De plus en plus de grands-parents veulent non seulement s'impliquer dans l'éducation de leurs petits-enfants, mais aussi créer des liens encore plus forts en voyageant avec eux, sans la présence des parents. Ce phénomène, l'une des tendances en plus forte croissance dans l'industrie du voyage, les Américains lui ont donné un nom: «grandtravels».

En 2006, Michelle et Marc Gélinas, âgés respectivement de 70 et 71 ans, ont emmené leur petite-fille de 11 ans en France, laissant les parents et son petit frère à Repentigny. Ce fut, au dire des grands-parents, cinq semaines de pur bonheur. La Côte d'Azur, les arènes de Nîmes, la tour Eiffel, le jardin du Luxembourg, la Comédie-Française, le château de Versailles, Carcassonne et j'en passe, la petite en a eu plein les yeux.

«Notre objectif était de lui montrer les plus beaux endroits de la France», explique Mme Gélinas, inconditionnelle de l'Hexagone.

Est-ce que Laurence s'est ennuyée avec mamie et papi? Que non! «C'était notre principale inquiétude, mais finalement, elle oubliait même de téléphoner à ses parents tous les deux jours, comme il était prévu», raconte la grand-maman.

La clé du succès: faire un voyage ludique et non éducatif. «C'est elle qui nous guidait et qui nous disait ce qu'elle voulait faire. Par exemple, au Louvre, qu'elle a vraiment adoré, c'est elle qui choisissait les oeuvres qu'elle voulait voir», affirme Mme Gélinas, résidante d'Outremont. Évidemment, la Joconde a fait partie du lot.

Tellement enchantés par ce premier voyage, les Gélinas planifient déjà leur second «grandtravel». Cette fois, ils partiront avec le frère de Laurence, Charlot, quand il aura 11 ans, en 2010. La thématique du voyage a même déjà été choisie: les châteaux.

«J'ai tellement hâte à ce voyage que j'en rêve tous les jours», avoue la grand-maman.

Phénomène en hausse

À l'instar des Gélinas, de plus en plus de grands-parents se font plaisir en voyageant seuls avec leurs petits-enfants.

Selon des données américaines, le phénomène des «grandtravels» serait en hausse de 60 % depuis 1996 aux États-Unis. Signe de cet engouement, des agences se spécialisent maintenant dans ce type de voyage, comme la compagnie Grandtravel ou Elderhostel, tandis que d'autres entreprises courtisent activement ce créneau.

C'est le cas du pionnier des vacances tout-inclus, Club Med. «Depuis 2004, notre marketing s'adresse directement aux grands-parents en leur faisant valoir les multiples possibilités qu'offrent chez nous les voyages intergénérationnels. Dans nos villages rénovés, comme Punta Cana, on a conçu des suites familiales en pensant à eux», explique Christine Dicaire, directrice du marketing chez Club Med Canada.

À notre connaissance, il n'existe pas de statistique sur le phénomène au pays.

«Cependant, dans l'industrie du voyage, on remarque un retour aux valeurs traditionnelles. Les gens veulent de plus en plus voyager en famille, dans le sens élargi du terme», affirme Claude Péloquin, analyste au Réseau de veille en tourisme de la Chaire en tourisme Transat.

Selon ce dernier, on peut donc supposer qu'avec l'arrivée massive des baby-boomers à la retraite, les «grandtravels» prendront de l'ampleur au pays d'ici quelques années. Une tendance qui risque certainement de faire plaisir aux petits-enfants. L'analyste cite une étude américaine mentionnant que 56% des enfants affirment vouloir voyager avec leurs grands-parents. Et que dire des parents, qui profitent des «grandtravels» pour refaire le plein d'énergie pendant l'absence des enfants.

Toutefois, les vacances avec les petits-enfants ne se déroulent pas toujours comme prévu. Même s'ils ont aimé leur expérience, Lise et Georges Lizotte, âgés respectivement de 61 et 65 ans, ont quelques réserves.

«Le voyage que nous avons fait l'été dernier au bord du lac Ontario a été assez exténuant», admettent ces grands-parents de Bromont. Le hic, c'est que leurs deux petits-enfants de 5 et 7 ans se chamaillent beaucoup. Qui plus est, ils ont trouvé le temps de transport très long (quatre heures de route). «Comble de malchance, le lecteur DVD dans la voiture ne fonctionnait pas», raconte Mme Lizotte.

Ces grands-parents en ont tiré une leçon. «Selon nous, à cet âge, deux, c'est trop. À l'avenir, nous avons l'intention de voyager avec un seul enfant à la fois», concluent-ils.