Des voyageurs intrépides nous racontent leurs histoires. Elles sont parfois rocambolesques et même difficiles à croire. Parfois, aussi, leurs aventures ont surtout d'extraordinaire qu'elles les ont menés plus loin. Dans tous les sens du terme.

Qui?



Louis Fortier et son amoureuse, Audrey Provencher, amateurs de plein air

Quoi?

La route vers le camp de base de l'Everest

Où?

Népal

***

C'est sur une piste d'atterrissage de 450 mètres de long, inclinée de 12%, que notre aventure a commencé. À 2800 mètres d'altitude.

Nous étions à deux semaines de marche de notre sommet, le Kala Patthar, presque trois kilomètres plus haut. Une équipe népalaise de 25 porteurs, cuisiniers et guides, ici appelés sherpas, attendait notre groupe de 12 marcheurs et portait déjà à leur dos 40 kg d'équipement, retenus à leur corps par une simple bandoulière sur la tête. Après ce premier choc culturel, nous étions en route pour une expérience qui allait façonner le cours de nos vies.

Les premières journées nous ont permis de traverser de splendides, mais vertigineux, ponts suspendus au-dessus de rivières, de contempler de majestueux pics de roche, de neige et de glace, de longer des lacs d'une limpidité irréelle, d'assister et même de participer à des chants et des danses typiquement népalais offert par nos sherpas et porteurs, d'envoyer des dizaines de «Namaste» en guise de bonjour à plusieurs Népalais au sourire tellement, tellement chaleureux... Au cours de notre aventure, nous nous sommes liés d'amitié avec nos sherpas qui nous apportaient le thé en nous réveillant le matin, montaient et démontaient nos tentes, nous apprenaient quelques mots népalais. Nous avons aussi vu le sommet de certaines montagnes devenir d'un rouge vif lorsque les derniers rayons de soleil de la journée les frappaient. Nous avons vite réalisé à quel point nous vivons dans l'abondance.

Enfin, d'abord de loin puis de plus en plus près, l'image de la plus haute montagne du monde s'est déployée sous nos yeux... Magique.

Partout sur notre chemin, nous avons vu flotter les typiques drapeaux népalais de cinq couleurs, imprimés de prières.

Comme nous nous rapprochions lentement de notre objectif, les difficultés qui accompagnaient notre périple, surtout reliées à l'altitude et au froid, augmentaient. Des chaussettes fraîchement lavées se transformaient en bâtonnets glacés sur notre corde à linge. Il neigeait à l'intérieur de nos tentes à cause de la condensation. Nous nous réchauffions autour d'un poêle alimenté par de la bouse de yack encore pleine de méthane. Nous avons connu plusieurs des maux reliés à l'altitude: maux de tête, fatigue, manque d'appétit, puis enduré les effets secondaires des médicaments traitant ces malaises. Mais le plus difficile a été de voir nos porteurs dormir avec de simples petites couvertures, par des nuits pourtant très froides, entassés comme des sardines pour profiter d'un peu plus de chaleur. De voir un porteur quémander de l'eau parce que le pauvre, était assoiffé, de croiser le regard d'un autre porteur dans une montée atroce et glaciale et d'avoir vu le vide dans ses yeux. Ce fut également une épreuve de voir trois porteurs et un sherpa redescendre, incapable de poursuivre l'ascension et d'avoir vu une des nôtres nous quitter à 4900 mètres, trop affectée par l'altitude.

À 100 mètres de l'ultime sommet, j'avançais de 10 petits pas à la fois avant de m'arrêter pour reprendre mon souffle et reposer mes muscles affaiblis par le manque d'oxygène, le tout sous le regard de ma fiancée qui, non loin derrière, avait presque perdu espoir d'atteindre le sommet.

Ce n'est que quelques instants plus tard (qui nous ont paru une éternité) que nous avons touché l'ultime sommet de notre excursion, le Kala Patthar, à 5650 mètres au-dessus du niveau de la mer. C'est avec une difficulté monstre que nous y avons mis les pieds, les yeux rougis par une large gamme d'émotion. Malgré une fin d'après-midi au lit, exténué, nous avons atteint le lendemain le mythique camp de base de l'Everest, à 5360 mètres. Grandiose.

La réalisation de ce rêve nous a procuré un sentiment immense d'accomplissement. Désormais, à chaque montagne que nous allons rencontrer sur nos chemins de vie, nous allons nous remémorer notre route vers le camp de base de l'Everest.

Vous avez une aventure à nous raconter ? voyage@lapresse.ca