Si la vue d'un trop grand nombre de touristes sur le parvis du Louvre vous fait peur, Paris l'hiver est peut-être pour vous. Et les prix sont moins élevés. Voici cinq bonnes raisons de partir, à condition d'être prêt à composer avec le ciel gris de l'hiver européen.

IL Y A MOINS DE MONDE

Ce doit être à cause de la crêpe au Nutella que je mangeais en marchant entre le boulevard Montmartre et mon hôtel de la rue Trévise. J'ai perdu mon chemin.

 

En levant la tête pour essayer de voir où je me trouve, j'entrevois l'affiche des Folies bergères, haut lieu des french cancans et autres spectacles que les hommes vont voir pour admirer le raffinement des dentelles...

Ces temps-ci, c'est la comédie musicale Zorro qu'on y joue, sur des airs des Gipsy Kings. Rien à voir avec les froufrous.

Deux surprises: primo, la critique est très bonne; secundo, il reste des billets. Me voilà donc, à trois heures d'avis, dans une corbeille des Folies bergères à taper des mains sur ce «grand classique» qu'est Djobi Djoba.

C'est un des avantages de Paris quand les touristes sont moins nombreux: on peut se décider à la dernière minute et espérer avoir une place.

Idem pour les restos, ceux que j'ai fréquentés à tout le moins.

Et puis, c'est sans parler des hauts lieux touristiques comme le Louvre ou le Sacré-Coeur. On peut s'y rendre sans se sentir bousculé, sans avoir l'impression que la planète entière a voulu prendre la même photo, au même moment.

C'EST MOINS CHAUD

Ceux qui craignent la chaleur accablante de l'été parisien n'auront pas de soucis entre décembre et février: les températures maximales moyennes oscillent entre sept et huit degrés Celsius à Paris. Elles remontent à 12 degrés dès mars.

En clair, ça prendune écharpe et une bonne petite laine. De préférence, elles seront grises ou noires, si vous voulez vous mêler au décor. Car les résidants de la Ville lumière ne sont pas trop portés sur les couleurs éclatantes.

En plus, il y a le ciel qui peut être gris longtemps pendant l'hiver européen. Pour les photos, l'éclairage n'est donc pas génial. Outre le fait que vous ne souffrirez pas d'insolation, il y a un autre avantage à ce temps frisquet: vous pouvez vous laisser aller à manger confits de canard et autre soupes à l'oignon bien lourdes. Exit la salade estivale!

C'EST MOINS CHER

Les touristes étant moins nombreux, les prix doivent descendre. De combien? Difficile de le calculer exactement. Même un journaliste de la section Affaires y perd un peu son boulier!

Un exemple: pour la semaine du 18 janvier, un aller-retour sur Air Transat coûte 599$, selon le site Expédia. Pour la même date, c'est 813$ sur Air Canada. Dans la semaine du 15 juin, il faut ajouter 150$ au prix de Transat et un peu plus de 300$ à celui d'Air Canada.

Évidemment, ces prix de l'été pourront varier selon la demande. Si une épidémie de grippe frappe Paris en mai, les prix vont descendre. Si, au contraire, la demande est forte, ils risquent de monter. Sur place, comme les hôtels ont encore des chambres disponibles, c'est aussi possible de négocier, mais pas trop.

Enfin, pour ceux qui cherchent vraiment les soldes, c'est du 6 janvier au 10 février qu'a lieu l'événement Soldes by Paris.

Entre-temps et ça ne coûte rien j'ai sans doute trouvé l'origine de l'expression lèchevitrine en déambulant entre le Printemps et les Galeries Lafayette. Il faut voir les petits enfants (et leurs parents) admirer les oeuvres des deux grands magasins. «Le Printemps, c'est plus original que Les Galeries», juge ma voisine de derrière.

POUR VOIR LES COUSINS

J'ai eu la même impression l'automne dernier: il me semble que le serveur français qui prenait un plaisir certain à être désagréable avec les clients est de plus en plus rare.

J'en ai même trouvé deux qui étaient capables de comprendre que je voulais du beurre avec mon pain. Et sans que j'aie à sortir mon faux accent parigot.

PARCE QUE PARIS RESTE PARIS*

À mon premier voyage à Paris il y a un peu plus de 15 ans, j'ai arpenté les Champs-Élysées et le jardin du Luxembourg en fredonnant du Joe Dassin. Cet automne, c'est en pensant à Grand Corps Malade que je me suis rendu à Saint-Denis, «une grande dame que j'connais depuis tout petit», comme il le chante si bien.

Saint-Denis, c'est d'abord sa basilique, où sont enterrés 42 rois et 32 reines. Une des abbayes les plus puissantes du Moyen Âge, Saint-Denis a attiré les pèlerins de partout dans le monde.

Aujourd'hui, sous ses allures de mignon petit village français, Saint-Denis est une banlieue multiculturelle de la métropole, celle où les jeunes en arrachent. Une situation qui continue d'inspirer Grand Corps Malade.

Parmi les autres «nouveautés» que j'ai découvertes, il y a le Village Saint-Paul, dans le Marais, une série de cinq vieilles cours calmes, regroupées sous le slogan «De l'antiquité au design».

Le nouveau Musée du quai Branly, signé par l'architecte Jean Nouvel, retient aussi l'attention, ne serait-ce qu'en raison de son mur végétal extérieur. Pour l'intérieur, je me suis fait avoir, il est fermé le lundi. Situé pas très loin de la tour Eiffel. Et puis, il y a tous les autres classiques Dassin . «Aux Champs-Élysées, aux ChampsÉlysées. Au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit...»

 

UNE ADRESSE OU DEUX

ANGELINA 226, rue de Rivoli

C'est divin, voire cochon. Essayez leur petit pichet de chocolat chaud avec, spécialité de la maison, un gâteau Mont Blanc à la pâte de marrons.

Même en décembre, on doit faire la queue pour y entrer, ce qui explique sans doute les prix élevés: 6,90 euros (plus de 10$) pour chacun des éléments mentionnés.

ROBERTA 136, rue de Rennes

On ne ferait pas un détour pour y aller compte tenu de ce décor de cafétéria, mais si vous êtes à la FNAC Montparnasse, descendez au sous-sol où se trouve ce «bar à mozzarella». La serveuse vous indiquera même dans quel ordre manger les différents fromages pour saisir toutes les subtilités de l'un et de l'autre. À manger avec roquette et jambon de Parme.

Mon assiette (au poids): 9,30 euros.

JULIEN 16, rue du Faubourg Saint-Denis

Je connaissais La Coupole, mais pas Julien, qui fait partie du même groupe. Ambiance similaire de grande brasserie française au décor fait de verres et de grandes peintures. Ici, depuis l'été, l'addition a été réduite de 11,8% en raison de la baisse de la taxe de vente dans les restos. Tous n'ont pas suivi la consigne. On prendra donc un verre de rouge de plus à leur santé!

Entrée et plat: 23 euros

CHEZ JEANETTE 47, rue du Faubourg Saint-Denis

Dans le même secteur, mais plus jeune que Julien. Plus bohème aussi. Musique et verre de vin pas trop cher. Plein de monde quand j'y suis allé un lundi soir. Cool. Plats autour de 14 euros.

 

1$ = 0,64 euro env.

Si le dollar canadien a pris un peu moins de 20% en un an par rapport au dollar américain, il est demeuré à peu près stable face à l'euro. Chaque euro vous coûtera donc plus de 1,50$. Pour les économies, il faudra repasser.

La météo

Il faut s'attendre à du temps gris l'hiver en Europe. À Paris comme tel, les températures maximales moyennes oscillent entre sept et huit degrés Celsius. En mars, elles remontent à 12º C.

Des vols en quantité

Le corridor aérien de quelque 5700 km qui sépare Montréal de Paris est occupé. Même l'hiver, pas moins de 25 vols par semaine relient les deux villes : Air France décolle deux fois par jour de Montréal, Air Canada a son vol quotidien et Air Transat se rend à Paris quatre fois par semaine.

 

Suggestions pour défoncer l'année

Si Depeche Mode et la musique des années 80 vous branchent, Génération 80-90 vous convie au Sens et au Neo (les deux boîtes communiquent).

23, rue de Ponthieu (60 euros en prévente).

Le Régine's Club, lui, offre un «réveillon chic et raffiné en mode bal masqué», comme le veut la promo.

49/51, rue de Ponthieu (70 euros en prévente).

Enfin, si la vie parisienne éveille en vous votre côté séducteur, Opération Séduction réunira plein de célibataires au Showcase.

Sous le pont Alexandre III (métro Invalides). (65 euros en prévente).

 

 

* À noter que certains trouvent que Paris n'est plus ce qu'elle était, surtout la nuit; qu'elle est devenue un peu mémère comparativement à des villes comme Berlin, Londres ou Barcelone. Le maire a récemment lancé le site Parisbynight.fr, qui se veut un guide des activités nocturnes... et qui tente de rappeler au monde que Paris vit aussi la nuit! Les tenanciers de bars, aux prises avec une réglementation qu'ils jugent trop lourde, en doutent. Les frais de transport Montréal-Paris ont été payés par Air Transat.