Le salon touristique World Travel Market (WTM) s'est ouvert lundi à Londres pour quatre jours, dans une ambiance inquiète, le secteur voulant cependant croire que la crise économique sera passagère et que les grandes tendances à l'oeuvre actuellement l'aideront à s'en sortir.

«Je dois avouer qu'il y a eu des moments au cours des six dernières semaines où je me suis dit : Et maintenant, qu'est-ce qui va se passer?» a reconnu lundi la présidente du WTM Fiona Jeffery, en admettant «que dans certaines parties du monde, et certainement ici en Europe occidentale, moins de voyages seront vendus» en 2009.D'autant que «le climat financier change presque tous les jours et qu'il est difficile de développer des stratégies, non seulement pour l'an prochain mais pour 2010 et 2011», a-t-elle relevé.

Face à ces dangers, le WTM a préconisé d'observer l'approche globale adoptée par les gouvernements du monde entier vis-à-vis de cette crise. «Il est temps pour le secteur du tourisme de rechercher une approche globale et d'être dirigé de manière coopérative», a dit Mme Jeffery, alors que se tient mardi dans le cadre de la manifestation une réunion qui doit rassembler une centaine de responsables nationaux du tourisme.

L'ambiance n'était pourtant pas complètement à la morosité lundi dans les allées du salon, où sont attendus cette année quelque 47 000 visiteurs et 5600 exposants.

Mme Jeffery a souligné ainsi que, malgré la crise, il est toujours prévu que «1,6 milliard de personnes seront concernées par le voyage et le tourisme international d'ici à 2020».

Manny Fontenla-Novoa, le directeur général du groupe de tourisme Thomas Cook (Jet Tours en France), a reconnu que «2009 sera difficile», mais s'est dit persuadé «que le secteur du voyage généraliste ne s'était jamais aussi bien porté». «Les entreprises qui s'en sortiront l'an prochain sont celles qui ont des noms réputés et celles qui apportent à leurs clients le meilleur rapport qualité-prix et le meilleur service», selon lui.

Certes, a noté le WTM dans son rapport annuel, «la consolidation s'accélère» dans le secteur aérien, et «les taux d'occupation hôteliers baissent» dans les économies avancées.

Mais le cabinet Euromonitor, co-auteur du rapport, note aussi «le désir grandissant du client pour une responsabilisation sociale et environnementale, l'interaction sociale, des expériences de voyage authentiques et des pratiques commerciales responsables». Il conseille ainsi aux opérateurs de laisser cette «consommation responsable diriger le secteur dans ces temps incertains».

Ce souci de connaître autrui peut prendre la forme de rencontres avec les plus deshérités, sur leurs propres terres, très prisées des riches Américains. Ou, à l'autre bout du spectre des budgets, d'échanges de maisons voire «d'hébergement sur canapé», gratuit pour les plus jeunes, qui se développe à grande vitesse, notamment en Europe, autant par goût de la découverte culturelle d'un pays «au plus près» que pour des questions financières.

Le WTM prédit aussi le développement du tourisme «long courrier» par les pays sud-américains, notamment vers l'Europe, «un must» pour ces pays, ou vers l'Australie. Il souligne le potentiel du Moyen-Orient qui regorge désormais d'expatriés (80% des résidents aux Emirats Arabes Unis), et qui, riches ou moins riches, veulent voyager dans la région.

Le WTM voit aussi l'Asie comme une grande bénéficiaire, y compris de la crise des subprime qui fera migrer des étrangers vers ses institutions financières, dopant les voyages d'affaires et de loisirs dans la région. Certains pays asiatiques de surcroît, comme la Thaïlande ou la Malaisie, mènent aussi des politiques actives pour attirer les retraités étrangers.