Qui? Deux parents, neuf enfants de 7 à 23 ans, et la blonde d'un des garçons! Quoi? Un voyage en famille à dos de cheval. Où? En Mongolie.

Les voyages en famille, c'est toujours un peu plus compliqué. Les petits, les bagages, les vaccins, parfois. Alors imaginez partir en Mongolie, pour faire un voyage à dos de cheval, lorsqu'on a... neuf enfants! Impossible? Pas du tout! C'est cette aventure que vit présentement Michèle Leclerc et sa famille nombreuse. Elle partagera avec nous, à distance, ses histoires, tout l'été.

>>> À lire aussi: À bord du Transmongolien... en famille et La Mongolie à cheval... avec neuf enfants!

Après cinq jours et cinq nuits dans le Transmongolien, de Moscou à Oulan Bator, capitale de la Mongolie, nous atteignons notre destination. À la recherche de chevaux, nous nous préparons à traverser le pays à cheval avec nos neuf enfants âgés de 7 à 22 ans.

Durant le trajet en train, les hardes de chevaux aperçus n'ont fait qu'attiser notre ardent désir de découvrir le pays à cheval.

Une fois nos visas obtenus, en famille, nous partons pour la campagne mongole. En attendant l'arrivée de papa, qui doit nous rejoindre dans quelques jours, nous rencontrerons les orphelins du Centre du Lotus. En même temps, nous espérons avoir des contacts pour trouver nos montures.

Au milieu de la steppe se dresse un campement d'une dizaine de yourtes. La yourte, cette tente ronde faite en feutre, avec une armature en bois, est la maison traditionnelle des Mongols. Malgré la pluie, à peine sommes-nous arrivés qu'une trentaine d'orphelins viennent à nous. Les diamants de leurs regards me touchent en plein coeur. Chaque fois que mes yeux croisent leurs petits yeux plissés, leurs visages s'illuminent, et leurs sourires éclatent. Ils nous prennent par la main, nous enlacent. Ces enfants authentiques et spontanés parlent un langage universel: celui de l'amour. Nous passons quelques jours à jouer au ballon, à chanter et à marcher dans la montagne. Où que l'on regarde, la puissance, la grâce, et la rudesse de cette nature sont présentes. En l'absence d'électricité et d'eau courante, nous allons tous les jours à la rivière puiser et filtrer l'eau. Les couleurs explosent: celle de l'oued, la blancheur des yourtes, le jaune de certaines plaines, le bleu du ciel et le vert de la prairie. C'est pur, c'est beau.

Puis, un son de tam-tam attire notre attention. Mon fils Raphaël (16 ans), accompagné de quelques orphelins, marche dans la direction du bruit. Le spectacle est saisissant. Une dizaine de personnes en deel coloré, l'habit traditionnel mongol, dansent et jouent de la musique. Un bébé est mort sans qu'on sache pourquoi. Le chaman appelle Dieu. Ses pas se coordonnent au battement des instruments. Le rythme s'intensifie. Il y a une force étrange dans ce pays, une énergie présente partout. Ici, les arbres aux troncs tortueux parlent, la terre se raconte. Au-dessus de nous planent les aigles. Marc-Antoine, 7 ans, et Danièle, 13 ans, vont au lever du jour à la ferme voisine. Hier, un loup y a mangé un agneau. On nous offre généreusement le kéfir et le yaourt. Ce peuple nomade ne cultive pas la terre. Son alimentation provient presque exclusivement de l'élevage: le laitage le matin et le midi, et le soir la viande. Aujourd'hui, le blé et le riz de Chine ont été ajoutés à leur alimentation. Didi, la directrice de l'orphelinat, devrait venir réapprovisionner le camp en nourriture. Mais la rivière est trop haute, elle n'a pas pu s'y rendre. Le lendemain, elle arrivera par la montagne, mettant ainsi plusieurs heures de plus. À moins que le niveau de l'eau augmente, la piste devrait être carrossable d'ici quelques jours. Mais nous avons une occasion d'aller à pied jusqu'au village. Nous sommes à la merci de dame nature. Les enfants insistent. Nous marcherons sur un sentier non balisé pendant 12,5 kilomètres et traverserons six rivières. Un 4 x 4 nous précède avec nos bagages et tout le matériel électronique. L'eau nous arrive à la taille. Le courant nous pousse. Le soir, les jumelles, Marie-Michèle et Marie-Pierre, 16 ans, ont des ampoules aux pieds. Il est 20 h. Le soleil se couche à l'horizon. Les tentes nous abriteront pour la nuit. Les plus vieux sortent la bouteille de Vodka Gengis Khan et en dégustent une gorgée. Ils rient. Quelle aventure!