième trimestre (juillet-septembre) 2011.

C'est une aubaine pour l'A330 d'Airbus, qui vise un marché similaire en termes de capacité, a expliqué l'analyste spécialiste du secteur aéronautique Richard Aboulafia à l'AFP.

«On a déjà vu des chiffres record pour l'A330 en 2010», y compris avec des clients qui avaient commencé à commander des 787, a-t-il noté.

Le Dreamliner est un pari industriel pour Boeing, avec une utilisation massive de matériaux composites, pour alléger l'appareil et réduire sa consommation de carburant. Le programme repose aussi sur un recours plus important que jamais aux sous-traitants qui, selon les syndicats maison, aurait compromis la qualité et fini par augmenter les coûts.

Pour le moment, Boeing en est à reprendre des vols d'essai qui avaient été interrompus en novembre. A l'époque, l'avion «ZA002», deuxième des six appareils utilisés pour les essais, effectuait un vol test lorsqu'un incendie s'est déclaré dans la cabine en phase d'approche de l'aéroport de Laredo (Texas, Sud des Etats-Unis).

L'incident a été mis sur le compte d'un panneau électrique défectueux, un court-circuit s'étant déclaré après qu'un «corps étranger» eut été oublié dans une armoire électrique.

Selon le conglomérat United Technologies, dont la filiale Hamilton Sundstrand fournit ces équipements, le remède pour éviter la répétition d'un tel incident serait relativement simple et peu onéreux: «une petite modification sur les panneaux de distribution d'électricité, et une petite modification du logiciel».