Se faire héberger par l'habitant à Bali à dix euros la nuit, séjourner dans une villa sur la côte brésilienne ou dans des yourtes en Andalousie ... en temps de crise, la location d'une chambre d'hôte permet de faire le tour du monde à moindre coût.

«A prestation égale, une chambre chez l'habitant peut revenir deux fois, voire quatre fois moins chère que l'hôtel», assure Magali Boisseau, fondatrice du site bedycasa.com, qui met en contact candidats au voyage et propriétaires de chambres d'hôtes.Mais le prix n'est pas le seul critère de choix: «les touristes ne veulent pas être considérés comme de simples numéros, ils cherchent une expérience personnalisée, le contact avec l'habitant, des conseils pour visiter le lieu de vacances», explique-t-elle.

Adepte de ce type de tourisme, Estelle Zazzaron, étudiante en économie à Grenoble, 22 ans, est enthousiaste: «c'est bien mieux que les dortoirs d'une auberge de jeunesse ou un hôtel à bas prix. On partage la vie d'une famille, on découvre la vie locale et vos hôtes vous font découvrir la ville».

Partie à Buenos Aires, pour séjourner quelques jours dans un appartement d'un quartier chic après avoir «réussi à mettre des sous de côté», Estelle a pu ainsi assister à un asado, le traditionnel barbecue à l'argentine: «c'est l'immersion totale, notre hôtesse nous a présenté tous ses amis».

En France aussi, «les chambres d'hôtes connaissent un véritable boom, qu'il s'agisse de séjourner dans de petites maisons de charme ou des châteaux, les touristes cherchent de l'authenticité et des vacances qui ont du sens», commente Didier Arino, gérant du cabinet Protourisme.

«Cantonnées auparavant au monde rural, les chambres d'hôtes cartonnent maintenant dans les villes, à Paris, Bordeaux ou encore à Nantes, cela répond à une demande des touristes étrangers», relève-t-il.

Les Gîtes de France, label né il y a 55 ans pour revitaliser les campagnes grâce au tourisme, ont ainsi décidé lors de leur congrès en juin de lancer des hébergements en ville (chambres d'hôtes et meublés) pour capter une nouvelle clientèle de voyageurs professionnels et davantage de visiteurs étrangers.

La Fédération vise «au moins 30%» du marché des chambres d'hôtes en ville d'ici trois ans. Les Gîtes de France comptent 44 250 gîtes ruraux et 10 500 maisons d'hôtes.

Ces ambitions ne sont point du goût des hôteliers qui y voient «une concurrence sérieuse». «Plus il y a de chambres d'hôtes, plus les hôtels vont souffrir en ces temps de crise», confie Bertrand Lecourt, président de la chambre syndicale des hôteliers de Paris.

La bastide du XVIIIe siècle dans le Lubéron de Michel Bussac, retraité de 62 ans, affiche «complet à 90%» en juillet: «la saison est meilleure que l'an dernier», assure-t-il.

La moitié des clients de ses chambres d'hôtes sont étrangers, «dont des Australiens, Coréens et Chinois». Ils préfèrent la chambre d'hôte à l'anonymat de l'hôtel, «en raison du contact humain».

A la recherche de vacances personnalisées, d'autres touristes louent des appartements ou des villas en bord de mer. «La crise a donné un coup d'accélérateur à la location de vacances», assure Petra Friedmann, présidente de HomeAway Europe, site de locations de vacances de particulier à particulier.

«C'est une formule de vacances plus économique qui a pris son envol grâce à l'internet», explique-t-elle. «La location marche très fort en Europe, nous sommes sur une tendance de croissance supérieure à 20%, et le potentiel est énorme»