Tours du monde en classe affaires, privatisations de yachts en Méditerranée ou hôtels de luxe dans des réserves africaines...: après une année 2009 en demi-teinte pour cause de crise, le tourisme de luxe retrouve des couleurs.

«L'an dernier, on a touché le fond. Depuis ça remonte doucement, l'hiver a été correct mais juillet retrouve les niveaux de 2008 qui était une très belle année», explique à l'AFP Frédéric Savoyen, directeur de Nosylis, agence de voyage spécialisée dans le luxe.

Et d'ajouter, «le dossier à 10.000 euros revient alors qu'il avait beaucoup chuté l'an dernier» contrairement aux très gros budgets «qui eux ont toujours été là».

Pour Bart de Four, directeur de l'agence Tapis Rouge (plus d'un tiers du chiffre d'affaires provient de dossiers à plus de 30.000 euros), le voyage de luxe bénéficie d'une «réelle reprise». Il espère comptabiliser cette année 1.500 clients, contre 900 en 2009.

Pour preuve notamment, «le retour des tribus», continue-t-il, citant l'exemple en Afrique de lodges, ces hôtels de charme en dur ou de toiles, de quatre ou cinq chambres permettant de se retrouver entre amis ou en famille.

«Ce sont souvent aussi des grands parents qui invitent leurs enfants et petits-enfants», ajoute-t-il en faisant allusion aux 40 ans de mariage célébré par un couple qui a réservé un bateau avec escale en Corse pour une quinzaine de personnes, pour un budget de 100.000 euros.

Même les tours du monde ont le vent en poupe note Michel Deparis, directeur des Connaisseurs du Voyage, agence spécialisée dans ce type de voyage.

«Nous n'avons pas trop souffert l'an dernier car le tour du monde est planifié de longue date. Parfois, les gens prennent une année sabbatique pour le faire. Ce n'est pas une semaine aux Baléares!», dit-il.

Toutefois, M. Deparis pense en vendre plus cette année dans la catégorie luxe: «presqu'une vingtaine contre 12 en 2009».

Mais le comportement des acheteurs a changé. «La clientèle est devenue très exigeante. Elle attend plus de services gratuits comme réserver une baby-sitter, bloquer une table dans un restaurant ou un soin dans un institut...», explique M. Savoyen.

«En avoir pour son argent» est devenu le leit-motiv de ces jeunes cadres ou professions libérales qui avait commencé à goûter au voyage de luxe avant la crise et qui ont dû revoir à la baisse leurs budgets l'an dernier.

«Je n'ai plus de clients qui comme avant me disaient: +j'ai 50.000 euros, qu'est-ce que vous proposez+?», souligne M. Savoyen.

«L'heure est plus à l'exclusif, au personnalisé, au confidentiel», renchérit Bart de Four.

Les grands clients veulent faire découvrir à leurs enfants des cultures, vivre des expériences inédites, en participant à une cérémonie bouddhiste ou en suivant un chef à la pêche, par exemple.

Côté destinations, la Namibie ou le Bostwana sont des valeurs sûres de même que l'Océan Indien, la Chine ou les États-Unis mais l'Amérique latine grimpe en flèche car «l'offre hôtelière de luxe s'y développe» comme au Brésil, au Chili ou au Pérou, dit M. Savoyen.

Le luxe rejoint les autres catégories en matière de ventes de dernière minute, toujours plus nombreuses, tandis que les clients surfent de plus en plus sur Internet avant de réserver en agence en raison des sommes en jeu et pour pouvoir réserver une chambre en particulier, «et pas une autre».