Paris, aéroport Charles-de-Gaule, dimanche autour de 13 h 30. Tous les passagers du vol Air Canada AC 871 sont assis, prêts pour le décollage à destination de Montréal. Un message se fait entendre. Le départ est retardé. La cause: une quarantaine de passagers manquent encore à l'appel.

Puis, on entend une engueulade.

«Don't touch me. I have a Canadian passport. I have a Canadian passport. Don't touch me. I have...» Voilà les mots qu'elle répétait avec rage et hargne aux agents de bord qui lui demandaient de sortir de l'avion, tout en essayant de l'empêcher d'aller s'asseoir.

 

Vêtue d'un jean à la mode, d'un manteau et d'un béret noirs, la dame de couleur, dans la jeune trentaine et assez costaude, est entrée de force dans l'avion, après avoir franchi pas moins de six postes de vérification. Hors de question pour elle d'acquiescer à la demande des agents de bord. Ils ont eu beau se mettre en travers du couloir, la dame a réussi à se rendre jusqu'à la rangée 23 du Boeing 777.

Elle s'est assise, cramponnée au siège 23C. Visage crispé. Terrifié. Puis, les agents de bord l'ont tout bonnement laissée seule. Témoins de la scène, des passagers se regardaient, en silence, surpris, ne sachant trop que faire ou penser...

Seul un agent de bord est resté planté comme un piquet dans le couloir, deux rangées plus loin, surveillant la passagère récalcitrante.

Cinq minutes plus tard, peut-être 10, deux gendarmes français, armés, arrivent dans l'avion et demandent à la dame de bien vouloir sortir. Elle ne les regarde pas, se cramponne à son siège. Les gendarmes tentent de la tirer de force de son siège. Rien à faire. S'engage alors une lutte à trois. Les policiers réussissent à l'extirper de son siège et, de peine et de misère, la couchent par terre dans le couloir.

Enragée, elle se débat. Une fois bien menottée, les policiers tentent tant bien que mal de la sortir de l'avion. La dame agrippe ses pieds à tous les bancs. Puis, finalement, ils réussissent à la transporter à l'extérieur de l'avion. L'intervention des policiers a duré 15, 20 minutes... Peut-être une éternité pour les passagers. Mais tous étonnamment très calmes sous le feu de l'action. Aux aguets, évidemment.

Une agente de bord demande aux passagers si la dame avait déposé un sac dans un des bacs de rangement. Une des passagères disait qu'elle en était certaine... «Je l'ai vue ranger un sac...» L'agente de bord est repartie... Pas de sac.

L'embarquement des 350 passagers en partance pour Montréal s'est poursuivi. L'avion a finalement décollé de Paris avec plus d'une heure de retard. Sans aucune explication, si ce n'est que des passagers étaient en retard!