L'allée centrale croule sous les roses et les delphiniums, et on aperçoit au loin un petit pont au-dessus de nymphéas: dans le Bronx, à New York, une exposition recrée pour cinq mois le jardin de Monet, presque aussi vrai qu'à Giverny.

L'exposition du jardin botanique de New York a déjà attiré depuis son ouverture le 19 mai plus de 100 000 visiteurs. Rien n'y manque, ni les arceaux de l'allée centrale, ni le portail de fer qui semble vieilli par le temps. L'exposition dure jusqu'au 21 octobre, et les plantes varieront en fonction des saisons.

Au début de la promenade, à l'intérieur des grandes serres victoriennes du jardin, le visiteur est accueilli par une reproduction de la façade de la maison de Giverny, avec les mêmes persiennes vertes qu'en Normandie (nord-ouest de la France).

Une vigne grimpe le long du portail. Et dans l'allée centrale, les amateurs découvrent un foisonnement de roses, oeillets de poètes, delphiniums et iris, autant de fleurs immortalisées dans les toiles du peintre impressionniste (1840-1926), un passionné de jardins qu'il construisait comme des oeuvres d'art.

Un peu plus loin, le jardin d'eau a également été reconstitué - en plus petit - avec pont japonais, bambous et saules pleureurs.

«Le jardin était une constante dans sa vie», explique le professeur Paul Hayes Tucker, auteur de cinq livres et quatre expositions sur Monet, et conservateur de celle du jardin botanique.

«À la fin du siècle, il était fabuleusement riche» et a consacré à ses jardins de Giverny, débordant de couleurs, beaucoup de temps et d'argent, souligne-t-il.

Dans le cadre de l'exposition, les visiteurs peuvent également admirer en extérieur un bassin où s'épanouissent de nombreuses variétés de nénuphars, fleurs favorites de Monet, que l'on retrouve dans ses toiles des «Nymphéas».

À l'intérieur de l'impressionnante bibliothèque du jardin, deux toiles du maître sont exposées, dont l'une, Iris, d'un collectionneur privé suisse, n'avait jamais été montrée aux États-Unis. La dernière palette de Monet est là aussi, prêtée par le musée Marmottan à Paris.

De nombreux documents sont par ailleurs exposés, dont des photos de son jardin au fil des saisons, ses listes de commandes de plantes, ses reçus, des lettres...

On retrouve également des photos de l'artiste à Giverny, avec sa longue barbe et son chapeau de paille.

«Préparer l'exposition a pris à peu près trois ans», indique à l'AFP Karen Daubmann, directrice des expositions au jardin botanique.

Ses concepteurs ont notamment travaillé avec la Fondation Monet à Giverny et avec les archives départementales de l'Eure, département où se situe la propriété.

À l'exception des grosses pièces (saule pleureur, érable japonais) la plupart des plantes et fleurs, à la palette de couleurs soigneusement étudiée, ont été plantées à l'état de graine, au jardin botanique.

Pour les nénuphars, Karen Daubmann a passé commande auprès des pépinières françaises Latour-Marliac, où se fournissait Monet au siècle dernier.

«Les fleurs changent presque tous les jours», dit-elle. «Nous voulons que ce soit parfait pour les visiteurs, donc nous changeons les plantes sans arrêt. Tous les matins il faut enlever quelque chose, rajouter quelque chose d'autre».

Au total, quelque 150 variétés de plantes annuelles et persistantes seront représentées, qui toutes avaient un jour été utilisées par le maître impressionniste.