Depuis des mois, les enfants rapportaient des livres de la bibliothèque sur les volcans. Le magma, ils connaissent! C'est donc avec excitation qu'ils anticipaient notre voyage à Big Island, où trône le volcan Kilauea.

Mais voilà que fin juin, quelques jours avant notre départ, le Kilauea se met à tousser. Les gardes du parc national s'énervent. Les scientifiques s'inquiètent de l'exposition de la population à des fumées toxiques. Des sections du Volcano National Park sont fermées.

La situation se calme juste avant notre arrivée. Pas de danger, d'autant plus que nous avons loué une maison de l'autre côté de l'île, à Kona, qui se trouve à deux heures de route du volcan.

Nous mettons le cap vers le Kilauea par un matin ensoleillé. Le mercure avait beau frôler les 25 degrés à Kona, il ne fait plus que 10 degrés à l'entrée du parc national. Et il pleut.

On s'approche du volcan, mais tout ce qu'on arrive à voir, c'est un lointain filet de fumée. La route d'où on peut normalement voir la lave est fermée. Trop dangereux.

Oh, la déception!

Nos garçons, âgés de 6 et 4 ans, se demandent bien ce que l'on trouve à ce parc. Même les trous de vapeur - l'eau qui entre en contact avec la lave ressort par des crevasses en plusieurs endroits près du volcan - les laissent plutôt froids.

Devant notre questionnement insistant, un garde du parc nous indique à demi-mot que des touristes s'approchent d'une coulée de lave au bout d'une route détruite par le volcan au début des années 2000. La nuit tombée, on peut voir la lave éclabousser la mer.

Moins d'une heure plus tard, nous voilà au bout de la route 130, tout près de l'océan. Une centaine de voitures sont déjà garées. Un marchand vend des lampes de poche dans un abri de fortune. Derrière lui, un panneau du gouvernement américain présente un «À vos risques et périls» peu convaincant.

Plus nous progressons vers le bord de l'eau, plus les panneaux d'avertissements sont artisanaux. Nous marchons sur un sol de lave durcie si hasardeux que nous prenons nos enfants dans nos bras.

Une fois au bout, à environ 400 mètres de la coulée, le spectacle est saisissant. Du combat entre la lave et l'eau surgit, comme d'un geyser, un feu orangé. La foule ne brise le silence que pour lancer des «oh!» et des «ah!» admiratifs. Nous sommes soufflés. Et nous maudissons notre appareil photo de mauvaise qualité.

Enthousiaste, j'offre à notre fils aîné une visite aérienne du volcan en hélicoptère dès le lendemain matin. En survolant le cratère fumant, le pilote nous raconte comment, au cours des dernières années, il a sauvé des dizaines de personnes menacées par une soudaine montée de lave à la surface de la terre. À maintes reprises, il nous répète combien le magma est insidieux.

Inconscience

Puis, au-dessus de l'endroit où nous nous trouvions la veille, près de la mer, il s'exclame: «Imaginez! Il y a des centaines de touristes qui vont là, chaque soir, pour voir le volcan dans la nuit. Que c'est inconscient! La lave peut surgir à la surface à tout moment. Il y a deux ans, ici, c'était une route, et là il ne reste plus rien! Les autorités songent à fermer ce site.»

Et il insiste. «Complètement insensé. Je me demande pourquoi les autorités attendent encore. Il y a des enfants qui vont là!»

«Euh. Yes. Euh. I am not sure I understand. I am sorry. I don't really speak english well», lui mentis-je, des images de ma famille en barbecue dans la tête.

Mais qu'elles sont belles, ces roches volcaniques que nous avons ramenées! Encore heureuse de les avoir cueillies avant ce tour d'hélicoptère. En toute innocence.