Du nord de la Mongolie vers le sud, nous arrivons au désert du Gobi et empruntons un véhicule pour atteindre les dunes. Mais voilà qu'une pluie torrentielle s'abat sur nous et nous immobilise. Une inondation dans une région désertique!

Si vous n'avez jamais vu un campement se monter rapidement, mettez-y un bon orage, quelques grondements de tonnerre et un éclair par-ci, par-là! Après une journée avec 12 personnes entassées dans une camionnette de six places, sur une piste cahoteuse, nous avons battu un record. Nos neuf enfants et adolescents s'attellent à la tâche et, en 10 minutes à peine, nos quatre tentes nous abritent, et nos sacoches sont protégées de la tempête. J'entends la grêle marteler la toile. Nous sommes au sud de la capitale, entourés d'une plaine de sable qui ne laisse pousser que quelques plants d'oignons sauvages. Le chauffeur s'inquiète. Le lendemain matin, nous constatons les dégâts. L'eau ne sait pas où se faufiler. Le désert est inondé. Le 4 X 4 s'enlise dans la boue. En trois heures, nous parcourons à peine 12 kilomètres. Nous sommes bloqués par une immense rivière d'une centaine de mètres de largeur. Le débit du torrent nous empêche de circuler.

Un véhicule s'y aventure et s'embourbe. Nous attendons et, en milieu d'après-midi, nous traversons finalement à pied. La vitesse des flots nous donne le vertige. L'eau glaciale nous arrive à la taille. Charles, 12 ans, peine! Spontanément, son frère aîné lui prête main-forte. La camionnette, à vide, passe plus facilement. Pendant trois jours, la même histoire se répète. Une fourgonnette se renverse, plusieurs s'enlisent. Je filme une scène. Avec ma caméra et son zoom puissant, j'aperçois, au milieu de la rivière, un homme sur le toit d'un véhicule qui appelle des secours. La rivière, sortie de son lit, couvre une largeur de 300 à 400 mètres. J'avertis notre chauffeur. Il regarde à travers mon objectif et voit aussi la détresse des passagers. L'aide s'organise, mais il faut attendre que le niveau d'eau baisse pour intervenir. Quelques heures plus tard, tous sont sains et saufs. Nous roulons maintenant en convoi avec deux autres minibus. Un nomade de la place nous guide en moto. La piste n'est plus apparente. La première camionnette s'enlise jusqu'à la carrosserie. Tout le monde coopère pour la sortir de là: des cordes, un cric, un pneu, des hommes courageux et généreux de leur temps. Après trois heures de dur labeur, ça y est. Nous continuons notre route... pour nous arrêter quelques kilomètres plus loin. La piste est impraticable. Il faut patienter et attendre que l'eau se retire.

Nous atteignons, avec plusieurs jours de retard, la ferme où nous allons prendre des chameaux. Nous grimpons enfin sur nos montures: 10 immenses mâles. Marc-Antoine, 7 ans, très impressionné, s'installe devant moi entre les deux bosses. Une couverture munie de deux étriers y est attachée et nous sert de selle. Nous guidons notre animal à l'aide d'une corde passant sous le nez. Le rythme est lent. C'est très différent de nos petits chevaux. Nous atteignons enfin les dunes. Nos bêtes s'assoient. Les jeunes sautent aussitôt et partent en courant. Leur objectif: grimper jusqu'au sommet. À chaque enjambée, le sable s'éboule, et nous redescendons d'un demi-pas. En haut, le vent souffle fort. Les minuscules grains se faufilent dans notre nez et nos oreilles, dans la caméra et l'appareil photo. La montée est pénible, mais la descente est amusante. Avec de grandes enjambées, nous sommes déjà en bas. Nous reprenons la piste et nous dirigeons vers Yolgin Ann, un canyon de glace. Sera-t-il aussi inondé?