Qui? Deux parents, neuf enfants de 7 à 23 ans, et la blonde d'un des garçons! Quoi? Un voyage en famille à dos de cheval. Où? En Mongolie.

Les voyages en famille, c'est toujours un peu plus compliqué. Les petits, les bagages, les vaccins, parfois. Alors imaginez partir en Mongolie, pour faire un voyage à dos de cheval, lorsqu'on a... neuf enfants! Impossible? Pas du tout! C'est cette aventure que vit présentement Michèle Leclerc et sa famille nombreuse. Elle partagera avec nous, à distance, ses histoires, tout l'été.

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Youppi! Nous avons trouvé des chevaux. Des cris de joie retentissent! Nous prendrons bientôt possession de nos 12 montures, une pour chacun des membres de la famille. L'animal du petit Marc-Antoine, 7 ans, a été choisi, paraît-il, avec minutie. Nous parcourrons les steppes et les hautes montagnes mongoles au rythme des pas. En Mongolie, le cheval est roi; grâce à lui, Genghis Khan et ses troupes de cavaliers ont pu, au XIIIe siècle, traverser les monts enneigés à l'ouest, le désert aride du Gobi au sud et les immenses plaines du centre. Ces habiles guerriers y ont conquis près de la moitié du monde connu à l'époque. Image emblématique de la Mongolie, on retrouve cet animal sur leurs instruments de musique. Il est le sujet de nombreuses chansons et histoires. Il est, encore aujourd'hui, un des atouts principaux de la survie de ce peuple nomade.

Nous filons vers le parc national de Terelj. Ici, des hardes de chevaux vivent paisiblement, en liberté. Ils mesurent à peine 1,3 mètre au garrot. Chez nous, on les qualifierait de poneys. Nul ne doute que c'est en bonne partie grâce à la force et à l'endurance de ces petits chevaux que Genghis Khan s'est emparé de l'Asie et d'une partie de l'Europe aussi rapidement. Avec nos montures, nous retrouverons le souffle épique des conquêtes mongoles. Nous vivrons un peu à la manière de ces guerriers.

Mais nos idées de grandeur tombent instantanément tant nos selles mongoles sont inconfortables. Les étriers ajustés comme pour les jockeys, très hauts, et attachés l'un avec l'autre de façon très serrée, nous donnent des crampes aux jambes. Sur cette selle de bois, de belles décorations en métal tombent juste à l'intérieur de la cuisse.

Nous visitons le parc dans cette position. Plusieurs ont de la difficulté à admirer le paysage tant nous sommes inconfortables. Nous contournons l'immense tortue de pierre, symbole de longévité. Mais nous avons mal au fessier. Nous croisons des chevaux de Przewalski - ce sont les seuls cousins réellement sauvages du cheval domestiqué. J'ai des bleus aux jambes et des crampes musculaires. Louis-Philippe (20 ans) et Jean-Cristoph (22 ans) saignent au niveau des ischions! Mais la douleur est oubliée momentanément: papa Pierre se trouve devant nous. Depuis un mois, nous voyageons sans lui. Et le voilà au milieu des steppes, derrière notre campement de yourtes. Il a parcouru le monde pour venir nous rejoindre. Montréal-New York-Beijing-Oulan-Bator et, enfin, le parc Terelj, 80 km à l'est de la capitale. Nous lui sautons au cou. Le lendemain, il n'est pas question de remonter à cheval sans nos selles australiennes apportées du Québec. Sous la pluie, nous marchons au temple bouddhiste en forme d'éléphant.

Puis, en autobus, nous roulons vers la ville. Nous préparons l'expédition. Au marché, nous achetons de la nourriture sèche, quatre selles russes en cuir pour les plus jeunes, nos tapis de selle à 3$, nos brides à 4$.

Deux jours de route nous attendent. Nous commencerons notre randonnée au lac Khövsgöl, au nord du pays. Nous célébrerons les fêtes nationales du Naadam à Hatgal. Au programme: lutte, tir à l'arc et courses équestres. Puis, à cheval, nous partirons à l'aventure dans les montagnes, à la rencontre du peuple Tsataan. Dans les semaines qui vont suivre, nous vous garantissons un récit unique. Nous espérons partager avec vous notre sensation de liberté.