Qui? Deux parents, neuf enfants de 7 à 23 ans, et la blonde d'un des garçons! Quoi? Un voyage en famille, à dos de cheval Où? En Mongolie

Imaginez partir en Mongolie, pour faire un voyage à dos de cheval, lorsqu'on a... neuf enfants! Impossible? Pas du tout! C'est cette aventure que vit présentement Michèle Leclerc. Elle partage avec nous, à distance, ses histoires, tout l'été.

En autonomie complète, avec nos neuf enfants, nous traversons une partie de la Mongolie. Nous longeons le lac Khövsgöl jusqu'à la frontière russe. Nous sommes entre deux mondes, deux époques. En route, nous célébrons les fêtes nationales mongoles du Naadam.

Naturellement, et sans grand choc, nous troquons notre vie capitaliste pour celle du nomade. Au réveil, couchée dans la tente, j'entends un cheval hennir et un agneau qui appelle sa mère. Au déjeuner, des Mongols nous invitent à partager leur repas. Nous buvons avec délice du thé au lait de yak et mangeons du pain frais. Au dîner, notre guide Tomoor nous offre un immense bol de viande de mouton et de chèvre. J'y reconnais une mâchoire, des rognons, du foie, de la peau. Rien n'est perdu. Marc-Antoine, 7 ans, mange avec appétit le sang coagulé cuit. Sa soeur Danièle, 13 ans, n'ose goûter quoi que ce soit. Il faut lui laisser le temps.

Pas question de faire de l'équitation aujourd'hui. Nous célébrons les fêtes nationales mongoles. Nos montures nous attendent dans la steppe. La cérémonie commence avec un défilé de cavaliers en uniforme militaire de l'époque de Genghis Khan. Puis les festivités s'amorcent. Les nomades profitent de l'occasion pour se rassembler pendant ces trois jours. Ils renouent avec leurs racines guerrières à travers différentes épreuves: la lutte, le tir à l'arc et la course de chevaux, qui représentent respectivement la force, la sagesse et le courage.

Les lutteurs défilent devant nous; ils portent un boléro coloré qui couvre leur dos, un caleçon assorti et de grandes bottes. Le principe est de renverser son adversaire. Le gagnant exécute une danse rituelle mimant l'aigle. Ensuite, il tape amicalement les fesses du perdant! Le vainqueur est déclaré ourak, ou invincible. On lui remet une poignée de cubes d'aaruul, du yogourt séché. Le lutteur en mange, puis en lance aux spectateurs et dans l'arène. Trois ou quatre combats ont lieu simultanément.

Puis toute la foule se lève. Que se passe-t-il? Nous voyons, au loin, des cavaliers. Les enfants de 5 à 8 ans chevauchent leurs petites montures au grand galop. Parfois à cru, ou debout sur leurs étriers ou sur leur selle mongole. Ils cravachent énergiquement leur monture. C'est à qui arrivera le premier.

Pendant ce temps, les tireurs se préparent. Hommes et femmes peuvent y prendre part. Trois flèches sont mises à la disposition de chaque participant. Ils doivent toucher une cible placée au sol, 75 mètres plus loin. Si le but est atteint, les arbitres lèvent les bras en l'air, dansent et chantent. Ce sport, héritage de la chasse et de la guerre, demande rapidité et précision. Le meilleur archer reçoit le titre de mergen, ce qui signifie «habile» ou «adroit».

Peu à peu, le terrain se vide. Nous retournons au campement. Les nuages grisonnent. Nous avons à peine le temps de monter les tentes que le tonnerre gronde. Une fois les selles et le harnachement cachés sous la toile, l'orage éclate. Il grêle. Sous notre abri, nous observons la nature qui se déchaîne. La rivière est à sec, alors l'eau est bienvenue. Nous récupérerons le précieux liquide pour boire demain. Nous allons à la rencontre du peuple Tsataan, éleveur de rennes.

C'était notre dernier ravitaillement dans un village. Nous adoptons le régime alimentaire du pays, basé presque exclusivement sur les produits des troupeaux de yaks, de moutons et de chèvres: viande, lait, yogourt ou fromage. Nous apportons des grains: 10 kilos de riz et de la farine. Par mesure de précaution, nous prenons quelques saucissons. Impossible de trouver ici des fruits ou des légumes. J'ai réussi à dénicher dans la capitale quelques raisins, abricots et prunes séchés. Et pour les moments où le moral sera plus bas, je cache quelques sucreries. Nous n'aurons accès à l'autre monde, celui de la modernité et de l'abondance, que par l'entremise du téléphone satellite. Les enfants sont fébriles.

Note: Impossible pour la famille Dury-Leclerc de nous envoyer des photos pour l'instant. Nous utilisons donc cette semaine une photo d'agence de presse.