Le coup de foudre attendu à Innsbruck n'a pas eu lieu. En descendant du train, il n'y a pas un flocon de neige à l'horizon. C'est une ville des Alpes sans neige en plein hiver. Un peu triste. On se demande même un moment comment la ville a pu organiser les Jeux olympiques non pas une, mais deux fois. Il est encore tôt - mi-décembre -, mais tout de même...

On part donc à la recherche de la neige. À l'office de tourisme, les suggestions pleuvent. En autocar, en funiculaire ou en tram, on nous promet un décor tout blanc à moins de 20 minutes.

Sceptique, on prend l'option la plus près: cap sur le funiculaire qui s'élève directement du centre de la ville. On sera vite confondue.

À peine 20 minutes plus tard, nous voilà en pleine tempête de neige, avec de fortes bourrasques de vent et une visibilité d'à peine cinq mètres. C'est blanc au sol et dans les airs. L'air est glacial. Franchement, on n'en demandait pas tant!

Puis voilà que, dans la descente, le ciel commence enfin à se dégager. Les nuages se retirent en dévoilant ces Alpes qu'ils nous cachaient si bien depuis notre arrivée. Le charme commence à opérer. À gauche comme à droite, au nord, au sud, à l'est et à l'ouest, on ne voit maintenant que des sommets enneigés, des pics bien acérés à perte de vue qui donnent des fourmis dans les jambes. Un immense terrain de jeux hivernal vient de se révéler sous nos yeux. Vite, à ski!

C'est là que réside tout l'attrait d'Innsbruck: l'accessibilité exceptionnelle aux montagnes.

De tout pour tous

Chaque matin, un autocar circule d'hôtel en hôtel pour récupérer les sportifs et les emmener dans l'un des huit domaines de ski situés à moins d'une heure - la plupart à moins de 30 minutes - du centre-ville. On peut ainsi passer une semaine à Innsbruck et faire du ski alpin, du ski de fond ou de la raquette chaque jour dans un centre différent, et ce, sans jamais avoir à se soucier de changer d'hôtel. L'ado peut partir de son côté, papa de l'autre, avec ou sans maman: tout le monde se retrouvera facilement en fin de journée au même point de chute.

Quatre kilomètres à peine séparent le centre-ville d'Innsbruck d'Igls, centre où ont eu lieu, lors des Jeux olympiques de 1964 et 1976, toutes les compétitions de descente des hommes (à 2250 m d'altitude, avec un dénivelé de plus de 1000 m). Le centre est particulièrement bien entretenu, et pour cause: son propriétaire est l'un des dirigeants de la Fédération autrichienne de ski alpin et tient mordicus à ce que les pistes soient dans un parfait état pour sa descente matinale.

Vous êtes un débutant? Filez alors vers Mutters, centre moins élevé (1800 m d'altitude, 850 m de dénivelé) qui se consacre aux familles, avec des tarifs très réduits pour les enfants de moins de 15 ans.

Les skieurs les plus expérimentés, eux, n'auront même pas à prendre l'autocar: certaines des pistes réputées les plus difficiles d'Europe - avec des pentes allant jusqu'à 70%! - sont situées juste au-dessus d'Innsbruck et accessibles en funiculaire. C'est aussi là que les planchistes - amateurs et professionnels - se retrouvent jusque tard le soir sur les pistes éclairées et animées en musique.

Mais, chose certaine, vous devrez vous réserver au moins une journée pour visiter la vallée de Sellrain. Khütai, avec ses 2520 mètres d'altitude, est le domaine skiable le plus élevé d'Autriche (exception faite des glaciers) et certainement l'un des plus beaux aussi. Le centre est lové au coeur d'une vallée qui n'a rien d'oppressant, mais offre plutôt une vue très étendue sur les montagnes, une rareté dans les Alpes. Quelques hôtels, quelques restaurants et beaucoup d'écoles de ski et de boutiques d'articles de sport, mais sans le bling-bling qui va de pair avec d'autres destinations alpines comme Saint-Moritz. L'essentiel est resté l'essentiel: s'amuser dans la neige.

La vallée est d'ailleurs particulièrement réputée pour le ski hors piste. «Les pentes, c'est bien le matin, mais l'après-midi, quand le soleil commence à réchauffer un peu la neige, le nec plus ultra est de partir directement dans la montagne. On monte, on monte et on monte pour redescendre dans la neige vierge: c'est top!» tranche Klaus Unterberger, professeur de ski. Ici, toutes les boutiques offrent ces curieux skis alpins dont la palette est trouée afin de permettre l'installation des peaux de phoque essentielles pour remonter les pentes avec la seule force de ses muscles.

Photo: Violaine Ballivy, La Presse

Une ville, 25 villages

S'arrêter à Innsbruck, c'est aussi se donner la possibilité de visiter - en autocar, en voiture ou en tram - plus d'une vingtaine de charmants villages de montagne où l'on vit encore de la manière la plus traditionnelle possible. Quelques hôtels, quelques cafés, mais pas de grandes boutiques: la vie à la montagne ne sonne pas faux, ici. Elle n'est pas entretenue artificiellement pour plaire aux touristes.

Plusieurs villageois habitent encore sur des fermes joliment décorées de fines peintures religieuses. Le maïs est mis à sécher, en croix, devant les maisons. Ça sent le fumier et c'est très bien ainsi: on produit ici de délicieux fromages de montagne, à la pâte bien ferme et bien dorée, et d'excellentes viandes séchées et fumées. La frontière italienne est à moins de 40 km et les nombreux métissages s'expriment - heureusement - jusque dans les assiettes.

De retour à Innsbruck, après avoir passé la journée dans les Alpes, on a le choix entre l'opéra, les boutiques, les musées et les bons petits restaurants. Innsbruck a beaucoup plus à offrir que sa population - équivalente à celle de Sherbrooke - ne devrait le lui permettre, grâce aux 5 millions de touristes qui y transitent chaque année et à sa forte population étudiante.

Oui. Il y a tant à voir et à faire que, lorsque le train repart, contre toute attente, on se dit: «Déjà?»

Photo: Violaine Ballivy, La Presse

Bien que l'absence de neige au coeur d'Innsbruck laisse perplexe, on n'est tout de même qu'à quelques minutes des flocons et des pentes de ski.