Grande voyageuse, la biologiste Pascale Otis nous fait découvrir les secrets du Pacifique. Cette semaine, elle nous entraîne aux îles Fidji.

Les îles tropicales font souvent le rêve de plusieurs Québécois, surtout lorsque les courtes journées sombres de l'hiver nous poussent à rester dans nos maisons. Je sais, je sais... le besoin de soleil et de chaleur n'est alors qu'aggravé par le cahier voyages du journal du samedi qui montre des plages et des grands cocotiers. Mais ne m'en voulez pas trop, car c'est peut-être le temps pour vous de prendre des vacances. Des vraies vacances. C'est même possiblement l'occasion de faire quelque chose qui sort de l'ordinaire et d'oser partir vers une destination qui ne figure pas nécessairement dans les publicités les plus populaires. Pourquoi Fidji? Tout simplement pour le dépaysement, ses habitants et leur culture.

 

Fidji est un petit pays situé dans le Pacifique Sud, à environ 2000 kilomètres au nord de la Nouvelle-Zélande. Du haut des airs, par le hublot de l'avion, on découvre son paysage qui agence à merveille une multitude de teintes de bleus, de turquoises et de blancs qui donnent forme à ses 330 îles et 500 minuscules atolls, îlots et récifs. Ces attraits en font un endroit idéal pour se reposer sur une plage ou faire de la plongée en toute quiétude. Et c'est ce qui est mis en valeur dans les brochures touristiques.

Indépendance en 1970

Fidji a acquis son indépendance en 1970, après avoir été sous le règne britannique depuis 1874. On s'attendrait alors peut-être à y croiser beaucoup d'Européens, mais ce n'est pas le cas. Environ 48 % des habitants de Fidji sont de descendance mélanésienne et 46 % sont à l'origine venus de l'Inde pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Beaucoup d'Indiens travaillent encore dans les champs, mais plusieurs sont depuis deve- nus propriétaires de magasins et d'industries, et ils contrôlent maintenant une bonne partie de l'économie locale. Les autres groupes ethniques sont composés de Chinois, d'Européens, de Micronésiens et de Polynésiens.

Cette véritable soupe culturelle en a ainsi fait un endroit où la diversité est chose commune. Les currys, mets chinois, fast-foods et petits cafés sont voisins sur les mêmes coins de rue. Les magasins de vêtements présentent la même tendance, mélangeant les jeans américains et les magnifiques saris indiens dans les mêmes vitrines. Au marché, les fruits et légumes exotiques côtoient les aliments qui nous sont plus familiers. Mais c'est le rayon des épices qui vaut le détour : les habitants de descendance indienne sont derrière les comptoirs à essayer de vendre quelques grammes de jaune, d'orange ou de rouge : les currys. Saviez-vous que les currys, originaires de l'Inde et du Pakistan, sont en fait composés d'un mélange qui compte entre 2 à 20 épices, ce qui donne un goût doux, piquant ou sucré plus ou moins prononcé?

anglais, fidjiens et indiens

Aucune loi n'oblige les enfants à aller à l'école, mais la plupart y vont. L'anglais y est la langue officielle et enseignée, mais le pays connaît deux autres langues : le fidjien et l'hindi. La séparation des groupes est évidente dès le plus jeune âge, car les Fidjiens et les Indiens vont habituellement à des écoles différentes. Les tensions politiques entre les deux groupes ethniques sont d'ailleurs indéniables, ayant causé plusieurs attentats dans le passé.

À Fidji, la majorité des gens vivent très simplement. Dans la même maison, on retrouve plusieurs membres d'une même famille. On partage les tâches et la nourriture, on dort sur des tapis tressés sur le plancher, on prend soin de toute la famille. Dans les villages, un seul chef s'assure du bon fonctionnement de l'ensemble de la communauté. Ils ne connaissent pas nécessairement tout le luxe qui nous est familier, mais je n'ai jamais ressenti le moindre sentiment de pauvreté. On n'a pas besoin de grand chose pour être heureux et les Fidjiens sont toujours prêts à partager pour faire découvrir leur culture aux visiteurs.

La plupart des îles de Fidji ont été formées à la suite de bouleversements intenses du fond de l'océan. L'activité volcanique y a ainsi fait apparaître des centaines d'îles dans le Pacifique. Avec le temps, ces îles et leurs contours ont servi de substrat à de nombreuses plantes qui ont permis à diverses créatures marines et terrestres de s'y établir. Sur les sommets et dans les vallées, les forêts tropicales prolifèrent sur plus de la moitié du territoire fidjien. Les sols riches et fertiles ont aussi été mis à pro- fit avec l'agriculture, qui est principalement axée sur la canne à sucre.

La noix de coco, le bois, la bière, divers matériaux de construction, les vêtements et les cigarettes sont aussi sur la liste des produits les plus exportés. On y trouve également de l'exploitation minière, mais la véritable mine d'or se situe présentement dans l'industrie touristique qui emploie de nombreux insulaires. Les installations sont attrayantes, bien situées et une foule d'activités attendent les visiteurs.

Dans l'eau, dans les magnifiques lagons d'eaux limpides, les jardins de coraux sont l'équivalent de la richesse tropicale retrouvée sur terre. Ces récifs coralliens sont les vedettes de plusieurs îles tropicales qui font aujourd'hui le bonheur de plusieurs vacanciers et Fidji ne fait pas exception à la règle. La location d'équipement de plongée est facile et c'est tout aussi agréable si vous préférez explorer en apnée tout près des plages. Mon coup de coeur : une plongée avec deux rorquals à bosse dans les eaux chaudes et claires d'un lagon. Ces mégaptères d'une vingtaine de mètres de longueur fréquentent les eaux chaudes de plusieurs îles tropicales pendant la mise bas et la saison d'accouplement, entre juin et novembre.

Ni trop chaud, ni trop froid

Le climat de Fidji est très confortable. Ni trop chaud, ni trop frais. Les températures oscillent normalement entre 16 et 32 °C, et il est facile d'éviter les pluies tropicales qui sont courantes entre novembre et avril en voyageant d'une île montagneuse et pluvieuse à une autre où le soleil brille sans relâche. Il est donc possible de passer quelques jours à parcourir les riches forêts tropicales humides et de se rafraîchir dans les sources d'eau qui coulent des montagnes. Puis, de filer vers les plages ensoleillées où il faut se laisser tenter par une plongée parmi les poissons multicolores, un cours de voile ou un massage. Les hôtels sont parfaitement bien organisés pour vous garder occupés... ou pour vous laisser simplement apprécier le moment en toute tranquillité. Avis aux parents : plusieurs endroits offrent aussi des services de garderie pour les enfants, pour que vous profitiez vraiment de vos vacances en famille.

le kava

Si vous préférez sortir un peu et découvrir la véritable culture fidjienne, il suffit d'aller marcher au centre-ville ou de visiter l'un des nombreux villages. Suva, situé sur la plus grande des îles, est la capitale et la plus peuplée des villes du pays. Partout ailleurs, le centre d'activité repose sur de petites villes et des villages isolés où l'accueil des habitants est tout simplement extraordinaire. En s'y aventurant, on comprend vite l'importance des traditions, tout spécialement celle de boire du kava. Le kava est le nom de la boisson qui est produite à partir de deux plantes qui sont étroitement apparentées au poivre qui pousse en Australie et dans les îles du Pacifique Sud. Leurs racines sont récoltées et broyées, puis on en extrait un jus qui est bu pendant des cérémonies. Au marché, le prix des racines varie selon l'endroit où elles ont été récoltées. On m'explique que certaines îles produisent des plantes dont les racines ont des propriétés plus fortes que d'autres. L'effet recherché ? Une légère sensation d'analgésie locale au niveau des lèvres et de la bouche. C'est un peu ce qui se produirait, j'imagine, si on se mettait à infuser du poivre au lieu de son thé à la pause du matin. Je vous avoue franchement que la couleur, la texture et le goût m'ont donné l'impression de boire de l'eau boueuse. Je retourne donc sans regret à mon petit thé vert, mais l'expérience en valait bien la peine.

Pour le charme de ses habitants, la beauté de ses îles et le sentiment d'avoir découvert un petit coin de paradis, Fidji vaut réellement la peine d'être votre prochaine destination vacances.

Pour suivre les aventures de Pascale Otis : www.defiquebecmonde.com

Repères

Langue officielle : anglais

Superficie : 18 274 km2 qui englobent 330 îles et 500 minuscules atolls, îlots et récifs

Histoire : en 1643, Abel Tasman est le premier européen à explorer les îles, suivi par le capitaine James Cook en 1774. Ce n'est que dans les années 1800 que des Européens viennent s'y établir. L'accueil des Fidjiens est alors réputé comme étant très chaleureux... ou particulièrement dangereux. Car le cannibalisme était une pratique courante jusqu'à tout récemment.

Transport et déplacements sur les grandes îles : très facile par autobus ou taxi

Déplacements entre les principales îles : excellent service de traversiers

Coût de la vie : moins élevé qu'au Canada

Meilleurs achats à y faire : vêtements et pièces d'artisanat fabriqués localement

Ne vous étonnez pas d'y croiser des hommes en jupe : c'est la tradition...